Liliane Bettencourt, héritière du géant L’Oréal et femme la plus riche du monde, est décédée à 94 ans, laissant derrière elle un empire des cosmétiques, mais aussi le souvenir d’une retentissante saga judiciaire liée à des soupçons d’abus de faiblesse.
« Liliane Bettencourt est décédée cette nuit à son domicile. Elle aurait eu 95 ans le 21 octobre. Ma mère est partie paisiblement », a écrit sa fille unique, Françoise Bettencourt Meyers, dans un communiqué publié jeudi.
À la tête d’une fortune estimée à près de 40 milliards de dollars par le magazine Forbes en 2017, Liliane Bettencourt occupait la 14e place des personnes les plus fortunées. C’était aussi la deuxième fortune française derrière le magnat du luxe et patron de LVMH Bernard Arnault.
Affaiblie par la maladie, placée sous tutelle, elle se tenait en retrait de la scène publique depuis 2012, quand elle avait quitté le conseil d’administration de L’Oréal et tout rôle dirigeant au sein du groupe.
Plusieurs médecins avaient avancé en 2011 le diagnostic d’une « démence mixte » et d' »une maladie d’Alzheimer à un stade modérément sévère ».
Liliane Bettencourt n’avait jusqu’alors cessé d’impressionner son auditoire malgré, déjà, le poids de l’âge et ses difficultés d’audition. Elle apparaissait dans les médias avec son allure de grande bourgeoise raffinée : brushing impeccable, écharpe souvent rose ou orange, rouge à lèvres mat.
Au cours des dix dernières années de sa vie, Liliane Bettencourt s’est retrouvée au centre d’une tentaculaire affaire judiciaire qui a défrayé la chronique, et mis en lumière les déchirements au sein de sa famille.
Le principal dossier de ce qui est devenu « l’affaire Bettencourt » portait sur un soupçon d’abus de faiblesse.
Il débute avec la plainte, fin 2007, de Françoise Bettencourt Meyers, soupçonnant le photographe François-Marie Banier d’avoir profité de la vulnérabilité de sa mère pour obtenir des centaines de millions d’euros de dons : chèques, œuvres d’art, donations, contrats d’assurance-vie…
François-Marie Banier, à qui la milliardaire vouait une grande affection, est condamné en appel en 2016 à 4 ans de prison avec sursis et 375 000 euros d’amende pour « abus de faiblesse ». Sollicité par l’AFP, ce dernier n’a pas souhaité réagir jeudi.
Le gestionnaire de fortune et homme de confiance de la milliardaire, Patrice de Maistre, est lui condamné à 30 mois de prison, dont 12 avec sursis, et 250 000 euros d’amende.
Un temps soupçonné d’avoir également profité des largesses de l’héritière pour financer sa campagne électorale en 2007, l’ex-président Nicolas Sarkozy est finalement mis hors de cause.
Née le 21 octobre 1922 à Paris, Liliane Bettencourt est élevée dans la rigueur, chez les Dominicaines. Sa mère, pianiste, meurt quand elle a cinq ans.
Dix ans plus tard, elle fait ses premiers stages chez L’Oréal et se considère rapidement comme dépositaire de l’œuvre de son père, Eugène Schueller, fondateur de l’entreprise.
Cet Alsacien, issu d’un milieu modeste, fut l’un des dirigeants et principal soutien financier de La Cagoule, organisation clandestine d’extrême droite dans les années 1930. Liliane voue un culte à ce père dévoué mais très pris par ses affaires, qui a mis au point les premières teintures capillaires de synthèse.
Elle épouse en 1950 André Bettencourt. L’histoire de cet homme avait croisé celle de François Mitterrand pendant la Seconde Guerre mondiale où, comme ce dernier, il entretint des relations ambiguës avec Vichy, avant de rejoindre la Résistance.
Le groupe, véritable empire des cosmétiques, commercialise aujourd’hui maquillages, crèmes et shampoings dans le monde entier, pour un chiffre d’affaires de 25,8 milliards d’euros en 2016, et emploie près de 90 000 personnes dans le monde entier.
Dans un communiqué, le PDG de L’Oréal, Jean-Paul Agon, a exprimé jeudi son « immense tristesse ». « Nous avions tous une profonde admiration pour Liliane Bettencourt qui a toujours veillé sur L’Oréal, l’entreprise et ses collaborateurs, et qui était très attachée à sa réussite et son développement ».
Le holding familial Thétys, présidé par Françoise Bettencourt Meyers mais dont sa mère Liliane Bettencourt conservait l’usufruit, est l’actionnaire majoritaire de L’Oréal avec 33,05% des parts au 31 décembre 2016.
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