Il existe en Chine un crime difficile à imaginer : les prisonniers de consciences font l’objet d’un trafic d’organe massif via un système cautionné par l’État. Plusieurs films documentaires ont soulevé ce problème, tel que Free China, David&Goliath, ou plus récemment, The Bleeding Edge, fiction dont le personnage principal est incarné par Anastasia Lin, Miss Monde Canada. Ces films ont reçu de nombreux prix lors de festivals, dont le prestigieux George Foster Peabody Award, dernier en date attribué à Bleeding Edge.
Les prélèvements forcés d’organes sont la source principale des organes transplantés en Chine depuis que cette pratique médicale existe. Ce pays, qui compterait entre « 60 000 et 90 000 » transplantations par an, est le deuxième au monde en terme de nombre d’opérations. La provenance des organes, d’après des enquêtes qui n’ont cessé de s’affiner au fil des ans, serait principalement les prisonniers de conscience dont une majorité de pratiquants de la méthode spirituelle Falun Gong.
Le nouveau documentaire pointe cette pratique et retrace son historique. Les cinéastes ont dit être passé de l’incrédulité à l’action – en interviewant des chercheurs, des témoins oculaires, des médecins et des politiciens au franc-parler- ont réussi à produire ces dernières années plusieurs films documentaires convaincants sur le trafic d’organes en Chine. Une dizaine de mois après Bleeding Edge, « Harvested Alive : Ten Years of Investigation » a remporté le Hollywood International Independent Documentary Award pour le meilleur film dans la catégorie des documentaires étrangers.
Tourné par le studio Deerpark Productions et diffusé en novembre 2016, « Harvested Alive » est un documentaire en langue chinoise qui se concentre sur les recherches fondées sur les informations de première main et effectuées par l’Organisation mondiale d’enquête sur la persécution du Falun Gong (WOIPFG), une ONG basée aux États-Unis.
Wang Zhiyuan, président de WOIPFG et ancien médecin d’aviation en Chine, déclare dans le film qu’il a été choqué mais est resté bien sceptique après avoir entendu en 2006 le premier témoignage de l’épouse d’un médecin chinois sur les prélèvements forcé d’organes. « Cela allait au-delà du bon sens », a-t-il confié : « C’était trop grave et effectué à une échelle trop grande. »
Après avoir en parlé à d’autres membres du WOIPFG, Wang a décidé qu’ils devraient immédiatement ouvrir une enquête « avec un esprit ouvert », sans tirer aucune conclusion basée sur leurs propres opinions personnelles.
Pendant les 10 ans suivants, Wang et ses collègues ont examiné les sites web des hôpitaux et des administrations chinoises, ainsi que les rapports des médias, pour y trouver des preuves des prélèvements d’organes. Ils ont également secrètement enregistré d’innombrables appels téléphoniques aux hôpitaux chinois, aux médecins, aux juges et même aux hauts responsables du gouvernement et de l’armée chinoise.Plusieurs médecins chinois ont déclaré ouvertement que les pratiquants de Falun Gong servaient de source principale pour cesorganes. La voix de Bai Shuzhong, ancien officier supérieur en charge des établissements militaires de santé, a été enregistrée ; on l’entend déclarer que l’ancien dirigeant chinois Jiang Zemin avait donné l’ordre de prélever les organes sur ces pratiquants.
« C’était à l’époque du Président Jiang. Il y avait l’instruction qu’il fallait commencer cette « chose », la transplantation d’organes », déclare une voix enregistrée dans le documentaire, une voix identifiée comme celle de Bai par le WOIPFG. Dans des vidéos en ligne, Bai Shuzhong a la même voix que dans l’enregistrement. Les pratiquants de Falun Gong, une pratique traditionnelle chinoise de développement physique et spirituel, et comprenant des exercices et des enseignements basés sur les principes d’authenticité, bienveillance et tolérance, sont depuis 1999 persécutés par le régime chinois suite à la décision prise par Jiang Zemin.
Selon les enquêteurs sur les prélèvements d’organes, dans des centres de détention et des camps de travail chinois, les pratiquants sont régulièrement soumis à des tests sanguins et des analyse de cornée afin de pouvoir servir de sources d’organes sur demande dans le cadre du système national de trafic d’organes établi par le régime. D’après les enquêteurs, le massacre des pratiquants de Falun Gong pour leurs organes continue toujours.
Une version du documentaire « Harvested Alive » sous-titrée en anglais, peut être visionnée gratuitement sur l’Internet. La version en langue anglaise sera disponible en mois de mars.
Version anglaise : New Documentary on Live Organ Harvesting Receives Award
Vidéo recommandée
Un médecin témoigne de l’horreur des prélèvements d’organes forcés en Chine
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