Classes fermées, trains annulés et nombreux défilés : les syndicats organisent mardi une troisième mobilisation contre la réforme des retraites, maintenant la pression sur l’exécutif, mais aussi les députés qui viennent d’ouvrir les hostilités dans l’hémicycle.
Au deuxième jour de l’examen du texte qui a débuté lundi dans une ambiance houleuse, les députés auront l’œil sur les mobilisations.
Dans le secteur clé des transports, les grèves ont un peu moins d’impact, mais la circulation des trains et métros reste « fortement perturbée » à la SNCF et à la RATP.
« Je pars beaucoup plus tôt que d’habitude. C’est la 3e fois en quelques jours donc on commence à savoir quoi faire », glisse Sydsa Diallo, 36 ans à la gare RER de Massy-Palaiseau.
« Mon train n’a pas été annulé mais je suis venue à pied au lieu de prendre le bus », confie Hélène Dufour, 57 ans, en gare de Marseille Saint-Charles.
Conséquence des perturbations dans les transports en commun, le trafic routier était particulièrement élevé en Île-de-France.
Un mouvement qui ne faiblit pas
Au Havre, des manifestants ont commencé à bloquer les entrées et sorties de la ville dans la matinée, selon Mathieu Prevost, responsable de l’union locale FO.
Réforme des retraites: plusieurs grèves au Havre aujourd’hui pic.twitter.com/uYMg9bJXIj
— BFM Normandie (@BFM_Normandie) January 26, 2023
Dans l’énergie, la CGT revendique une baisse d’environ 4500 MW de production d’énergie, l’équivalent de plus de quatre réacteurs nucléaires. Plus d’un salarié sur deux (56%) des raffineries TotalEnergies sont en grève selon la direction, entre 75 et 100%, selon la CGT.
À la raffinerie Total de La Mède (ouest de Marseille), la grève a été lancée pour 48 heures. « Aucun produit ne sort du site », a résumé Fabien Cros (CGT).
Unis contre le report de l’âge légal à 64 ans, les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) entendent continuer à mettre la pression sur l’exécutif, après deux journées réussies à plus d’un million de manifestants, selon les autorités.
Vacances obligent, moins de grévistes sont attendus chez les enseignants. Des lycéens se sont mobilisés au petit matin, comme à Rennes au lycée Jean-Macé ou à Marseille devant Victor-Hugo. À l’université de Rennes-2 et Jean-Jaurès à Toulouse, des étudiants ont voté le blocage lundi. Le campus de Lille II a aussi été brièvement bloqué, tandis qu’à Tolbiac, à Paris, plusieurs dizaines d’étudiants ont bloqué les ascenseurs et distribuaient des tracts devant l’entrée.
200 rassemblements
Avec plus de 200 rassemblements dans le pays, une source fiable anticipe une fourchette de 900.000 à 1,1 million de manifestants, dont 70.000 maximum à Paris.
Onze mille policiers et gendarmes seront mobilisés, dont 4.000 dans la capitale.
Les syndicats savent qu’il leur sera difficile de dépasser le record du 31 janvier, 1,27 million selon la police. Aussi le numéro un de la CFDT Laurent Berger se projette vers la prochaine journée de samedi, qui doit être « une fête du travail, avec des cortèges pacifiques et festifs ».
Le président « joue avec le feu« , estime Philippe Martinez (CGT), dont les troupes se tiennent prêtes à hausser le ton la semaine prochaine, notamment dans l’énergie et le rail.
« On ne peut pas gouverner très longtemps contre son propre pays », a averti mardi Olivier Faure (PS), Sandrine Rousseau (EELV), affirmant que les élus de gauche sont « la continuation de ce mouvement social au sein de l’Assemblée ».
Une majorité déterminée, mais isolée
Du côté de la majorité, l’élu Renaissance Marc Ferracci assure que la détermination est « forte » et « va rester » pour tenir la promesse de campagne d’Emmanuel Macron.
« L’immobilisme n’est pas permis », affirme Olivier Dussopt. Fragilisé par des soupçons de « favoritisme » dans l’attribution d’un marché public lorsqu’il était maire en Ardèche, le ministre du Travail s’est dit « ouvert aux améliorations » sur le texte.
Après les concessions accordées sur les petites pensions, puis les carrières longues, il a évoqué un « bilan d’étape » au Parlement, avant la présidentielle de 2027. Une nouvelle main tendue à la droite, dont les voix seront cruciales pour éviter de recourir au 49-3.
Aurélien Pradié, député LR qui menace de ne pas voter le texte, ne « claque pas de porte », mais il s’est dit convaincu sur Public Sénat qu’il faut « tenir bon » sur les carrières longues.
Les chances que tous ces sujets soient abordés sont incertaines, avec plus de 20.000 amendements au menu, avant la date-butoir du 17 février.
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