ANALYSES

L’Europe inondée par des colis chinois jugés dangereux et soupçonnés de provenir du travail forcé

mars 3, 2025 7:34, Last Updated: mars 3, 2025 12:03
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La Commission européenne a annoncé fin janvier qu’elle souhaitait imposer des « frais de traitement » aux milliards de colis vendus par les plateformes en ligne et entrant dans l’UE, afin de financer des contrôles accrus contre les produits illégaux.

Les services des douanes sont en effet submergés par un afflux toujours plus grand de petits colis importés en Europe, en provenance essentiellement de Chine. Certains ne respectent pas les normes européennes ou représentent un danger pour le consommateur.

Environ 70 % des Européens font des achats en ligne et quelque 12 millions de petits colis à faible valeur entrent chaque jour dans l’UE, soit plus de 4 milliards par an. Environ 91 % de ces colis viennent de Chine, vendus par des plateformes telles que Temu ou Shein et leur nombre « a doublé en un an, entre 2023 et 2024 » indique la vice-présidente de la Commission, Henna Virkkunen.

Six pays de l’Union européenne, dont la France et l’Allemagne, demandent à Bruxelles de serrer la vis contre les sites de commerce en ligne Temu et Shein. Shein est considérée comme un emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix. Temu est l’une des plus grandes plateformes d’achat en ligne de Chine. En vendant des produits très bon marché fabriqués à la chaîne en Chine, Temu et Shein ont connu une croissance explosive depuis leur entrée sur le marché européen.

En plus de la dangerosité de leurs produits, les deux marques de « fast fashion » sont accusées d’avoir recours au travail forcé et de détruire «l’environnement et les droits humains».

91 % des colis qui entrent dans l’UE viennent de Chine

L’Allemagne a demandé à la Commission européenne de « prendre toutes les mesures nécessaires » pour « appliquer rigoureusement » la nouvelle législation de l’UE sur les services numériques (DSA), évoquant des risques de préjudices pour les consommateurs et de concurrence déloyale, dans un document rendu public.

« Chaque jour, des centaines de milliers de colis arrivent chez nous, surtout en provenance de Chine, avec des marchandises qui ne respectent pas les règles du marché européen », a déclaré le secrétaire d’État allemand à l’Économie, Sven Giegold, début février. Aujourd’hui, environ 91 % de ces colis viennent de Chine.

Le document mentionne spécifiquement Temu et Shein. Outre la France, le texte est soutenu par l’Autriche, le Danemark, les Pays-Bas et la Pologne.

Fin juin 2024, la Commission avait réclamé des informations à Temu et Shein afin de vérifier leur conformité aux règles européennes en matière de protection des consommateurs. Bruxelles a en particulier questionné ces plateformes d’origine chinoise sur les mesures qu’elles mettent en œuvre afin de permettre le signalement de produits illégaux.

D’autres demandes concernent les interfaces trompeuses de ces plateformes qui permettent de manipuler le comportement des utilisateurs, la protection des mineurs, la transparence des systèmes de recommandations de produits, ou encore la traçabilité des vendeurs sur ces plateformes. Les publicités de Temu et Shein utilisent des images promotionnelles souvent destinées aux adultes en inondant le marché publicitaire sur les réseaux sociaux. La traçabilité des revendeurs est aussi essentielle pour connaître la provenance des produits, afin d’éviter qu’ils viennent de camps de travaux forcés, notamment dans le Xinjiang.

Des « produits non conformes, voire dangereux »

« On a constaté que de nombreux produits étaient non conformes, voire dangereux », a déclaré la vice-présidente de la Commission, Henna Virkkunen. Cette vague d’importations « met une pression énorme sur les autorités des États membres de l’UE, en particulier nos autorités douanières qui sont la première ligne de défense ».

Outre l’impact de ces produits sur la santé et la sécurité des consommateurs européens, elle a évoqué leur impact sur l’environnement ainsi que les distorsions de concurrence avec des commerçants européens, notamment des PME, qui respectent les normes de l’UE.

Bruxelles avait ajouté, respectivement fin avril et fin mai, Shein et Temu à la liste des géants du numérique supervisés directement par la Commission et soumis à des contrôles renforcés sous le DSA. Cette liste inclut 24 grandes plateformes, dont Amazon, AliExpress, Google Shopping, Facebook, X ou Instagram.

L’exécutif bruxellois a appelé à accélérer les travaux sur une réforme douanière proposée en 2023. Cette réforme prévoit la suppression de l’exemption de droits de douane pour les colis d’une valeur inférieure à 150 euros et un meilleur partage de données entre autorités douanières.

95 % des jouets « présentaient un réel danger pour la sécurité des enfants »

Le lobby européen des industries du jouet a affirmé le 6 février que les jouets achetés sur la plateforme de commerce en ligne chinoise Temu ne respectent pas les normes européennes de sécurité et « présentent un risque réel » pour les enfants.

Toy Industries of Europe (TIE) « a acheté 19 jouets sur la place de marché en ligne Temu pour constater qu’aucun d’entre eux n’était conforme à la réglementation de l’Union européenne », indique dans un communiqué publié mardi la fédération européenne, martelant: « cela signifie qu’ils ne devraient pas être mis en vente dans l’UE ».

Sur ces 19 jouets achetés, 18, soit 95 %, « présentaient un réel danger pour la sécurité des enfants », ajoute TIE, les accusant de pouvoir « entraîner des coupures, des blocages des voies respiratoires, des étouffements, des strangulations, des perforations et des dangers chimiques ».

L’exécutif bruxellois a demandé également à Shein de lui fournir « des documents internes et des informations détaillées sur les risques liés à la présence de produits illégaux sur sa place de marché », sur « la transparence de ses systèmes de recommandation » ainsi que sur « la protection des données personnelles des utilisateurs ». Le géant de la fast fashion avait jusqu’au 27 février pour répondre.

Temu et Shein accusées d’avoir recours au travail forcé

Selon un rapport du Congrès des États-Unis, intitulé « Fast fashion et génocide des Ouïghours : conclusions provisoires », publié en juin 2023, Temu et Shein sont accusées d’avoir exposé les consommateurs à des produits fabriqués en Chine dans des camps de travaux forcés, dans leurs chaînes d’approvisionnement en coton en Chine.

Plus d’un million de Ouïghours et autres minorités musulmanes sont actuellement détenus dans des camps d’internement chinois, où ils sont soumis au travail forcé, à la torture, aux abus sexuels, à l’endoctrinement politique, à l’avortement forcé et à la stérilisation forcée, une persécution qualifiée de génocide.

Shein accusé de détruire «l’environnement et les droits humains»

En novembre 2023, des députés français ont dénoncé les pratiques de l’entreprise chinoise de fast fashion, qu’ils accusent d’être « l’emblème de la mode qui détruit l’environnement et les droits humains », après avoir engagé une procédure à son encontre.

« Chaque fois que l’on crée des objets jetables, on crée des êtres humains jetables », a déclaré le député PS Dominique Potier.

La procédure questionne plusieurs aspects de la chaîne de production de l’entreprise de vente en ligne. Parmi eux, « le respect par le groupe Shein des droits de l’homme », les conditions de travail de ses employés, mais également « les possibilités d’incidences négatives sur l’environnement » ainsi que sur « la santé des consommateurs ».

En juillet 2023, le gouvernement avait assuré « combattre avec détermination » le modèle économique de la fast fashion « destructeur pour notre planète », pointant du doigt la « responsabilité extrêmement forte » de Shein.

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