Invité à s’exprimer sur la chaîne Paris Première, le général Pierre de Villiers est revenu sur les déclarations d’Emmanuel Macron qui avait promis de faire un effort budgétaire « inédit et incomparable » lors de ses vœux aux armées au début de l’année.
Le 28 novembre, Pierre de Villiers était invité dans l’émission Zemmour et Naulleau diffusée sur Paris Première à l’occasion de la parution de son dernier livre Qu’est-ce qu’un chef ?
Interrogé par Éric Zemmour, l’ancien chef d’état-major des armées est revenu sur la promesse faite par Emmanuel Macron au début de l’année.
Lors de ses vœux aux armées, le président de la République avait en effet annoncé qu’il augmenterait le budget de la Défense de 1,8 milliard d’euros dès 2018, qualifiant cette mesure d’effort « inédit et incomparable ».
Une promesse non tenue selon Éric Zemmour, qui a expliqué que les dernières décisions budgétaires révélaient « l’embrouille » du chef de l’État.
« Emmanuel Macron a mis au compte du budget des armées tout le prix des opérations exceptionnelles [menées en 2018], au Mali, etc., et donc les 400 millions qui vont être payés là, c’est autant de moins pour le vrai budget de l’armée qu’il a soi-disant augmenté », affirme l’éditorialiste.
La « technique budgétaire dont Bercy a le secret»
« Sur la promesse de la sanctuarisation du budget de la Défense que vous évoquez, j’attends de voir comment on va terminer la gestion 2018, nous ne sommes que fin novembre, nous verrons le 31 décembre au soir», répond le général de Villiers.
« Aujourd’hui, la promesse, je considère qu’elle n’est pas tenue effectivement ; car dans cette promesse il y avait une budgétisation des opérations intérieures- extérieures portées à 650 millions d’euros, le complément devait être en financements interministériels», poursuit le militaire.
« Avec de la technique budgétaire, dont Bercy a le secret, il manque 400 millions d’euros. Et ces 400 millions d’euros ne sont jugés pas manquants parce qu’ils n’auraient pas été dépensés. Bon, si vous voulez, mais je ne suis pas un lapin de six semaines», conclut l’ancien chef d’état-major.
Quelques minutes auparavant, le frère de Philippe de Villiers avait regretté le fait que « les décisions sont prises selon un critère financier, budgétaire, parfois même comptable ; et pas suivant une vision avec un cap et un chemin ».
« Il faut avoir une vraie connaissance de ce qu’est l’autorité »
Revenant sur le contenu de son dernier ouvrage, où il expose sa vision de la notion d’autorité, Pierre de Villiers a insisté sur la portée du lien qui unit le chef à ses subordonnés :
« Le plus important quand l’on est chef, c’est d’être suivi. […] Pour être suivi, il faut l’adhésion, et pour avoir l’adhésion, il faut s’occuper d’abord de la personne. »
« Le premier critère quand l’on prend une décision, il est très simple : quelles seront les conséquences concrètes de cette décision sur les gens que j’ai l’honneur de commander ? »
« Il faut avoir une vraie connaissance de ce qu’est l’autorité. Un militaire – c’est dans les textes, dans le code de la défense – est conseiller du gouvernement, et un conseiller, ce n’est pas un courtisan », précise le soldat.
« Je ne suis pas un comédien : je dis ce que je pense, je pense ce que je dis », conclut celui qui est, jusqu’à aujourd’hui, le seul chef d’état-major des armées à avoir démissionné sous la Ve République.
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