La défaite des Bleus en quart de finale de la Coupe du monde, face à l’Afrique du Sud, « a été brutale », a confié mardi à l’AFP Laurent Labit, entraîneur de l’attaque du XV de France désormais directeur du rugby du Stade français.
Q: Que retenez-vous de cette Coupe du monde?
R: « Ca a été brutal, difficile. La déception est toujours présente, la digestion sera longue… Mais il faut passer à autre chose. J’ai ce nouveau challenge, que j’ai choisi. J’avais besoin de vite passer à autre chose, pas pour oublier parce que ce sera difficile mais surtout pour me projeter sur cette nouveauté et démarrer le mieux possible. »
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Q: Avez-vous revu le match contre les Springboks?
R: « Bien sûr. (Il souffle) On est déçus de notre prestation, on a donné trop de points faciles à l’Afrique du Sud. Dans un match de ce niveau, en quart de finale de la Coupe du monde, face aux champions du monde, on prend 19 points en première période sur trois essais à zéro passe, deux ballons hauts, un turnover… Tout ce qu’il ne faut pas faire. Surtout face à ce genre d’adversaire. On peut aller sur les décisions (arbitrales, ndlr) mais ce match, c’est nous qui le perdons, pas l’arbitre. »
Q: Avez-vous des regrets?
R: « Oui. En quatre ans, on avait coché toutes les cases de ce qu’on voulait faire. L’objectif, dans un premier temps, était de rassembler, de fédérer, de partager. On a vu l’engouement autour de cette Coupe du monde, c’était incroyable: partout où on se déplaçait, on aurait dit les Rolling Stones. C’était un truc de fou. Ensuite, on voulait gagner. On a gagné 80% de nos matches. Sur quatre ans, au niveau international, c’est quelque chose d’incroyable. On avait tout balisé : la préparation de la Coupe du monde, la planification avec les lieux différents, le temps passé en famille, les temps de repos… Tout était calé. Sauf que… peut-être trop de confiance? Un peu d’excitation? On a peut-être voulu aller trop vite. Ce match nous laisse beaucoup de regrets. »
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Q: Avec le recul, feriez-vous les choses différemment?
R: « Non, je ne crois pas. Sur le jeu, sur les joueurs, si on devait rejouer le week-end prochain, on rejouerait de la même façon. »
Q: Avez-vous suivi la suite de la compétition?
R: « J’ai eu besoin de quatre-cinq jours pour sortir de tout ça, de ne pas regarder les demi-finales. C’était trop difficile. J’ai regardé la finale avec les joueurs du Stade français, on était ensemble à Bayonne. J’avais envie de penser à autre chose, de reprendre. Rester à la maison pour ruminer, ça aurait été pire. »
Q: Justement, arriver rapidement au Stade français vous a permis de passer à autre chose…
R: « Les journées sont bien occupées, il y a tout le projet à mettre en place. On a eu beaucoup de réunions, de rendez-vous… Ca permet de passer à autre chose et d’éviter de trop penser à cette Coupe du monde, chez nous, qu’on avait à portée de main et qu’on a ratée. »
Q: Et vous arrivez ici avec Karim Ghezal, co-entraîneur des avants du XV de France lors du Mondial. Quelle est votre relation?
R: « J’ai eu la chance de l’entraîner deux fois. On a fait un chemin ensemble à Montauban, ensuite au Racing. Comme joueur, il a toujours été travailleur et à l’écoute et intéressé par le jeu, par l’entraînement. Il a commencé par du spécifique, la touche et la conquête, mais avait toujours cette fibre. Il a vite gagné du terrain sur le jeu. On s’est retrouvés en équipe de France, autour de Fabien Galthié. On a passé quatre ans ensemble et je l’ai vu se développer: on a beaucoup travaillé ensemble sur les circuits, sur les lancements et les relances. C’est un entraîneur moderne, innovant avec une bonne vision et de bonnes idées. »
Propos recueillis par Nicholas Mc ANALLY.
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