La mort du petit Fayed, 10 ans, victime collatérale de la guerre de la drogue en août à Nîmes, avait suscité une « grande émotion ». Et l’enquête est en passe d’être élucidée avec neuf mis en examen, dont un adolescent de 17 ans.
Le coup de filet avait eu lieu lundi, à Nîmes et Marseille. Les neuf hommes interpellés ont tous été mis en examen, notamment pour assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs, a précisé samedi matin le procureur de la République de Marseille, lors d’une conférence de presse.
Leurs profils confirment la tendance vue à Marseille d’auteurs de plus en plus jeunes, avec un mineur de 17 ans, placé sous contrôle judiciaire, et huit jeunes majeurs de 18 à 30 ans, avec une moyenne d’âge de 21 ans, tous placés en détention provisoire.
Sept jeunes ont des antécédents judiciaires
Sept d’entre eux ont des antécédents judiciaires mais surtout ils sont originaires de Nîmes, Marseille et Paris, « un élément important pour montrer la circulation des jobers (ndlr : petits mains du trafic) et des personnes qui vont commettre des narchomicides », a remarqué Nicolas Bessone, le nouveau procureur de la deuxième ville de France.
Un seul des neuf mis en examen reconnaît sa participation aux faits. Si les charges sont « variables », l’enquête s’appuie sur « des éléments incontestables » de téléphonie, balistique ou ADN et de témoignages, a insisté le magistrat.
Un autre adolescent de 17 ans, originaire de Marseille et connu pour trafic de stupéfiants, était soupçonné d’avoir une responsabilité dans ce drame. Mais il avait trouvé la mort dans un accident de la route fin septembre, avait annoncé l’ancienne procureure de Marseille.
« Une erreur de cible »
La mort de Fayed avait « légitimement suscité une grande émotion », a rappelé le procureur samedi, en insistant sur le fait que l’enfant et sa famille « n’avaient rien à voir avec le trafic de stupéfiants et étaient à l’évidence des victimes collatérales, peut-être une erreur de cible due à la marque de la voiture à l’intérieur de laquelle ils se trouvaient ».
Le garçonnet avait été tué le 21 août en fin de soirée, dans le quartier de Pissevin à Nîmes, un de ces quartiers de la ville gangrénés par les trafics, après que la voiture de son oncle avait été prise entre les tirs des gangs en guerre pour le contrôle des points de deal.
Deux jours plus tard, c’est un jeune homme de 18 ans qui avait été tué sur un point de deal de ce même quartier. Il était peut-être la cible initiale le soir de la mort de l’enfant et les deux procédures ont été jointes car il y a « un lien certain » entre ces deux dossiers, a précisé M. Bessone.
Autre développement important de l’enquête : des connexions ont été établies entre un clan nîmois et un des principaux clans marseillais, ce qui illustrerait les « velléités d’expansion à l’extérieur (des) clans criminels qui tiennent le trafic de stupéfiants sur Marseille ».
En effet, la cité Pissevin « se retrouve faire l’objet d’assauts de la cité nîmoise du Mas de Mingue. Et on sent derrière que la cité du Mas de Mingue aurait des connexions et du soutien de la DZ Mafia » de Marseille, a détaillé le magistrat. À Nîmes, les quartiers de Pissevin, du Chemin-Bas et du Mas de Mingue, des barres d’immeubles et de tours en périphérie de la ville, partagent tous des indicateurs socio-économiques alarmants, avec un taux de pauvreté atteignant jusqu’à 70% et un chômage massif.
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