Zinédine Zidane est né sous une bonne étoile, celle de champion du monde 1998, exploit fondateur d’un destin d’exception. Mais le meneur de jeu déroutant, devenu entraîneur triomphant, s’est souvent avéré imprévisible dans ses décisions, jusqu’à son retour en sauveur au Real Madrid lundi. Cet art du contre-pied, l’icône du football français (46 ans) l’a entretenu au point de surprendre la planète par deux décisions retentissantes en l’espace de neuf mois.
D’abord son choix de quitter le banc du Real en pleine gloire, quelques jours seulement après un troisième sacre consécutif en Ligue des champions, série inédite pour un technicien. Puis en acceptant de sortir de son année sabbatique pour revenir au même poste dès l’année suivante, avec le défi de remettre en jeu son image triomphale pour tenter de reconstruire une équipe en fin de cycle.
Une décision prise avec les tripes, à l’intuition. « Si je pensais au fait de remettre (mon bilan) en cause, je ne reviendrais pas. Je n’ai jamais pensé comme ça. Je pense à ce que mon cœur m’a dit: tu t’es bien reposé maintenant », a expliqué Zidane lundi. Ce côté déconcertant est une constante de ses deux carrières, le propre d’un talent hors norme qui a toujours ébloui et surpris son monde. Comme quand, après avoir pris sa retraite internationale en 2004, il était revenu soudain en équipe de France en 2005, jusqu’à conduire les Bleus jusqu’en finale du Mondial-2006 contre l’Italie.
Ce coup de théâtre s’était achevé sur un coup de tête sur l’Italien Marco Materazzi en mondiovision et un carton rouge pour clore étrangement sa carrière de joueur. Dans sa seconde vie aussi, Zidane a cultivé les chemins de traverse. Il aurait pu confortablement jouir de sa célébrité et de ses partenariats publicitaires. Mais « Zizou » voulait se former, étudier, gagner par mérite ce que l’on lui offrait par notoriété.
« J’ai arrêté l’école très tôt, je me devais de me préparer. J’ai bien fait de prendre le temps avant de me lancer là-dedans parce qu’aujourd’hui, je vois la complexité que c’est pour être performant », déclarait Zidane l’an dernier. Resté à Madrid où ses quatre fils jouaient au Real, le Marseillais a occupé tous les postes au sein du club: conseiller du président, directeur sportif, entraîneur adjoint, entraîneur de la réserve, jusqu’à s’asseoir en janvier 2016 sur le banc de l’équipe première malgré son inexpérience.
En à peine deux ans et demi, « ZZ » a sublimé le talent d’une équipe entière, détrônant les plus grands entraîneurs de l’histoire au palmarès de la prestigieuse Ligue des champions. Qui aurait pu prédire un tel destin en voyant le jeune « Yazid », comme l’appellent ses proches, pousser ses premiers ballons au pied des immeubles de la Castellane, cité de Marseille occupée à l’origine par des dockers et rapatriés d’Algérie ?
La vie du garçon réservé, issu d’une famille de cinq enfants aux parents originaires de Kabylie, a basculé le soir du 12 juillet 1998, quand deux buts de la tête ont porté l’équipe de France sur le toit du monde (3-0 face au Brésil). A 26 ans, « Zizou » devient l’idole d’une foule en liesse sur les Champs-Elysées, le porte-drapeau de la triomphante génération « black-blanc-beur », dont l’euphorie est prolongée deux ans plus tard sur un sacre à l’Euro-2000.
En 2001, il rejoint ce qui deviendra « le club de (sa) vie », le Real Madrid, recruté, déjà, par le président Florentino Pérez, à qui il offre la C1 2002 d’une reprise de volée mémorable. Le début d’« une histoire d’amour belle et éternelle », selon les mots de Pérez à l’AFP.
Après sa carrière de joueur, Zidane s’imagine un nouveau destin, celui d’entraîneur, à la surprise générale. Il y révèle un vrai potentiel de meneur d’hommes et une aura inégalable, avec au total neuf trophées remportés sur 13 possibles. Joueur taiseux devant les micros, l’ancien Ballon d’Or devient un as de la communication, à coup de sourires mystérieux et phrases toutes faites. Il s’avère aussi un stratège redouté.
Longtemps, ses détracteurs en Espagne l’ont dépeint en simple « remplisseur de feuille de match », bien aidé par sa « fleur » (sa bonne étoile) et les buts de Cristiano Ronaldo. Un à un, il les a fait taire. « Silence, le patron est de retour », a écrit lundi le quotidien espagnol As. Le voilà face à un nouveau défi, encore plus ardu: reconstruire de fond en comble une équipe qui a tout gagné, et cette fois sans Ronaldo. Y parviendra-t-il ? Avec Zidane, il ne faut jurer de rien.
D.C avec AFP
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.