Il s’apprête à conquérir une nouvelle fois Paris en chantant son premier opéra de Puccini, mais pour le ténor samoan Pene Pati, le rêve le plus cher reste de faire découvrir la musique du Pacifique.
Le chanteur de 36 ans fait ses débuts jeudi dans La Bohème au Théâtre des Champs-Élysées, dans une mise en scène sophistiquée d’Éric Ruf, le patron de la Comédie-Française, et des costumes de Christian Lacroix. « J’ai attendu tellement longtemps… c’est le premier opéra que j’ai vu mais je voulais attendre d’être prêt ; j’ai refusé beaucoup de Bohèmes et là, c’est l’alignement des planètes ! », s’enthousiasme-t-il, lors d’un entretien à l’AFP.
Lors de la générale lundi, il a été ovationné pour son interprétation du poète Rodolfo amoureux de Mimi (Selene Zanetti) qui, dans l’intrigue, est l’un des quatre artistes désargentés vivant dans une mansarde parisienne. Le baryton français Alexandre Duhamel, qui incarne le peintre Marcello, ne tarit pas d’éloges sur lui. « Je crois que Puccini a écrit des rôles de ténor exactement pour ce genre de voix », dit-il, dans une vidéo du théâtre parisien.
« Un défi énorme »
Souvent salué pour la fraîcheur de son timbre, ses nuances délicates, son chant puissant et surtout pour la quasi-perfection de sa diction en français – une rareté pour un non francophone –, Pene Pati prend de l’envergure à chaque prise de rôle. « Les gens qui ne sont pas dans le lyrique se demandent comme un garçon tellement éloigné du monde de l’opéra peut rencontrer le succès… c’était un défi énorme », confie le ténor né dans l’archipel des îles Samoa avant de grandir en Nouvelle-Zélande et d’être formé en Grande-Bretagne puis aux États-Unis.
Il rappelle l’histoire d’un de ses professeurs qui, se voulant pragmatique, lui a dit de ne pas être déçu s’il ne réussissait pas. « Quand je lui ai demandé pourquoi, il m’a répondu que ‘ce n’était pas mon truc’ », se souvient-il. « J’ai réalisé quelque chose que moi-même je ne pensais possible », affirme le ténor qui excelle dans la technique du bel canto, basée sur la virtuosité.
En plus de la voix, c’est toute son attitude décontractée qui semble séduire. « Je prends plaisir plus que je ne tente (…) d’impressionner avec ma technique », dit le ténor, marié à la soprano d’origine égyptienne Amina Edris, également dans la distribution de La Bohème.
« Pour pouvoir jouer au rugby, il fallait chanter dans la chorale »
Un regret pour celui qui chante de Toronto à Barcelone : que ses parents, vivant en Nouvelle-Zélande, ne l’aient presque jamais entendu chanter sur scène. Les louanges de la critique « me touchent car (…) ça n’a pas été un parcours facile, j’apprends encore mais je me dis que ça a valu la peine », confie le ténor, ému.
Il était tombé amoureux du chant grâce à une idée ingénieuse à son école selon laquelle pour pouvoir jouer au rugby, il fallait chanter dans la chorale. Très souvent comparé à Pavarotti – un des premiers ténors qu’il découvre sur YouTube –, il estime qu’il s’agit à la fois d’une « bénédiction et d’une malédiction ».
Si c’est « un grand plaisir » d’être comparé au Tenorissimo, « le problème est que chaque chose que je fais est scrutée ; si je chante une note qui n’est pas top, on va me dire ‘mais Pavarotti ne chantait pas comme ça’…mais je suis pas Pavarotti ! », rit-il.
Des mélodies des îles Samoa, de Hawaï ou des Tonga
Son rêve est de mettre la musique du Pacifique sur le devant de la scène, avec notamment une orchestration de mélodies des îles Samoa, de Hawaï ou des Tonga. « C’est une région basée sur le chant ; ils chantent leurs histoires et légendes aux jeunes générations… ils ne se rendent pas compte qu’ils vivent une vie d’opéra ! », sourit-il.
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