En mai 2003, l’International Trade and Business Law Annual (L’annuaire du commerce international et du droit des affaires) publiait un article traitant des nouvelles lois belges sur l’euthanasie, adoptées le 28 mai 2002.
Rédigé par le professeur Walter De Bondt, de l’université de Gand, cet article donnait un aperçu sur ce qu’était cette loi presque inédite sur la mort volontaire assistée (MVA). Un seul gouvernement avait adopté une législation similaire avant la Belgique, celui des Pays-Bas.
La loi belge sur l’euthanasie, qui est entrée en vigueur le 22 septembre 2002, définit l’euthanasie dans l’article 2 comme une « interruption intentionnelle de la vie par une personne autre que l’intéressé, à la demande de celui-ci ».
L’article 14 stipule explicitement qu’une personne pratiquant la médecine ne peut être contrainte d’effectuer l’euthanasie.
L’article 15 indique que : « Une personne qui meurt à la suite d’une euthanasie pratiquée dans les conditions prévues par la loi, est considérée comme étant décédée de cause naturelle en ce qui concerne l’exécution des accords dont elle était partie prenante, et notamment, les conventions d’assurance. » La loi décrit ensuite en détail la procédure d’euthanasie.
La législation sur la mort volontaire assistée, une fois adoptée et mise en œuvre, devient presque impossible à abroger.
Ainsi, les seules discussions autour de cette législation porteront désormais sur la manière dont elle pourra être libéralisée davantage.
L’évolution de la loi belge illustre déjà ce phénomène. En effet, depuis sa création, la loi a été modifiée et les enfants sont désormais autorisés à demander l’euthanasie. L’amendement a été adopté le 13 février 2014 et a rendu légale l’euthanasie par injection létale pour les enfants, supprimant ainsi toute barrière d’âge à cette pratique.
Cette culture de la mort est maintenant détaillée dans un nouveau livre très sérieux du révérend australien John Fleming, intitulé To Kill or Not to Kill : Euthanasia in a Society with a Cultural Death Wish (Tuer ou ne pas tuer : l’euthanasie dans une société marquée par une culture de la mort). Le livre défend avec rigueur le caractère sacré et inviolable de la vie et constitue une plaidoirie éloquente contre la culture de la mort que la société adopte progressivement.
Ce livre repose sur une série de questions pertinentes à la lumière desquelles l’adoption de lois sur l’euthanasie est envisagée et évaluée.
John Fleming note avec justesse que « l’euthanasie comme objet de réflexion n’est qu’une partie, mais une partie représentative, de la détermination de certaines élites à déchristianiser les sociétés occidentales, à débarrasser la société des ingrédients les plus importants de la société civile ».
Selon lui, la mort volontaire assistée crée une pente glissante. Désormais, toute tentative de stopper le processus est vouée à l’échec. Par ailleurs, la pratique, une fois légitime, va stimuler une « demande ». Comme l’écrit William Tighe dans l’avant-propos, le livre explore toute l’étendue des « contextes juridiques, médicaux, philosophiques, religieux et sociaux dans lesquels la défense de l’euthanasie légalement autorisée est devenue une réalité répandue et florissante dans le monde d’aujourd’hui ».
Le fait que William Tighe admette que la défense de l’euthanasie est « florissante », suppose une pratique déjà largement répandue.
Il ne fait aucun doute que de nombreux Belges sont favorables à l’adoption d’une telle loi. Beaucoup s’indignent lorsqu’on ose remettre en question l’aspect moral de l’euthanasie. Une majorité considère la mort volontaire assistée comme un droit sacré, leur permettant d’assumer le contrôle total de leur corps et de décider comment et quand mourir.
Entre 2002 et 2020, environ 24 000 personnes ont été officiellement euthanasiées en Belgique.
Dans le chapitre neuf de son livre, M. Fleming décrit de manière convaincante en quoi l’adoption de la législation belge en 2002 a engendré une pente glissante.
L’euthanasie est d’autant plus problématique, démontre-t-il, quand les doses létales sont administrées sans demande explicite des patients (ce qui arrive régulièrement), ou lorsque les médecins omettent de signaler l’euthanasie d’une personne à la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation qui la supervise, n’étant pas sûrs de l’avoir effectuée.
Le droit à la mort ne figure pas dans la panoplie internationale des droits de l’homme. Au contraire, ils mettent l’accent sur le droit à la vie.
L’article 6, paragraphe 1, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations unies stipule que : « Tout être humain a un droit inhérent à la vie. Ce droit est protégé par la loi. »
De facto, la mort volontaire assistée réduit également à néant le serment d’Hippocrate.
Il est inquiétant de constater que la confiance qui doit exister entre les patients – en particulier les patients âgés ou vulnérables – et leurs médecins sera mise à rude épreuve, car on ne peut plus présumer que les médecins s’efforceront de prolonger la vie d’un patient grâce à des soins palliatifs.
Timothy Costelloe, archevêque de Perth, a demandé dans une lettre s’il était « éthiquement admissible de mettre délibérément fin à sa propre vie, de demander à une autre personne de vous aider à le faire, ou d’aider intentionnellement une autre personne à le faire. »
Dans ce contexte, M. Fleming rappelle aux lecteurs que le droit à la vie est un droit inaliénable et que la survie de notre civilisation dépend du maintien de la règle morale selon laquelle on ne tue pas. La pente glissante créée par la classe politique est un signe avant-coureur de l’effondrement moral de la civilisation occidentale.
Depuis les années 1970, on assiste à une tendance implacable pour changer de façon permanente les normes morales qui, pendant des centaines d’années, ont assuré la cohésion de nos sociétés. Cette marche est illustrée par l’industrie de l’avortement, les droits des transsexuels et la législation sur la mort médicalement assistée.
Depuis 2002, la loi a été promulguée partout en Australie, sauf en Nouvelle-Galles du Sud et dans les territoires.
Ces développements supposent que les gens ont le droit à un pouvoir total sur leur corps, tout en défiant des siècles de tradition visant à préserver le caractère sacré et inviolable de la vie.
Dans sa critique de l’ouvrage de John Fleming, le commentateur social Paul Collits affirme qu’il s’agit d’un travail « d’une immense érudition, d’une vaste recherche interdisciplinaire, d’une conscience politique et d’un regard aiguisé, enrichi de la sagesse du monde et du sens politique d’un praticien. La conviction de M. Fleming, par-dessus tout, est que les bons arguments comptent dans les débats critiques, même à notre époque de clichés superficiels et de politiques axées sur les groupes cibles ».
La publication du livre de M. Fleming est importante et opportune, elle met en lumière les dérives de la déchristianisation.
Ce livre devrait être promu et lu largement. Il rappelle à point nommé que la civilisation occidentale, marquée par de nombreuses décennies de décadence morale continue, a créé une pente glissante qui engendrera une demande croissante d’aide pour se donner la mort.
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