Les députés britanniques se prononcent jeudi sur un report du Brexit, la Première ministre Theresa May leur promettant qu’il sera court s’ils adoptent l’accord de retrait qu’elle a négocié avec l’Union européenne et qu’ils ont déjà retoqué deux fois.
A quinze jours de la date théorique du divorce le 29 mars, la motion gouvernementale sera débattue à la Chambre des communes, proposant un court report du Brexit jusqu’au 30 juin, si les députés approuvent l’accord de retrait d’ici le 20 mars. Si l’accord est recalé à nouveau, la motion précise que le report devra aller au-delà du 30 juin et impliquera que le pays organise des élections pour le parlement européen fin mai.
« Une courte extension technique ne sera offerte que si nous avons un accord en place », a averti mercredi soir Mme May, tentant d’unifier des députés incapables jusqu’à présent de dégager une majorité sur la voie à suivre avec le Brexit. La dirigeante conservatrice a répété sa volonté de mettre enfin en oeuvre le résultat du référendum de juin 2016, qui a vu les Britanniques choisir à 52% de quitter l’Union européenne après 46 ans d’un mariage sans amour.
Malgré les échecs cuisants qu’elle n’a cessé d’essuyer ces derniers mois, elle espère parvenir à ses fins en ralliant notamment les eurosceptiques de son propre parti conservateur, face à la perspective que le Brexit finisse par ne jamais se produire s’ils ne soutiennent pas son accord de retrait de ‘lUE.
La partie est loin d’être gagnée pour la Première ministre, dont la voix et l’autorité sont apparues brisées mercredi soir lorsque des députés conservateurs, y compris des membres de son gouvernement, ont défié ses consignes de vote lors d’une session houleuse. La Chambre des Communes a finalement rejeté l’option d’une sortie sans accord « quelles que soient les circonstances ».
Le vote des députés n’est cependant pas contraignant et Theresa May leur a répété que s’ils ne soutenaient pas l’accord de retrait, le Brexit risquait d’être remis aux calendes grecques. Cet « ultimatum », comme l’a qualifié le quotidien des affaires Financial Times, faisait la Une des journaux britanniques jeudi. « Le chaos règne », décrivait le Daily Mail.
Mais pour l’ancien conseiller de Theresa May, Nick Timothy « son accord est mort ». « Et le pays se dirige vers un Brexit plus doux – ou pire, pas de Brexit du tout », a-t-il estimé dans le quotidien eurosceptique Daily Telegraph. De leur côté, les travaillistes ont déposé un amendement prévoyant que Mme May demande aux dirigeants de l’UE, réunis en sommet les 21 et 22 mars, un report du Brexit pour éviter une sortie sans accord et « donner au Parlement le temps de trouver la majorité pour une approche différente ».
Le vote de jeudi est le troisième épisode parlementaire d’une semaine cruciale pour le pays qui ne parvient pas, près de trois ans après avoir choisi le Brexit, à se mettre d’accord sur les conditions de ce départ. L’UE a souligné qu’une demande de report devait être justifiée et acceptée à l’unanimité par les 27 pays de l’UE.
« Si un délai additionnel était demandé, il faudrait alors qu’on nous explique pour quoi faire. Ce ne peut être pour renégocier un accord que nous avons négocié durant de nombreux mois et dont nous avons dit qu’il n’était pas renégociable », a déclaré mercredi le président français Emmanuel Macron. « La négociation, elle est terminée », a réaffirmé le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit Michel Barnier. « Le Royaume-Uni doit nous dire ce qu’il veut pour notre relation future », a-t-il ajouté.
Ces propos s’apparentent à un appel du pied pour que « les Britanniques changent leur modèle de Brexit », selon Eric Maurice, de la Fondation Robert Schuman à Bruxelles. Ils pourraient ainsi opter pour « un Brexit doux, inspiré du modèle norvégien », la Norvècge ayant accès au marché unique, au lieu de vouloir sortir de ce marché, ou qu’ils se dirigent vers « une annulation du Brexit », a-t-il dit.
D.C avec AFP
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