Le Parti communiste chinois a intensifié sa répression religieuse à l’encontre de toutes les confessions sur son territoire, les croyants étant désormais qualifiés de personnes « affectées par des virus de la pensée », selon des responsables américains chargés de la liberté de religion.
« Au lieu d’améliorer la façon dont le gouvernement chinois traite les croyants et les personnes de foi, celui-ci a intensifié la répression et transformé ce régime en un véritable régime génocidaire », a déclaré Nury Turkel, président de la Commission américaine pour la liberté religieuse internationale (USCIRF), au média NTD, partenaire d’Epoch Times.
« Ils ne font preuve d’aucune pitié dans leur persécution des groupes religieux, notamment les musulmans ouïghours, les bouddhistes tibétains, les chrétiens, [et] les pratiquants du Falun Gong », a-t-il déclaré, ajoutant que la situation des droits de l’homme et de la liberté religieuse en Chine s’était « considérablement détériorée depuis l’année dernière. »
La détérioration se manifeste à plusieurs niveaux, notamment par une volonté de siniser les religions et d’associer toute pratique religieuse « à des risques de sécurité nationale », selon M. Turkel.
« Le gouvernement chinois qualifie ouvertement les croyants de personnes étant atteintes d’une maladie mentale, affectées par des virus de la pensée », a-t-il déclaré.
Augmentation des persécutions à l’encontre du Falun Gong
Le Falun Gong, également connu sous le nom de Falun Dafa, est une discipline spirituelle impliquant des exercices méditatifs et des enseignements moraux basés sur les principes fondamentaux de vérité, de compassion et de tolérance. Cette pratique a gagné en popularité en Chine au cours des années 1990, et l’on estime que le nombre d’adeptes se situait entre 70 et 100 millions à l’apogée de sa popularité.
Le régime communiste, craignant que le nombre de pratiquants ne constitue une menace pour son contrôle, a lancé une vaste campagne visant à éradiquer la pratique. La campagne contre le Falun Gong, lancée par le régime en juillet 1999, est toujours en cours.
Des millions d’adeptes du Falun Gong ont été détenus dans des prisons, des camps de travail et d’autres installations. Selon le Centre d’information sur le Falun Dafa, des centaines de milliers d’entre eux ont été torturés pendant leur incarcération.
Le rapport annuel 2023 de l’USCIRF (pdf), publié le 1er mai, fait état de 7.331 cas de harcèlement et d’arrestation d’adeptes du Falun Gong, de 633 condamnations à des peines d’emprisonnement et de 72 décès dus aux persécutions.
Pang Xun, 30 ans, animateur radio pour une chaîne de télévision publique du sud-ouest de la Chine, est décédé en décembre, environ un an après son arrestation. Il avait été condamné à cinq ans de prison pour avoir distribué des tracts de sensibilisation à la campagne de persécution. Sa famille a indiqué que son corps était couvert d’ecchymoses et qu’il y avait des traces de sang sur ses lèvres, sa poitrine et ses jambes.
« Les pratiquants du Falun Gong ont été soumis à toutes les formes de torture possibles, de sévices physiques, d’internements sous prétexte de maladie mentale », a déclaré M. Turkel, notant que le régime soumet les adeptes du Falun Gong à des prélèvements forcés d’organes depuis plus d’une dizaine d’années.
Cette question prend de l’ampleur », a-t-il ajouté, citant l’adoption par la Chambre des représentants des États-Unis de la loi « Stop Forced Organ Harvesting Act » (loi sur l’arrêt des prélèvements forcés d’organes).
« En fin de compte, les dirigeants chinois devraient reconnaître que les croyants ne sont pas une menace pour la société, mais plutôt une force contribuant au développement d’une société saine. »
« Les pays qui respectent la liberté religieuse évoluent naturellement vers une société harmonieuse et pacifique. Un pays ou un régime qui réprime la liberté religieuse crée du ressentiment parmi la population et, dans une certaine mesure, jette les bases d’activités violentes potentielles. »
M. Turkel a ajouté que le régime chinois a « investi énormément de temps et d’énergie et a brutalement réprimé les pratiquants religieux. »
« Il faut que cela cesse. »
Restriction de la démocratie à Hong Kong
L’ancien parlementaire américain Frank Wolf (Parti républicain – Virginie), l’actuel commissaire de l’USCIRF, a parlé de la répression contre la démocratie à Hong Kong lors d’une interview avec Epoch Times.
Il a évoqué l’arrestation du magnat des médias pro-démocratique de Hong Kong, Jimmy Lai, qui a été condamné à cinq ans et neuf mois de prison pour fraude après avoir été reconnu coupable de ne pas avoir respecté les termes de son contrat de location pour le siège de son journal en décembre dernier. Il a été inculpé en vertu de la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin en 2020.
Le commissaire a également cité le cas de Joshua Wong, fondateur du parti pro-démocratique Demosisto.
