L’exclusion d’Eric Ciotti des LR par le bureau exécutif n’a pas entamé l’enthousiasme de la droite française à se réunir d’une façon ou d’une autre pour gagner les élections législatives des 30 juin et 7 juillet.
Le Front populaire, qui a eu l’intelligence de reformer la Nupes quelques heures après les résultats des élections européennes, a réussi à mettre de côté les importantes divisions entre Place Publique de Raphael Glucksmann — grand vainqueur à gauche des élections, et l’extrême gauche (LFI, NPA) qui a franchi plusieurs fois les lignes rouges de l’antisémitisme suite au pogrom du 7 octobre en Israël. Bientôt, ils sortiront un programme commun pour une gauche sociale et écologique et proposeront une coalition pour éviter la dispersion des votes.
Du côté de la droite, c’est une tragédie grecque ancienne, les égos et les sentiments nourrissant des querelles universelles, que le temps de la réflexion aurait pourtant assagie. Trahison, rancœur, injustice, en deux jours, plus personne ne savait plus se parler, la division se situant entre d’un côté, une droite « Macron-compatible » déjà installée dans les institutions mais attendant peu de députés dans le nouvel hémicycle ; et de l’autre, une droite nationale portée par les résultats du RN aux européennes, qui appelle à ne pas disperser les voix des LR, RN et Reconquête!, pour l’emporter sur la nouvelle coalition de gauche et la nouvelle coalition du centre, « Ensemble la République », de la Macronie.
Une droite nationale omniprésente sur le territoire
D’après une étude du Figaro, aux élections européennes, la liste de Jordan Bardella est arrivée en tête dans 457 des 577 circonscriptions (80 %), alors que Manon Aubry est arrivée en tête dans 48 circonscriptions, Valérie Hayer dans 39, Raphaël Glucksmann dans 30, François-Xavier Bellamy dans seulement 2 et Marion Maréchal dans 1.
Le Figaro a calculé le total des listes participant aujourd’hui au « nouveau Front populaire » et le total des listes Bardella et Maréchal — même si le RN et Reconquête ont échoué pour le moment à trouver un accord officiel de principe. Sur la base de ces résultats, on assisterait à 536 duels entre le bloc « national » et le « Front populaire », alors que la majorité macroniste ne se qualifierait que dans 41 circonscriptions et les LR seulement dans 2.
L’émergence d’investitures LR-RN
Alors que la plupart des ténors de LR ont rejeté l’alliance avec le RN pour les législatives, les négociations entre Eric Ciotti et la direction du parti à la flamme se sont poursuivies. Le RN a promis en début de semaine d’investir « des dizaines de candidats LR, dont des (députés) sortants ».
« J’ai lancé un appel à toutes les formations politiques patriotes autour du Rassemblement national qui veulent venir contribuer à cette majorité de redressement » et « je me félicite qu’Eric Ciotti [y] ait répondu favorablement », avait déclaré Jordan Bardella.
Eric Ciotti, qui juge son parti « trop faible » pour s’opposer à la Macronie et au RN, a estimé que la droite avait besoin de cet accord pour préserver sa représentation à l’Assemblée nationale, qui compte aujourd’hui 61 députés et qui pourraient n’en compter que quelques-uns demain.
Parmi les députés sortants pouvant être reconduits se trouve le député des Français établis hors de France, Meyer Habib. Parmi les nouveaux candidats dans les rangs LR, on retrouve le président des jeunes LR Guilhem Carayon ou encore le vice-président LR Théo Michel.
On commence aussi à voir émerger de nouvelles candidatures LR-RN, comme l’essayiste et éditorialiste Guillaume Bigot, candidat sous la bannière LR-RN dans la 2e circonscription du Territoire de Belfort, l’avocat Pierre Gentillet, candidat sous l’étiquette RN, dans la troisième circonscription du Cher ou encore Charles Prats investi sous la bannière LR-RN en Haute-Savoie.
La liste des 60 à 70 investitures LR-RN sera connue progressivement cette semaine, la date légale de fin de dépôt étant le dimanche 16 juin à 18 heures, en attendant de connaître le programme commun de la nouvelle coalition.
Bellamy voterait pour le RN face à la coalition de gauche au second tour
Dans le contexte de guerre fratricide au sein des LR, François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux européennes, s’est exprimé le 13 juin sur Europe 1, sur le choix entre un « barrage républicain » souhaité par le gouvernement Macron et un « barrage national » souhaité par une coalition des droites.
« Si les candidats de ma famille politique ne sont pas représentés, il est évident que je ferai tout pour empêcher que LFI n’arrive au pouvoir dans ce pays », a-t-il déclaré. Il a indiqué qu’il voterait « bien sûr » pour le RN face à un candidat de l’alliance de gauche Front populaire. « Je ferai tout pour empêcher que La France insoumise arrive au pouvoir », a-t-il déclaré, refusant que « la France tombe dans cette alliance d’extrême gauche ».
Pour justifier son choix, le député européen a pointé le soutien du NPA à la nouvelle coalition du « Front populaire », accusant le parti d’extrême gauche de s’être « réjoui » des attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre. « Notre défi, c’est d’éviter que la France ne tombe entre les mains de cette alliance d’extrême-gauche », a-t-il ajouté. « Le vrai danger pour la France, c’est l’arrivée au pouvoir de Jean-Luc Mélenchon », a-t-il continué.
L’exclusion de Marion Maréchal et le début de la coalition des droites
Autre tragédie grecque à droite, l’exclusion de Marion Maréchal du parti Reconquête pour avoir appelé de ses vœux à une coalition des droites autour du RN et des LR, face à la coalition de gauche et celle du centre du Macronisme.
La candidate Reconquête aux élections européennes avait appelé le 12 juin à voter pour les candidats de la coalition nationale entre le RN et LR aux législatives anticipées, dénonçant la « triple faute » d’Éric Zemmour qui souhaite, apparemment, présenter des candidats Reconquête contre le RN. « Présenter des candidats de Reconquête dans les circonscriptions législatives, c’est prendre le risque infini de faire gagner des députés macronistes ou d’extrême gauche », a-t-elle affirmé, refusant de « participer à une énième division des droites » et actant une fracture avec le président de son parti.
« J’en suis triste et je vis ça comme une injustice. Je suis exclue sur un désaccord politique avec Éric Zemmour », reconnaît Marion Maréchal, invitée de l’émission Bonjour ! sur TF1 le 13 juin, après son exclusion officielle.
C’est pourtant cette coalition voulue depuis des années par Eric Zemmour qui semble aujourd’hui emporter l’adhésion à droite. Le sénateur des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier a lui aussi appelé le 13 juin dans un communiqué à soutenir la coalition des droites, « que les Français attendent », en suivant l’appel de Marion Maréchal à ne présenter aucun candidat en face d’un candidat de la coalition nationale – saluant au passage le travail d’Eric Zemmour et des militants dans la naissance de cette union.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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