Le Centre international du droit du cyberespace en Chine a publié sur son site web une liste d’utilisateurs de réseaux sociaux qui ont été punis entre le 22 janvier et le 6 février pour avoir « répandu des rumeurs » sur internet au sujet de l’apparition du nouveau coronavirus, désormais appelé Covid-19.
Le tableau répertoriait 167 cas, avec les dates, les détails de la « rumeur » et la sanction pour chacun d’eux. Certains cas impliquaient plus d’un utilisateur de réseaux sociaux.
Le tableau était précédé d’une courte déclaration : « Face à une crise majeure de santé publique, il est nécessaire de contrôler les rumeurs sur Internet en temps utile. »
Le décompte des patients infectés est un sujet interdit
La majorité des « infractions » étaient des notifications de cas confirmés ou suspectés dans leur ville ou leur quartier. Certaines comprenaient le nombre de décès.
Par exemple, un homme de la ville de Baoding, dans la province du Hebei, a écrit sur son blog : « Je crois sincèrement que les autorités n’ont pas révélé le nombre réel de patients infectés. J’ai entendu dire que dans un village situé à environ 20 kilomètres du nôtre, le nombre de cas confirmés était de six le 26 janvier. Tous ont été envoyés à l’hôpital pour y être mis en quarantaine. Mais je n’ai vu aucun rapport officiel incluant ces six cas. »
Il a reçu cinq jours de détention administrative pour ce message. La détention administrative désigne l’arrestation et la détention d’un individu sans procès.
Un autre homme de la province d’Anhui a reçu six jours de détention administrative et une amende de 500 yuans (66 euros) pour avoir révélé dans son blog que « 21 membres du personnel médical de l’hôpital général du charbon et de l’électricité du Nord Anhui ont été infectés par la mystérieuse pneumonie virale et sont en quarantaine depuis plusieurs jours ».
Une personne surnommée Chen à Shijiazhuang, dans la province de Hebei, a déclaré dans son message : « Dans la province de Hebei, il y a eu jusqu’à présent 313 personnes infectées par le virus et 26 personnes en sont mortes. » La police a affirmé que sa déclaration était une rumeur qui avait provoqué la panique. Chen a été placé en détention pendant 10 jours.
Un utilisateur de réseaux sociaux surnommé Lu, dans la province du Guangxi, a été détenu pendant 10 jours pour avoir révélé dans son message qu’un homme récemment revenu de Wuhan était mort subitement. La police a insisté sur le fait que bien qu’un homme d’un village local soit effectivement mort, la déclaration de Lu sur l’homme revenant de Wuhan était incorrecte.
Le 27 janvier, une personne surnommée Wang dans la région autonome du Xinjiang a informé ses amis sur WeChat : « Assurez-vous d’expliquer à nos proches que cette maladie n’est pas aussi banale que ce qui est dit dans les médias. Ce n’est pas une maladie de type grippe, c’est une contagion de type peste. Mon cousin de Wuhan m’a appelé hier et m’a dit que la situation réelle est bien pire que ce que disent les médias. Il y a de longues files d’attente dans les hôpitaux de Wuhan et il y a une pénurie d’équipements de protection pour le personnel médical. Ils traitent maintenant des patients avec peu ou pas de protection. »
Ce que Wang a dit est conforme aux reportage des médias étrangers, mais la police locale a déterminé qu’il s’agissait de fausses informations et a placé Wang en détention.
Publication de vidéo refusée
Dans plusieurs cas, des individus ont été punis pour les vidéos qu’ils ont publiées sur les réseaux sociaux.
Le 5 février, plusieurs utilisateurs de réseaux sociaux à Chengdu ont partagé une vidéo montrant de nombreux membres du personnel médical se rassemblant à l’extérieur d’un immeuble de grande hauteur avec une mention identifiant le complexe résidentiel. La police de Chengdu a publié un avis public les critiquant, énumérant leurs noms, et affirmant que la scène montrée dans la vidéo n’avait pas eu lieu à Chengdu.
De même, le 3 février, dans la ville de Yibin, dans la province du Sichuan, un homme surnommé Chen a publié une vidéo montrant une ambulance et du personnel médical travaillant activement dans sa communauté. « Vous voyez, à la communauté Sunshine, deux personnes sont emmenées », dit-il dans la vidéo.
La police a déclaré que Chen ne savait pas ce qui se passait réellement, et qu’il avait causé des effets néfastes dans la population en affirmant que les patients qu’il voyait étaient malades à cause du nouveau coronavirus. « Selon les informations officielles du CDC local, il n’y a pas de cas confirmé ou suspecté de Covid-19 dans notre district jusqu’à présent », peut-on lire dans l’annonce de la police.
Dans deux autres cas, la police a ordonné aux auteurs des vidéos affichées d’admettre que leurs vidéos contenaient des images d’archives sans rapport avec l’épidémie du nouveau coronavirus.
#China #Wuhan An allegedly diseased #WuhanCoronavirus patient was moved onto a van full of bodies.
– A woman was crying desperately in the background.
– Workers in hazmat suits tossed their used gloves into uncovered rubbish bins in the residential area.pic.twitter.com/OFoWNbfDQT
— W. B. Yeats (@WBYeats1865) February 11, 2020
Une policière sur Internet affirme travailler 20 heures par jour
Un petit groupe de médias de la province du Shandong a fait l’éloge d’une policière sur Internet qui travaille 20 heures par jour à surveiller les messages WeChat. « Guo Qiqi, une policière du centre de cyber surveillance de la police locale, était si occupée pendant les vacances du Nouvel An chinois, qu’elle gardait son téléphone portable sur elle pour effectuer son travail 24 heures sur 24 », indique un article du 28 janvier.
Selon Mme Guo, le 22 janvier, le département de police de la ville a lancé un plan d’intervention d’urgence. Pendant sept jours consécutifs, quatre agents féminins ont travaillé en équipe pour assurer une surveillance du web 24 heures sur 24.
« Dès qu’un problème est identifié, nous devons le résoudre dans les 30 minutes. La pression est énorme. Nous ne pouvons même pas prendre un repas avec nos familles pendant la nouvelle année. Tout notre temps est consacré à la lecture des messages WeChat, à la vérification des rumeurs et à la suppression des messages », a déclaré Mme Guo.
Lorsque cet article a attiré l’attention des lecteurs, ils ont publié l’histoire de l’agente Guo sur divers forums chinois pour condamner la censure du régime chinois. Cette nouvelle a suscité la colère de nombreux résidents.
« C’est précisément à cause de ces salopards que le virus se répand maintenant dans le monde entier. »
« Ils font le travail le plus ignoble qui soit et qui nuit à tous. »
« La police d’Internet est un sous-fifre du Parti communiste chinois. Ils sont sans scrupule. »
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