A quelques jours de la reprise de négociations avec Madrid, les indépendantistes catalans ont manifesté samedi dans les rues de Barcelone mais sans parvenir à mobiliser en masse, sur fond de désillusion et de divisions quatre ans après l’échec de la tentative de sécession de 2017.
Avec pour slogan « Battons-nous pour gagner l’indépendance », cette manifestation avait été convoquée pour la « Diada », fête de la Catalogne devenue depuis une décennie le théâtre de grandes manifestations indépendantistes.
Comme chaque année, elle s’est élancée à 17H14 (15H14 GMT) précises, en commémoration de la prise de Barcelone le 11 septembre 1714, lors de la Guerre de Succession d’Espagne, par les troupes du roi d’Espagne Philippe V.
Si au plus fort de la montée de l’indépendantisme en Catalogne, la « Diada » avait rassemblé 1,8 million de séparatistes en 2014, la mobilisation a chuté ces dernières années.
Samedi, la police municipale a dénombré 108.000 manifestants, un chiffre bien inférieur à celui de 2019 (600.000). Les organisateurs ont évoqué eux le chiffre de 400.000.
L’échec de la tentative de sécession de 2017
La grâce en juin par le gouvernement central des neuf dirigeants indépendantistes condamnés à la prison pour leur rôle en 2017 a par ailleurs fait perdre aux séparatistes un élément mobilisateur.
Depuis l’échec de la tentative de sécession de 2017, le mouvement séparatiste, toujours au pouvoir en Catalogne, est marqué par de profondes divergences sur la stratégie à adopter. Les plus modérés prônent le dialogue avec Madrid alors que les plus radicaux prônent toujours la sécession unilatérale comme en 2017.
Cette tentative de sécession a été l’une des pires crises vécues par l’Espagne depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.
This is #Catalonia!#Diada2021 #Diada #DiadaCatalunya
pic.twitter.com/5FhuWx1p49— Catalan Republic? (@CatalanNation) September 11, 2021
Un échec de référendum d’autodétermination
Malgré l’interdiction de la justice, le gouvernement régional de Carles Puigdemont avait organisé un référendum d’autodétermination qui avait été suivi d’une déclaration d’indépendance mort-née.
Madrid avait réagi en mettant la région sous tutelle et en arrêtant les leaders séparatistes qui n’avaient pas fui à l’étranger comme M. Puigdemont.
Cette « Diada » intervient avant la reprise prévue en fin de semaine prochaine de négociations entre le gouvernement de gauche de Pedro Sanchez et l’exécutif régional séparatiste de Pere Aragonès dont le parti ERC (Gauche Républicaine de Catalogne) est un allié-clé au parlement espagnol du gouvernement minoritaire de M. Sanchez.
Ces pourparlers, qui n’ont pu se tenir qu’une seule fois, juste avant le début de la pandémie, sont destinés à trouver une issue à la crise en Catalogne.
La reprise du dialogue
Pedro Sanchez, qui a fait de la reprise du dialogue en Catalogne l’une de ses priorités, a indiqué samedi sur Twitter vouloir « avancer vers ce qui nous unit, travailler pour une Catalogne positive ».
Mais les feuilles de route des deux parties sont diamétralement opposées, Madrid ayant déjà écarté les deux revendications clés des indépendantistes, à savoir un accord sur l’organisation d’un référendum d’autodétermination et l’amnistie totale des indépendantistes poursuivis pour la tentative de sécession de 2017.
Et pour ne rien arranger, les tensions ont été ravivées cette semaine: le gouvernement central a annoncé suspendre un projet controversé d’agrandissement de l’aéroport de Barcelone, en raison d’une « perte de confiance » dans le gouvernement régional séparatiste. Une décision qualifiée de « chantage » par M. Aragonès.
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