Les deux Corées ont ouvert vendredi un bureau de liaison conjoint dans la localité nord-coréenne de Kaesong, nouveau signe de rapprochement en amont de la visite la semaine prochaine à Pyongyang du président sud-coréen Moon Jae-in.
« Un nouveau chapitre de l’histoire s’ouvre ici aujourd’hui », a déclaré le ministre sud-coréen de l’Unification Cho Myoung-gyon lors de la cérémonie d’ouverture, selon des informations fournies par un pool de journalistes.
« Ce bureau de liaison est un nouveau symbole de paix créé conjointement par le Sud et le Nord ».
Le chef de la délégation de la Corée du Nord dotée de l’arme nucléaire, Ri Son Gwon, a renchéri, qualifiant l’endroit « de fruit substantiel nourri par le peuple du Nord et du Sud ».
Depuis la fin avril et le premier sommet intercoréen de Panmunjom, village de la Zone démilitarisée (DMZ) qui divise la péninsule, les deux pays cherchent à multiplier les projets conjoints dans de nombreux domaines. Et ce alors que les efforts américains pour obtenir des progrès tangibles vers la dénucléarisation du Nord patinent.
M. Moon est attendu à Pyongyang mardi pour le troisième sommet intercoréen, un voyage qui durera trois jours. Sa première rencontre avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un de même que les principaux événements seront diffusés en direct par la télévision, selon la présidence sud-coréen.
La politique américaine porte ses fruits
Le président sud-coréen s’est fait le chef d’orchestre cette dernière année d’un dégel remarquable sur la péninsule, permettant une rencontre historique en juin à Singapour entre M. Kim et le président américain Donald Trump.
Là, le Nord-Coréen s’est engagé en faveur de la « dénucléarisation de la péninsule », un euphémisme sujet à toutes les interprétations. Les deux parties s’écharpent depuis sur la signification exacte de cet engagement.
Le Nord a « la volonté de mener sa dénucléarisation » et les États-Unis sont prêts à tourner la page des relations hostiles et fournir des garanties de sécurité, a estimé jeudi M. Moon.
« Mais il y a des blocages car chaque camp demande à l’autre d’agir en premier », a-t-il reconnu.
Le mois dernier, M. Trump a subitement annulé une visite à Pyongyang de son secrétaire d’État Mike Pompeo. Le Nord s’est élevé contre la demande américaine qui inclut un désarmement unilatéral sans faire de concession à chaque étape et sans alléger la pression ni les sanctions.
Un défilé sans missile
Mais depuis, M. Kim a envoyé à M. Trump une lettre pour lui demander un nouveau sommet. Il a organisé un défilé militaire pour le 70ème anniversaire de la Corée du Nord dans lequel les missiles balistiques intercontinentaux ont brillé par leur absence, ce qui lui a valu des tweets chaleureux de la part du locataire de la Maison Blanche et a soulevé les espoirs de progrès.
Le bureau de liaison se trouve dans une ville qui faisait partie jadis de la Corée du Sud, quand Moscou et Washington avaient divisé la péninsule dans les derniers jours de la Seconde guerre mondiale. Mais après la guerre de Corée (1950-53), qui s’est achevée sur un armistice et non un traité de paix, Kaesong s’est retrouvée du côté nord-coréen de la DMZ.
Le bâtiment de quatre étages comprend des bureaux séparés pour le Nord et le Sud ainsi qu’une salle de conférence commune. Selon Séoul, ce « canal de consultation et de communications » sera ouvert 24 heures sur 24, toute l’année.
Il est destiné à faciliter les échanges transfrontaliers, améliorer les relations entre le Nord et les États-Unis, et apaiser les tensions militaires.
Une vingtaine de représentants de chaque pays y travailleront. Certaines voix se sont cependant demandé si les marchandises nécessaires à le mettre en place ne constituent pas une violation des multiples sanctions infligées au Nord en raison de ses ambitions nucléaires et balistiques.
Une centaine personnes ont assisté à l’inauguration, dont des hommes d’affaires sud-coréens qui dirigeaient jadis les entreprises de la zone industrielle conjointe de Kaesong désormais fermée.
Cette zone, où environ 53.000 employés nord-coréens travaillaient pour 120 entreprises sud-coréennes à la fabrication de produits divers comme des montres ou des vêtements, avait ouvert en 2004, saluée à l’époque comme le symbole de la coopération.
La zone avait été fermée en 2016 par l’ancienne présidente conservatrice Park Geun-hye, peu après le quatrième essai nucléaire nord-coréen.
RB avec AFP
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