En classes préparatoires, les professeurs s’inquiètent de la baisse brutale du niveau en mathématiques, tout autant que les élèves qui doivent redoubler d’efforts pour atteindre le niveau requis par les concours. La baisse du niveau s’explique en partie par la réforme des lycées mise en place par l’ancien ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer.
En ce début d’année scolaire, un professeur de mathématiques en classe prépa scientifique a confié son inquiétude à un journaliste du Figaro Étudiant : «En prépa, on retrouve des élèves qui ne savent pas calculer, incapables de résoudre une équation d’un niveau 5e ou 4e». L’explication de ce recul des savoirs et savoir-faire en prépa réside en partie dans la réforme des lycées.
La réforme du lycée en cause
Depuis la rentrée 2021, les spécialités traditionnelles L, ES et S ont laissé place à des spécialités à la carte autour d’un tronc commun, dans lequel ne figurent plus les mathématiques. La place de cette discipline a en fait fluctué au fil du temps, analyse L’étudiant. Obligatoires jusqu’en 2018, elles ont été retirées en 2019 avant de devenir optionnelles en 2022. Désormais, les lycéens peuvent choisir la spécialité mathématiques de trois heures, à laquelle ils peuvent ajouter une option complémentaire de trois autres heures ou une option plus experte de six heures. Si la spécialité mathématiques est la plus choisie en première et en terminale générales, elle est aussi la plus abandonnée entre les deux années.
D’après une note de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp), la réforme du lycée a fait chuter le nombre d’heures de mathématiques d’environ 18 % entre 2018 et 2020, soit 33 500 heures en moins.
En mai dernier, face aux critiques, l’ancien ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, avait annoncé son retour obligatoire pour tous à la rentrée 2022, mais le calendrier était évidemment trop serré. Le ministre actuel, Pap Ndiaye, ne s’est pas encore prononcé définitivement sur la question.
De grands écarts de niveau en classe prépa
Toujours est-il que dans les classes prépa, que ce soit du côté des enseignants ou des étudiants, l’angoisse se fait sentir et le fossé est grand entre les élèves ayant « suivi la spécialité maths complémentaires et ceux qui ont choisi les maths expertes », a expliqué au Figaro Alain Joyeux, président de l’association des professeurs en prépa HEC (APHEC). Un écart de niveau qui trouve également son explication dans la surnotation des élèves de terminales par des professeurs qui veulent satisfaire Parcoursup, explique une enseignante en prépa ECG du lycée des Chartreux de Lyon, avant de renchérir : « Si on voulait détruire les maths, on ne s’y prendrait pas autrement. »
En outre, la réforme du bac a aussi entraîné la réforme des classes prépa HEC permettant d’entrer en école de commerce. Les deux séries à option économique et scientifique n’existent plus et ont fusionné en une seule prépa ECG (économique commerciale générale), dans laquelle les niveaux de mathématiques sont hétérogènes suivant les choix de spécialités des élèves avant le bac.
On ne baisse pas les bras pour autant
Les étudiants, de leur côté, semblent conscients de leurs lacunes et, déjà rodés par deux années de pandémie, ils ne rechignent pas à mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard. La même lueur d’optimisme brille également du coté des enseignants qui ne jettent pas l’éponge, à l’image de Denis Choimet, professeur de mathématiques dans une prépa MP (maths-physique) au lycée du Parc, à Lyon, qui précise : «On fixe des heures dans l’emploi du temps pour reprendre les bases, qui auraient dû être acquises au collège et consolidées au lycée», avant de conclure : «Le retard accumulé par ces jeunes bacheliers ne se rattrape pas du jour au lendemain, mais la prépa et la perspective des concours poussent les élèves à travailler, à progresser et à se dépasser systématiquement».
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