À quelques jours de la COP23 qui se déroulera à Bonn, les Nations Unies envoient un message on ne peut plus clair aux États : il existe un « écart catastrophique » entre les engagements pris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les efforts mis en place pour s’aligner sur ces objectifs.
Les accords de Paris visaient à maintenir la hausse de la température planétaire « nettement en dessous de 2° par rapport aux niveaux préindustriels ». Les experts sont optimistes sur la stabilisation des émissions des États-Unis et de la Chine, qui ont moins recours aux énergies fossiles. Les émissions mondiales ont suivi et stagnent à un peu moins de 36 milliards de tonnes (ou 46 Gt tonnes) de CO2. Ces énergies sont responsables de 70% du total des rejets de gaz à effet de serre.
Cependant, « si la croissance de l’économie mondiale s’accélère », les efforts seraient perdus, estime l’ONU. En effet, les projections montrent qu’au rythme actuel, il faudrait plafonner les rejets mondiaux à 42 Gt et viser 35 Gt pour pouvoir espérer demeurer en dessous de la barre de 1,5°C.
L’ONU Environnement s’inquiète d’une « situation très préoccupante ». « Il est urgent d’accélérer l’action à court terme et de renforcer les ambitions nationales à long terme. Il est clair que si l’écart [entre les réductions d’émissions nécessaires et les engagements des pays] n’est pas comblé d’ici à 2030, il est extrêmement improbable que l’objectif de maintenir le réchauffement global bien en dessous de 2 °C puisse encore être atteint », fait valoir le rapport.
Actuellement, les engagements signés par les 195 pays parties prenantes de l’accord de Paris permettront d’accomplir « approximativement un tiers du chemin ».
Et s’il n’y a pas d’efforts supplémentaires, l’humanité aura consommé 80% de son « budget carbone », c’est-à-dire la quantité de CO2 qu’elle peut encore relâcher dans l’atmosphère sans dépasser les 2° de réchauffement, et 100% de son budget lui permettant de rester en dessous de 1,5°C.
Le GIEC doit rendre un rapport spécial en automne 2018 et donner ses estimations sur les avancées et la possibilité ou non de franchir le niveau de 1,5°C.
Il existe pourtant des solutions et l’ONU reste optimiste. En agissant avec détermination avec tous les secteurs économiques, on pourrait faire baisser les émissions de 30 Gt à 40 Gt par an. Le développement de modes de transports alternatifs, l’arrêt de la déforestation, le reboisement pourraient à eux seuls faire chuter les émissions annuelles de 22 Gt. « Une rupture dans les technologies et les investissements peut réduire les émissions, tout en créant d’immenses opportunités sociales, économiques et environnementales », pointe Erik Solheim, Directeur norvégien de l’ONU Environnement.
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