Refonte de l’offre commerciale, développement des services express métropolitains, mise en accessibilité des gares : les quelques 3000 gares françaises doivent se transformer pour répondre aux défis du futur et à la place croissante du ferroviaire dans les mobilités, avec un modèle de financement parfois difficile à trouver.
Rien que pour l’année 2023, la société Gares et Connexions qui s’occupe des gares au sein du groupe SNCF, chapeaute 500 projets de maintenance et de régénération de ses 10 millions de mètres carrés de foncier. « Nous sommes dans une transformation à grande vitesse, accélérée par la place qu’a pris le train », a insisté Marlène Dolveck, directrice générale de Gares et Connexions, lors d’un séminaire ouvert à la presse et organisé à Lyon. Les chantiers sont nombreux, variés et parfois colossaux. Parmi les plus visibles pour les voyageurs – et aussi parfois nuisibles – les grands travaux de rénovation occupent une place centrale.
La rénovation de la Gare de Lyon à Paris – une des deux gares classées aux monuments historiques avec celle de Limoges – fait partie des projets emblématiques. Au programme : une réhabilitation de la verrière du grand hall voyageur (2027-2032) et une refonte totale des accès côté Seine avec la création de nombreux commerces (2025-2028). Coût du projet : 300 millions d’euros.
À Lyon, la gare de Lyon-Part Dieu construite en 1983, aujourd’hui la plus fréquentée de France en dehors de Paris, est largement sous-dimensionnée. Elle est devenue une gare « saturée, inconfortable, voir même légèrement anxiogène », a détaillé Frédéric Longchamp, directeur du projet de transformation. Les travaux y ont débuté en 2017 mais vont s’étaler en plusieurs étapes jusqu’en 2030 pour l’agrandir, entièrement refaçonner le parvis et optimiser les flux de circulation.
1,6 milliard d’euros de chiffre d’affaire en 2022 pour les commerces
Là encore, ces grands travaux – 213 millions d’euros – sont l’occasion d’offrir des emplacements flambants neufs aux boutiques de plus en plus raffinées qui choisissent de s’implanter en gare. Car avec 1,6 milliard d’euros de chiffre d’affaire en 2022, l’activité commerce se porte bien et la croissance du secteur semble assurée grâce à l’augmentation des flux de voyageurs. Commerces de bouche haut de gamme et restaurants « grandes cartes » côtoient de plus en plus les traditionnels Relay et autres Brioche Dorée dans des espaces sophistiqués.
Il s’agit de répondre à une demande des clients, affirme Marlène Dolveck. Mais c’est aussi une des seules sources de revenus pour l’entreprise – avec les péages réglés par les transporteurs. La redevance acquittée par les commerces est en partie indexée sur leur chiffre d’affaire. En 2022, la manne a rapporté 250 millions d’euros. Et l’entreprise cherche encore à développer cet axe alors qu’elle investit un milliard d’euros par an dans divers travaux et que ses comptes doivent être à l’équilibre en 2026.
Une promesse des 100 milliards d’euros d’ici 2040
D’autant que les objectifs fixés par les pouvoirs publics sont ambitieux. La mise en accessibilité de 710 gares d’ici 2025 ne sera pas atteinte, mais 82% d’entre elles seront équipées à temps. Et pour les JO, les 67 gares concernées seront au rendez-vous. Rien que pour l’Île-de-France, ce chantier aura coûté deux milliards d’euros. D’autres projets pharaoniques attendent la filiale de SNCF Réseau comme l’adaptation aux services express régionaux métropolitains (SERM) annoncés par Emmanuel Macron et qui devraient concerner 600 gares post 2030, selon Marlène Dolveck.
Rien que sur la Ligne Nouvelle Provence Cote d’Azur (LNPCA) entre Marseille et Nice où des TER circuleront de manière cadencée pour relier les deux villes plus rapidement que les 2h45 actuelles, sept gares nouvelles doivent sortir de terre d’ici 2030-2035. Parmi elles, la nouvelle gare souterraine de Marseille-Saint-Charles où les ingénieurs prévoient de creuser « l’équivalent de deux tours Montparnasse couchées », selon le directeur du programme, Stéphane Cougnon.
Dans ce contexte, la promesse des 100 milliards d’euros pour le ferroviaire d’ici 2040 formulée fin février par Élisabeth Borne est la bienvenue. Du moins si elle se traduit par quelques subsides pour les gares alors que le réseau a été érigé en priorité numéro un du plan.
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