Les témoignages consternants, au début du mois de décembre, devant la commission éducative du Congrès américain, des présidents du MIT, de Harvard et de l’université de Pennsylvanie, parmi les universités américaines les plus prestigieuses, ont suscité des critiques, des moqueries et des réactions atterrées de toutes parts.
A la question de l’élue américaine Elise Stefanik (Parti républicain-New York) de savoir si appeler à un génocide des Juifs sur le campus pouvait être considéré comme une infraction au règlement intérieur de ces universités, les trois présidentes ont préféré relativiser et ont défendu l’idée que cela dépendait du « contexte ».
Manifestement, elles avaient toutes trois été briefées par les mêmes avocats, ou par des avocats qui avaient été briefés par le même bureau central.
Mais la réaction du public a été rapide et brutale.
La présidente d’UPenn, Liz Magill, a été évincée quelques jours plus tard, tout comme le président de son conseil d’administration.
Lorsque le conseil d’administration de Harvard s’est réuni en urgence, beaucoup ont prédit que Claudine Gay, la présidente de Harvard, subirait le même sort.
J’aurais pu les rassurer car j’étais sûr que cela n’arriverait pas. Pourquoi ? Pour la même raison qui, je pense, a conduit Mme Gay à être nommée présidente de cette institution : parce qu’elle est noire et idéologiquement en phase avec cette sphère de gauche, anti-blanche et anti-américaine, qui s’est emparée de l’enseignement d’élite comme un parasite de son hôte.
Comme l’explique Francis Menton dans son billet de blog « Goodnight, Poor Harvard », Mme Gay a longtemps fonctionné comme « l’exécuteur en chef de l’orthodoxie wokiste à Harvard ».
Lorsque les lumières klieg de l’examen public ont pivoté dans la direction de Mme Gay, suite à sa prestation humiliante devant le Congrès, le public a eu accès à deux informations importantes.
Tout d’abord, le public a appris ce que tous ceux qui s’étaient penchés sur le cas de Mme Gay savaient déjà : en termes de résultats académiques, elle n’était en rien qualifiée pour devenir présidente de Harvard.
Dans un article très complet, Peter Wood, président de la National Association of Scholars, fait doucement référence au « mince portefeuille de publications » de Mme Gay.
En fait, ce portefeuille est pratiquement anorexique.
Mais c’est presque un détail au regard du fait que ces écrits, même maigres, présentent des preuves irréfutables de plagiat.
Harvard a immédiatement convoqué ce que M. Wood décrit à juste titre comme un « comité de dissimulation » dont le but est de faire semblant d’enquêter sur ces allégations.
Sans surprise, le comité a conclu que le corpus de Mme Gay ne présentait pas de preuves de plagiat, mais seulement « quelques cas de citations inadéquates ».
On ne peut qu’admirer leur courage.
Entre 1998 et 2016, note M. Wood, Mme Gay n’a publié que 11 articles, et tous étaient consacrés aux questions raciales des Noirs aux États-Unis.
De plus, tous ces articles étaient – pour employer un mot gentil – « dérivés » du travail d’autres personnes.
Et cela, dit M. Wood, nous amène à la raison pour laquelle Mme Gay plaît aux gros bonnets qui dirigent Harvard.
« C’est une avocate infatigable du mouvement pour la diversité, l’équité et l’inclusion. C’est l’attelage qui l’a amenée au bal », écrit-il.
En outre, son engagement en faveur de l’idéologie de la diversité, de l’équité et de l’inclusion explique « son refus désespérant de protéger les Juifs des menaces de violence antisémites et son mépris désespérant à l’égard des normes qui définissent la malhonnêteté académique ».
Si « la diversité, l’équité et l’inclusion » sont la quintessence même de votre vie, quel besoin y a-t-il de faire preuve d’honnêteté intellectuelle ou de probité morale élémentaire ?
