Le dernier passeur de Franche-Comté est décédé ce samedi 7 novembre. Le Résistant et ancien déporté de Dachau Bernard Bouveret était âgé de 96 ans.
« Il a été de ceux qui ont ouvert des chemins de liberté », témoigne auprès de France Info Gisèle Tuaillon-Nass, qui a recueilli les paroles du Jurassien pendant une année pour écrire le livre Le rendez-vous des sages : Itinéraire d’un passeur-résistant, Bernard Bouveret.
Il avait « cette conscience de l’oppression allemande, de la résistance qui est venue petit à petit tout simplement parce qu’on le privait de sa liberté », a ajouté l’écrivaine.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Bernard Bouveret a sauvé 200 vies en guidant des familles juives dans l’épaisse forêt du Risoux, le massif longeant la frontière avec la Suisse voisine.
Bernard Bouveret n’était qu’un adolescent de 16 ans lorsque les Allemands sont arrivés dans son village de Chapelle-des-Bois, la commune la plus au sud du département du Doubs, limitrophe avec le Jura et la commune suisse de Chenit.
« Un soldat allemand a arraché le petit drapeau tricolore que j’avais sur mon vélo, en me disant ‘France finie !’ J’ai serré mon poing dans la poche et je me suis dit la France finie, on va bien voir ! » a raconté Bernard Bouveret à la caméra de France 3 lorsqu’il avait 95 ans.
Sa « carrière » de résistant a commencé à la suite de cet incident avec des missions de transport de documents secrets tels que du courrier et des micro-films. Vu qu’il connaissait la forêt comme sa poche, le Jurassien est rapidement devenu le passeur le plus fiable du réseau.
« Une fois, il y avait une dizaine de personnes, dont deux petits gamins. On les a portés sur nos épaules avec un ami qui était là puis on les a montés jusqu’à la frontière et puis une fois qu’ils étaient sûrs en Suisse, on les mettait sur un chemin où ils ne pouvaient plus se perdre et descendaient automatiquement sur la Suisse », avait expliqué le Résistant, évoquant ses souvenirs.
Lors d’une expédition, il s’est fait tirer dessus par les Allemands, mais a eu plus de chance que son copain, qui est mort. En 1944, le Jurassien a été arrêté par la gestapo et envoyé au camp de concentration de Dachau.
Selon La Voix du Jura, Bernard Bouveret laisse derrière lui le souvenir d’un homme « droit, engagé, qui faisait l’admiration de tous ».
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