Les maires réunis en mode combat, contre une potion budgétaire jugée trop amère

Par Epoch Times avec AFP
17 novembre 2024 12:30 Mis à jour: 17 novembre 2024 13:17

Les maires se retrouvent en congrès à partir de mardi à Paris, alors que la colère ne retombe pas face à l’ampleur des restrictions budgétaires demandées aux collectivités en 2025 pour réduire le déficit public.

Après une édition 2023 consacrée aux « communes attaquées », sur fond d’agressions en hausse contre les élus, le 106e congrès de l’Association des maires de France (AMF) entend rappeler l’importance de l’échelon communal et intercommunal, « pôle de stabilité » en période de flottement politique national.

Intitulé « Les communes… Heureusement! », ce rendez-vous politique clé est particulièrement attendu cette année, dans un contexte de bras de fer budgétaire avec le gouvernement pour évaluer le « juste niveau » d’effort des collectivités.

Une contribution de « cinq milliards d’euros » leur est demandée, soit « 12,5% de l’effort global d’économies » de 40 milliards d’euros, mais les associations d’élus évaluent plutôt la facture à 11 milliards d’euros.

Début septembre, l’accusation d’avoir fait déraper le déficit adressée par les précédents locataires de Bercy avait mis le feu aux poudres.

Entre l’obligation de voter des budgets à l’équilibre et une dette stable depuis 30 ans, l’AMF avait pilonné les reproches faits aux collectivités.

Un mois plus tard, la proposition de la Cour des comptes d’alléger de 100.000 fonctionnaires leurs effectifs pour éviter les doublons et économiser 4,1 milliards d’euros, puis l’annonce de mesures d’économies d’une ampleur inégalée sur un seul exercice budgétaire avaient encore jeté de l’huile sur le feu.

En pleine préparation des budgets, les sorties retentissantes d’élus courroucés foisonnent : mise en vente d’une préfecture sur Le Bon coin en Haute-Marne, manifestations à Toulouse comme en Seine-et-Marne, banderoles sur l’hôtel de ville de Bordeaux, appel à une « démission généralisée » à Verdun (Meuse)…

« Faire confiance aux maires »

Le Premier ministre Michel Barnier a partiellement éteint le feu vendredi en promettant à la strate départementale un effort « très significativement » réduit du fait de l’explosion de leurs dépenses sociales.

« Si l’on veut éviter que les prochains gilets jaunes soient en écharpe tricolore, il va falloir (…) faire confiance aux maires », avait martelé début novembre David Lisnard, président de l’AMF et maire LR de Cannes, déplorant un dénigrement de l’action communale et un délitement des moyens. À La Tribune Dimanche, il affirme qu’il « ne désespère pas de faire évoluer (le) projet de budget ».

« Ce congrès risque d’être, c’est ce qui nous remonte du terrain, le congrès de la colère », a relevé de son côté André Laignel, numéro deux de l’AMF et maire PS d’Issoudun (Indre).

Pour tenter de renouer le dialogue, la ministre du Partenariat avec les collectivités Catherine Vautrin enchaîne les déplacements dans les congrès d’élus en martelant que les collectivités ne sont « pas responsables de l’aggravation du déficit public » mais que la charge de la dette (55 milliards), deuxième poste de dépenses de l’État, nécessite « un sursaut collectif ».

L’épisode budgétaire intervient dans un contexte de relations déjà dégradées entre l’État et les collectivités depuis le début du quinquennat Macron.

Les élus locaux dénoncent régulièrement des transferts déguisés de compétences de l’État sans contrepartie financière ni moyens humains associés, une « tyrannie des normes », ou la suppression progressive des impôts locaux qui accentue leur dépendance à l’État.

Dans ce contexte, l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) évalue à 11 milliards d’euros supplémentaires par an le besoin d’investissement des collectivités pour faire face aux enjeux climatiques.

À seize mois des prochaines municipales, ce congrès est d’autant plus scruté que les démissions d’élus ont atteint un niveau inégalé selon David Lisnard, 30% de plus que le mandat précédent selon le centre de recherches Cevipof.

Camille Pouponneau, maire de Pibrac (Haute-Garonne), a jeté l’éponge mi-octobre. « Mon quotidien est plus consacré à la maîtrise des déjections canines qu’à des projets structurants pour l’avenir de la commune », expliquait-elle en évoquant une « dégradation de (sa) santé mentale entraînant une dégradation progressive de (sa) santé physique ».

Selon l’AMF, 83% des maires estiment que leur mandat est « usant » pour la santé, et 86% souffrent ou ont souffert de troubles du sommeil.

Outre le brûlant dossier budgétaire, le congrès abordera tous types de thèmes : narcotrafic, délinquance environnementale, action sociale, gestion de l’eau, santé mentale ou « zéro artificialisation nette ».

La journée du 18 novembre sera consacrée aux outre-mer.

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