EUROPE

Les importations européennes de gaz liquéfié russe ont monté en flèche malgré les sanctions

Une analyse montre que les importations de gaz naturel liquéfié russe vers l'Union européenne ont augmenté de 19,3 % entre 2023 et 2024
janvier 29, 2025 17:17, Last Updated: janvier 29, 2025 17:27
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La demande européenne en gaz naturel liquéfié (GNL) russe atteint un niveau record en dépit des sanctions radicales prises à l’encontre de Moscou en raison de la guerre en Ukraine, selon un nouveau rapport publié par des organisations de défense de l’environnement.

Une analyse intitulée A Bumper Year for Russian LNG Exports to the EU – Abetted by Germany (Une année record pour les exportations russes de GNL vers l’UE – encouragées par l’Allemagne) et réalisée par plusieurs organisations environnementales – Deutsche Umwelthilfe (DUH, Allemagne), Urgewald (Allemagne), Razom We Stand (Ukraine) et Bond Beter Leefmilieu (Belgique) – montre que les importations de GNL russe vers l’Union européenne (UE) ont augmenté de 19,3 % entre 2023 et 2024.

Ces organisations ont également déclaré que le gaz exporté avec le soutien du Kremlin représentait jusqu’à 9,2 % des importations totales de gaz en Allemagne en 2023.

La Belgique, l’Espagne et la France reçoivent des cargaisons de GNL russe qu’elles réexportent ensuite vers d’autres pays, indique le rapport. Ceci rend difficile la traçabilité de l’origine du gaz et permet à l’Allemagne d’importer du GNL russe malgré l’interdiction à ses ports de recevoir des cargaisons de GNL en provenance de Russie.

Le gaz transporté depuis les ports belges, par exemple, est souvent étiqueté comme gaz belge dans les bases de données officielles allemandes, bien que la Belgique elle-même ne dispose pas d’installations de production de gaz.

La Belgique, la France et l’Espagne ont déclaré que très peu du gaz arrivant dans leurs pays était utilisé au niveau national et que la plus grande partie était acheminée vers d’autres pays de l’UE.

Le rapport critique en particulier la société publique énergétique allemande SEFE, indiquant qu’elle a effectué 58 livraisons d’un volume total de 4,1 millions de tonnes de GNL russe par le port de Dunkerque, en France, l’année dernière.

Ce chiffre est à comparer aux 12 cargaisons d’un volume total de 880.000 tonnes en 2023, ce qui représente une multiplication par six et demi en une seule année.

Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie il y a près de trois ans, Bruxelles s’est fixé comme objectif nominal d’éliminer la livraison de tous les carburants russes à l’UE d’ici 2027.

Le rapport suggère que l’Union est actuellement loin d’être en mesure d’atteindre cet objectif.

« La Russie est le deuxième fournisseur de GNL de l’UE, après les États-Unis. Le GNL russe représentait environ 6,6 % de la consommation totale de gaz dans l’UE en 2024 », indique-t-il.

Le 28 janvier, Angelos Koutsis, expert en énergie chez Bond Beter Leefmilieu, a également confirmé dans une déclaration que les importations en provenance de France et de Belgique comprenaient souvent du GNL russe.

« Cela permet à tous les pays de prétendre qu’ils ne sont pas responsables de l’augmentation des importations de GNL russe », a-t-il indiqué. « Pour mettre fin à ce jeu, nous demandons que la livraison de GNL soit suivie depuis le pays d’origine jusqu’au pays de l’UE où le gaz est consommé. »

La société SEFE, qui appartenait au géant gazier russe Gazprom jusqu’à sa nationalisation par Berlin en 2022, a insisté sur le fait qu’elle ne divulguait pas ses chiffres de vente et qu’elle ne pouvait donc ni confirmer ni nier les conclusions du rapport.

Cette société a conclu un contrat à long terme avec la société russe Yamal LNG, exploitée par le groupe énergétique russe Novatek, que le gouvernement allemand a déclaré être obligé d’honorer, constate le rapport. Il précise que Berlin a également déclaré que le non-respect du contrat donnerait à Novatek la possibilité de commercialiser le gaz ailleurs, ce qui, potentiellement, lui permettrait de doubler ses bénéfices.

Sascha Müller-Kraenner, directeur général de l’ONG environnementale allemande DUH, a souligné que le gouvernement allemand devait prendre ses responsabilités.

« Le gouvernement allemand doit de toute urgence changer de cap politique et économique, et plaider en faveur d’un embargo européen immédiat sur le GNL russe », a-t-il fait remarquer dans un communiqué. « C’est essentiel pour la sécurité et la politique climatique. Ce n’est qu’en développant les énergies renouvelables que l’Allemagne et l’Europe pourront parvenir à une indépendance énergétique stable et plus abordable. »

En début de semaine, le président polonais Andrzej Duda a demandé à ce que les livraisons de gaz russe à l’Europe occidentale ne soient jamais rétablies et que les gazoducs Nord Stream devraient être démantelés, même si un accord de paix est conclu entre Moscou et Kiev.

Epoch Times a contacté SEFE pour des commentaires et n’a pas reçu de réponse à l’heure de la publication de cet article.

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