Lettre d’Afrique au nouveau président des États-Unis

Par Greg Mills et Ray Hartley
28 janvier 2025 04:14 Mis à jour: 30 janvier 2025 00:49

Nombreux sont les dirigeants africains qui craignent l’arrivée d’un nouveau leadership à Washington, lequel a promis de mettre un terme au statu quo.

Pour la plupart des Africains, le statu quo signifie maintenir les gouvernements autoritaires, qui touchent plus de 90 % des 1,4 milliard de personnes qui vivent sur le continent.

Le statu quo signifie également que la majeure partie des aides annuelles accordés par les Occidentaux à l’Afrique n’atteint jamais son objectif de développement. Au lieu de cela, ces sommes sont utilisées, au mieux, pour garantir la fourniture de biens humanitaires de base là où la gouvernance a échoué ; au pire, elle est détournée par les régimes en place qui ne veulent pas servir leurs pays et qui détournent les fonds pour satisfaire leurs intérêts particuliers.

Contrairement aux dirigeants africains qui ne ressentent que rarement les effets de la situation économique du continent, ce sont les populations africaines qui subissent de plein fouet les conséquences de ces échecs.

Notre travail à travers l’Afrique depuis plusieurs décennies, du Somaliland au Ghana en passant par Zanzibar, et du Malawi à la Zambie, a prouvé empiriquement qu’il existe une corrélation claire entre les circonstances démocratiques en Afrique et une paix et une prospérité relatives.

Nous accueillons donc favorablement votre pause de 90 jours sur l’aide étrangère si celle-ci peut être affectée au soutien d’une meilleure gouvernance en soutenant la construction de la démocratie. Nous saluons également toute décision visant à poursuivre l’aide qui bénéficie aux citoyens ordinaires et qui favorise la démocratie et le pluralisme. L’aide étrangère ne doit pas consister à déverser de grosses sommes d’argent dans le renforcement des capacités, qui est difficile à mesurer et facile à détourner. Cela implique de calibrer soigneusement votre soutien à ceux qui s’alignent sur les valeurs démocratiques et de cesser de soutenir les autoritaires.

Nous sommes d’accord pour dire que l’accord de Paris sur le changement climatique devrait être revu. Le plus grand pollueur en Afrique n’est pas le charbon, mais le manque d’électricité. La moitié des Africains subsahariens (quelque 600 millions de personnes) n’ont pas accès à l’électricité. S’il est de bon ton d’exiger que l’Afrique ne développe que des énergies vertes, la réalité est que toute forme d’électricité est moins polluante que l’absence d’électricité. En réalité, sans gaz propre et sans charbon, l’Afrique ne pourra pas profiter de la diversification industrielle et de la création d’emplois qui ont fait la grandeur d’autres pays.

N’écoutez pas ces quelques personnes véhémentes qui prétendent parler au nom de l’Afrique et du « Sud global ». La vérité est que, s’ils devaient quitter leur pays, la plupart des Africains choisiraient d’émigrer en Occident. Une enquête Afrobaromètre publiée à la fin de l’année 2024 a montré que les destinations les plus populaires pour les émigrants africains potentiels sont l’Amérique du Nord (31 %), l’Europe (29 %) et le reste de l’Afrique (22 %). Seuls 2 % d’entre eux envisagent de s’installer en Chine ou en Russie. La Chine reste également nettement derrière les États-Unis en tant que modèle de développement préféré des Africains.

Ne vous laissez pas abuser par le sentiment souvent exprimé que le « Sud global » préfère l’autoritarisme de la Chine ou de la Russie. C’est peut-être le cas de nombre de ses dirigeants, qui espèrent monopoliser le pouvoir et accumuler des richesses, mais les gens ordinaires ne sont pas dupes. Ils préfèrent vivre dans des démocraties dont l’économie fonctionne.

Les enquêtes menées par Afrobarometer dans une majorité de pays africains montrent que, si les populations du continent ont une vision positive de l’aide et de l’influence de la Chine, cette confiance s’est émoussée. Ce sentiment n’affecte pas non plus l’attitude des Africains à l’égard de la démocratie. Deux tiers des Africains déclarent toujours préférer la démocratie à tout autre système de gouvernement, et une grande majorité rejette le régime d’un seul homme (80 %), le régime d’un seul parti (78 %) et les régimes militaires (66 %). Par ailleurs, de nombreux Africains craignent d’être lourdement endettés auprès de la Chine.

Les Africains ne veulent pas avoir à choisir entre les États-Unis et la Chine, mais s’ils doivent le faire, la plupart d’entre eux préfèrent la voie démocratique, quelle que soit la position de leurs dirigeants.

Nous voulons du commerce, pas de l’aide. L’Amérique a bénéficié des échanges de main-d’œuvre et de compétences avec l’Afrique. Nous aimerions que le commerce soit l’épine dorsale de nos relations pour ce siècle, car la croissance du commerce continuera d’entraîner une croissance de l’emploi.

L’Afrique dispose d’une abondance de minéraux stratégiques qui alimenteront la technologie au cours du siècle prochain. Il existe de grandes possibilités d’échanges commerciaux qui profitent à la fois aux États-Unis et à l’Afrique.

Mettre fin au statu quo en termes de commerce, c’est aussi mettre fin au statu quo en termes de guerre. Nous admirons l’énergie que vous avez apportée au processus de paix au Moyen-Orient. Longue vie à ce processus. Nous serions heureux que vous consacriez autant de temps et d’efforts à l’Afrique, où des conflits de longue date continuent de faire rage au Sahel et dans la Corne de l’Afrique.

Nous admirons le principe de l’amélioration de l’efficacité des gouvernements. Nous souhaitons que les dirigeants africains et leurs gouvernements en tiennent compte. L’IA change le monde et nous devons trouver des moyens d’exploiter ces nouvelles technologies. Mais cela ne peut pas être l’apanage des seules entreprises. Les pouvoirs publics doivent également jouer leur rôle, même si nous sommes conscients de la résistance des intérêts acquis au changement, et plus encore au leadership des premiers arrivés.

L’Amérique représente un quart de l’économie mondiale. Au milieu de ce siècle, l’Afrique représentera un quart de l’humanité. Faites en sorte que votre héritage soit un partenariat pour notre avenir.

Greg Mills et Ray Hartley publient sur le site américain www.thebrenthurstfoundation.org

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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