Des centaines de manifestants se sont rassemblés dimanche dans le centre de la capitale libanaise pour crier leur ras-le-bol et dénoncer une situation économique de plus en plus difficile, sur fond de craintes concernant la stabilité de la livre libanaise.
Devant le siège du gouvernement, des escarmouches limitées ont éclaté quand des manifestants ont tenté de franchir les barrages des forces anti-émeutes, qui les ont repoussés à l’aide de leurs boucliers et parfois des matraques, a constaté un photographe de l’AFP.
Des manifestants ont également incendié des pneus pour couper plusieurs artères de la capitale, selon le photographe.
Brandissant des drapeaux libanais et scandant « révolution, révolution », environ 500 manifestants se sont rassemblés d’abord sur la place des Martyrs au coeur de Beyrouth avant de se diriger vers le Parlement et le siège du gouvernement.
« Le gouvernement et le Parlement, voleurs, voleurs », « le peuple veut la chute du régime », ont scandé des protestataires devant le Parlement, selon une journaliste de l’AFP.
« On travaille jour et nuit pour pouvoir vivre », a lancé en colère une manifestante de 52 ans. « Ils nous ont affamés, ils nous ont volés, ça suffit », a-t-elle martelé, refusant de donner son nom.
Ces dernières années, l’économie libanaise a connu une nette dégradation, avec une croissance d’à peine 0,2% en 2018 selon le Fonds monétaire international (FMI). Le Parlement a adopté en juillet un budget d’austérité pour 2019 pour réduire le déficit public.
La dette publique culmine à 86 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB, troisième taux le plus élevé au monde après le Japon et la Grèce.
Ces derniers jours, l’inquiétude s’est accentuée au sujet d’une possible révision du taux de change fixe imposé depuis deux décennies par les autorités (1.500 livres libanaises pour un dollar).
Selon les médias libanais, les banques et les bureaux de change limitent leurs ventes de dollar par crainte d’une baisse des réserves en devises étrangères.
Il est désormais devenu quasi-impossible d’obtenir des dollars aux distributeurs automatiques.
Jeudi, les propriétaires de stations-service avaient annoncé une grève pour protester contre des taux de change fluctuant sur le marché et une « pénurie » du billet vert, nécessaire pour payer leurs fournisseurs. Ils se sont toutefois rétractés le lendemain avec un accord gouvernemental leur permettant de payer en livres libanaises.
Le gouverneur de la Banque centrale Riad Salameh a nié en début de semaine que le Liban soit confronté à une crise du dollar.
« Il y a un vrai problème de cherté de la vie », déplore toutefois Ali Hachem, un manifestant de 33 ans qui multiplie les petits boulots. « La livre est en train de s’affaiblir et la Banque centrale ne veut pas l’avouer », assène-t-il, keffieh sur la tête pour se protéger du soleil. « Augmentez le salaire minimum » si c’est le cas, s’insurge-t-il.
Beyrouth s’est engagé l’an dernier à entreprendre d’importantes réformes en contrepartie de promesses de prêts et de dons de 11,6 milliards de dollars qui n’ont toujours pas été déboursés.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.