Le jeune militant a été condamné et emprisonné à de nombreuses reprises depuis 2018 accusé notamment de rassemblement illégal, d’outrage à magistrat, de participation et d’incitation à participer à un rassemblement illégal, et de non-respect de la réglementation hongkongaise sur l’interdiction de porter un masque. La loi pré-Covid rendait illégal le port d’un couvre-visage lors de toute manifestation ou rassemblement. M. Wong a été arrêté en octobre 2019 pour avoir participé à une manifestation « non autorisée » contre cette loi.
Début mars 2022, il a été accusé de subversion du pouvoir de l’État pour avoir participé à des primaires non officielles de l’opposition avant l’élection du Conseil législatif de 2020.
Plus récemment, le 17 avril, il a été condamné à trois mois de prison pour avoir révélé l’identité d’un policier qui avait tiré sur un manifestant non armé lors des manifestations anti gouvernementales de 2019.
Un autre exemple est celui de l’ancien cardinal de Hong Kong, Joseph Zen. L’année dernière, ce cardinal catholique nonagénaire a été arrêté et reconnu coupable d’avoir créé un fonds destiné à aider les manifestants pro-démocratie qui étaient dans le besoin.
M. Wolf a rappelé qu’envoyer cet homme en prison « aurait presque été une condamnation à mort » pour lui, compte tenu de son âge avancé.
« La situation des droits de l’homme en Chine est très, très sombre », a-t-il déclaré.
Le lobbying en faveur de la Chine
Le rapport annuel de l’USCIRF note que le régime chinois et des entités publiques telles que Hikvision, qui a été accusée d’être complice d’abus au Xinjiang, ont engagé d’anciens fonctionnaires américains et d’anciens membres du Congrès pour faire du lobbying en leur faveur.
Par exemple, l’ancienne sénatrice Barbara Boxer (Parti démocrate – Californie.) s’est inscrite sur le registre des lobbyistes pour le compte d’une entreprise chinoise en 2021, bien qu’elle ait décidé de retirer son nom de la liste quelques heures après que son inscription ait été rendue publique dans les médias.
Pour M. Wolf, de telles pratiques sont inacceptables.
« On ne peut pas avoir des lobbyistes et des cabinets d’avocats qui viennent représenter la Chine alors qu’elle se livre à un génocide, qu’elle pratique le prélèvement d’organes forcé sur les adeptes du Falun Gong, qu’elle arrête des évêques et des cardinaux catholiques, qu’elle détruit complètement la démocratie à Hong Kong, et qu’elle vole nos secrets commerciaux », a-t-il déclaré.
« Quand on vous prélève un organe, on vous tue. On vous tue. Comment pouvez-vous représenter un pays qui fait cela ? Il est temps que les choses changent. »
Au plus fort de la guerre froide, dans les années 1980, aucun cabinet digne de ce nom n’aurait voulu prendre l’Union soviétique comme client, et cela ne doit pas se produire aujourd’hui, a déclaré M. Wolf.
Il a cité les paroles de la chanson « The Boxer », écrites par Simon & Garfunkel en 1969 : « Still a man hears what he wants to hear, and disregards the rest » (Un homme entend toujours ce qu’il veut entendre et ne tient pas compte du reste).
« Vous ne pouvez pas ignorer ce qui se passe dans l’Église catholique, l’Église protestante, les dissidents des droits de l’homme, les musulmans ouïghours, les Tibétains, le Falun Gong, le peuple de Hong Kong et, potentiellement, le peuple de Taïwan. Il est donc temps que le Congrès et l’administration adoptent une loi interdisant ces activités [de lobbying] », a-t-il déclaré.
Une approche gouvernementale multiple
Pour faire face au « danger actuel et manifeste » auquel sont confrontées les communautés religieuses en Chine, le président de l’USCIRF a suggéré que le gouvernement américain adopte une approche globale, « en accordant davantage d’importance à la liberté religieuse et en l’intégrant en tant qu’objectif stratégique clé » dans la politique étrangère des États-Unis à l’égard de la Chine, afin de soulever les questions relatives à la liberté religieuse dans tous les dialogues et engagements bilatéraux.
M. Turkel a appelé le gouvernement américain à « utiliser tous les outils à notre disposition pour étendre les sanctions aux entités et aux fonctionnaires chinois responsables de violations des droits de l’homme ».
Cela inclut le département chinois du « Front uni », qui vise à « neutraliser » toute source d’opposition potentielle au régime, à la sécurité publique et à l’appareil de sécurité de l’État.
Le rapport de l’USCIRF demande également un effort concerté de la part des gouvernements, des alliés et des partenaires pro-liberté afin de créer une commission d’enquête des Nations unies sur l’aggravation de la persécution religieuse en Chine.
M. Turkel a cité les activités de répression transnationales du régime chinois, notamment le « nombre important de postes de police satellites spécialement créés pour réduire au silence les détracteurs du parti communiste chinois à l’étranger ».
« Cela doit cesser, et ceux qui ont conçu et mené ces activités doivent rendre des comptes », a-t-il déclaré.
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