Les opinions sceptiques sur l’Amérique de Donald Trump ne manquent pas au Canada, au Royaume-Uni et dans d’autres pays d’Europe.
Par exemple, un article d’opinion de fin d’année paru dans le journal canadien Globe and Mail nous a rappelé que nous vivons une époque étrange : la situation des Américains ordinaires est meilleure que jamais, tandis qu’elle est constamment présentée dans les médias comme n’ayant jamais été pire.
Accompagné d’une image graphique d’un Donald Trump en colère, superposé à un drapeau rouge, l’article du Globe and Mail a poursuivi cette curieuse habitude en l’accompagnant d’une sombre prophétie : « Dans les années 2020, l’anormal restera le nouveau normal. »
Le chroniqueur, Tom Fletcher, ancien ambassadeur britannique au Liban et diplômé d’Oxford, a commencé son article par l’affirmation que « les diplomates raisonnables ne font pas de prédictions ». Cependant, il a tout de suite fait ses propres pronostics sur la décennie à venir : « Les années 2020 ne seront pas moins erratiques que la période depuis l’abandon (temporaire, espérons-le), en 2016, par l’Amérique de son rôle de force motrice pour la liberté la plus influente de l’histoire. »
Dans une violente diatribe anti-Trump, Fletcher a soutenu que nous vivons une période de l’histoire particulièrement « anormale » qui a été entamée par l’élection d’un président américain perturbateur.
Il a suggéré que si Trump reste à la Maison-Blanche, « l’anormal restera le nouveau normal ». Selon lui, si Trump est réélu en novembre 2020, cela « prolongerait la vacance du poste de dirigeant du monde libre, paralyserait les efforts visant à ralentir le développement de la crise climatique et réjouirait le nombre grandissant d’autocrates et de despotes qui n’ont fait qu’à en profiter ».
M. Fletcher a également prédit que les affaires internationales seraient réduites à la division, à la distraction, à la haine, à l’intolérance, à la folie, à la tyrannie, au mensonge, à la glorification de soi et aux efforts de limiter les dégâts. Pour une personne préoccupée par le déclin de la diplomatie, l’ancien ambassadeur britannique était tout sauf diplomate.
Les origines de la division
On peut se poser la question : est-ce que les sources de la division et de l’intolérance civique dans la société américaine doivent être complètement attribuées à la campagne présidentielle de Trump et au comportement personnel du président américain ?
Un autre érudit britannique n’est pas d’accord avec les affirmations de Tom Fletcher. Dans son récent livre intitulé The Madness of Crowds (La folie des foules), l’auteur britannique Douglas Murray explique pourquoi les sociétés postmodernes vivent autant de conflits. Toutefois, il ne rejette pas la faute sur Donald Trump ni sur aucun autre politicien.
Douglas Murray examine certaines des questions qui divisaient et divisent le plus les gens au cours de ce siècle : la sexualité, le genre, la technologie et la race. Il démontre clairement que des guerres de division culturelle se déroulaient dans les écoles, les universités, les foyers et les lieux de travail bien avant que Donald Trump n’envisage de se présenter aux élections présidentielles.
On peut se souvenir que c’était Hilary Clinton, la candidate démocrate à la présidence américaine, qui a mis en évidence la fracture existante dans la société américaine lorsque, pendant la campagne électorale de 2015, elle a traité les partisans de Trump de « panier de déplorables ». À partir de ce moment, les Américains ordinaires ont mieux compris à quel point ils étaient méprisés par leurs propres élites.
M. Murray explique que nous vivons une époque postmoderne où les sujets traditionnels, religieux et culturels ont perdu leur importance. À leur place, des groupes d’intérêts étroits cherchent à former l’identité des gens et à mener une croisade contre des ennemis imaginaires. L’intolérance mutuelle est bien stimulée par de nouvelles formes d’information et de médias sociaux qui sont très efficaces.
Les intellectuels postmodernes rejettent l’idée de l’unité nationale en faveur de l’identité tribale et de la politique mondiale. La plupart des universitaires ne considèrent plus la société comme un système complexe de confiance et de traditions qui s’est développé au fil des siècles. Ils perçoivent tout à travers le prisme du jeu du pouvoir et de « l’intersectionnalité » – une notion qui désigne la situation des groupes de personnes subissant diverses formes de stratification, de domination ou de discrimination dans une société. Tout cela déforme plutôt que clarifie ce qui doit être considéré comme normal ou anormal.
L’appel à la « normalité » est dénigré
Il y a 100 ans, à la veille des années 1920, l’Amérique cherchait à revenir à ce que l’ancien président Warren Harding appelait la « normalité ».
Il a déclaré : « L’Amérique n’a pas besoin d’héroïsme, mais de guérison ; pas de panacée, mais de normalité ; pas de révolution, mais de restauration ; pas d’agitation, mais d’ajustement ; pas de chirurgie, mais de sérénité ; pas de dramatisme, mais d’objectivité ; pas d’expérimentation, mais d’équilibre ; pas de submersion dans l’internationalité, mais du maintien de la nationalité triomphante. »
Comme l’ancien slogan de Trump « Make America Great Again » (redonner leur magnificence aux États-Unis d’Amérique), l’appel de Harding à la normalité a été rabaissé et calomnié par les journalistes progressistes. Cependant, Warren Harding a remporté les élections présidentielles de 1920 avec 60,3 % des votes en sa faveur.
Une forme inquiétante de vengeance
Le journalisme peut être pratiqué dans le but très rétributif. Par conséquent, cela permet de percevoir comme normale une forme très vexante de vengeance qui, au cours des dernières décennies, s’est infiltrée dans notre vie quotidienne.
Dans notre partie du monde formée par la culture judéo-chrétienne, cette pratique rancunière pourrait être considérée comme spirituellement anormale. Cependant, elle n’a pas commencé avec Donald Trump et elle ne se terminera pas non plus si la gauche américaine réussit à faire tomber le président des États-Unis.
Nous connaissons tous des personnes intelligentes qui connaissent plein de choses, qui parlent bien et qui influencent les foules. Toutefois, ces personnes convainquent rarement tout le monde, car elles manquent nettement la vertu du bon jugement.
En tenant compte que tant d’Américains qui travaillent et qui appartiennent à la classe moyenne bénéficient des avantages de la croissance économique stimulée par la politique de Donald Trump, il est peu probable que les gens raisonnables soient enclins à voter contre leur propre porte-monnaie. On ne peut pas s’empêcher de penser que c’est juste cela qui déplaît à Tom Fletcher.
William Brooks est un journaliste et enseignant montréalais. Il est actuellement rédacteur en chef de « The Civil Conversation » pour la Société Civitas du Canada et un contributeur à Epoch Times.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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