Pire, M. Wood souligne également que lorsqu’elle était doyenne de Harvard, Mme Gay a obligé 27 étudiants à quitter l’établissement car elle leur reprochait des faits de « malhonnêteté académique », c’est-à-dire de plagiat.
Elle a également encouragé la mise en place d’une « formation obligatoire » pour corriger les crimes idéologiques qui consistent à « utiliser les mauvais pronoms » pour les personnes transgenres. En somme, l’orthodoxie « woke » insiste sur le fait que ces pratiques sont équivalentes à de la « violence ».
À l’heure où j’écris ces lignes, les demandes d’admission anticipée à Harvard sont en baisse de 17 %. Je pense que cette tendance va se poursuivre et s’accélérer. En fait, je l’espère.
Le fait que même les satiristes soient sur le coup est un coup dur pour Harvard. Le site, et compte X, Babylon Bee, par exemple, a récemment publié un article intitulé « Ne pas être allé à Harvard devient la qualité numéro un que les employeurs recherchent chez les candidats à l’emploi ».
C’est drôle, oui, mais c’est aussi très juste.
De nombreux commentateurs ont tenté de justifier le comportement de Mme Gay et de ses collègues en invoquant la « liberté d’expression ».
Mais je suis d’accord avec Heather Mac Donald pour dire que la « liberté d’expression » n’est pas l’instrument le plus efficace pour comprendre ce qui se passe.
D’une part, comme elle le souligne dans un article du City Journal pour le Manhattan Institute for Policy Research, il y a manifestement deux poids, deux mesures.
La « voie royale », qu’en réalité très peu d’universitaires préconisent, consisterait à exiger « la liberté d’expression dans tous les domaines : pour les opposants d’une cause, comme pour ses défenseurs ».
« Mais trop d’anciens élèves, écrit-elle, préfèrent critiquer la monoculture intellectuelle de leur école et son intolérance à l’égard de la dissidence, et exigent dans le même souffle que l’on réduise au silence [certains autres discours]. »
Je pense que c’est vrai, mais je pense aussi qu’essayer de comprendre ce qui se passe dans nos établissements d’enseignement en ce basant sur la question de la « liberté d’expression » est voué à l’échec.
Pour avoir un début de réponse, revenons à la question de la députée : L’appel au génocide des Juifs va-t-il à l’encontre du code de conduite de votre école ?
À mon avis, si vous vous trouvez dans une situation où cette question vous est posée, c’est que vous avez déjà perdu.
La vérité est que la colonisation de l’éducation par l’idéologie du « wokisme » et de la politique identitaire rend les considérations sur la liberté d’expression et la liberté académique caduques.
Le triomphe du wokisme nécessite que soit détruites les normes académiques traditionnelles et, en fait, la raison d’être même de toute éducation, de la maternelle au lycée, puis à l’université.
Il fut un temps où nous éduquions nos jeunes afin de leur transmettre les valeurs de notre civilisation.
Puis nous avons décidé de rejeter cette civilisation, ou plus exactement, les élites à qui nous avons confié notre avenir ont décidé de rejeter cette civilisation.
Eux, nos maîtres, ont décidé que « le fait d’être blanc » était mal, que l’ « objectivité » était un complot patriarcal, et que même une réalité aussi élémentaire que le sexe biologique était un prétexte à l’oppression.
Telle est la véritable leçon à tirer de ce nouveau naufrage de la rhétorique progressiste. Nos institutions éducatives – comme tant d’autres institutions en Occident – ont sacrifié leur légitimité sur l’autel d’une idéologie corrompue et mensongère.
Je crains que la solution ne réside pas dans une réforme, mais dans une révolution.
« Harvard » (j’utilise des guillemets pour désigner non seulement l’institution, mais aussi l’état d’esprit qu’elle représente) doit être totalement supplanté si elle veut survivre.
Comme Mme Gay, elle s’est imposée comme une force de « transformation » dont l’objectif est de saper et de retourner notre civilisation sur elle-même.
Cette civilisation, si elle veut survivre, doit reconnaître la nature radicale de ce défi et y répondre.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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