Si l’âge reste la première discrimination à l’embauche, certaines entreprises, par besoin d’effectifs, de compétences ou par choix sociétal, recrutent des seniors sans attendre l’« index » prévu dans la réforme des retraites pour changer les comportements.
Depuis 2019, dans le Val-de-Marne, les entreprises vertueuses peuvent obtenir le label « Emploi 45+ » pour leurs actions en matière de recrutement mais aussi d’intégration et d’évolution professionnelle des plus de 45 ans.
« 45 ans, ça semble jeune mais c’est là que les demandeurs d’emploi commencent à être confrontés aux réticences des entreprises », dit à l’AFP Daniel Pigeon-Angelini, directeur du Comité de Bassin Emploi du Sud Val-de-Marne, à l’origine du label expérimental.
Une quinzaines d’entreprises ont été labellisées dans le Val-de-Marne.
Parmi elles, NGE, groupe de BTP qui emploie 12.000 personnes en France, a recruté 465 seniors en 2022, à côté de 1000 apprentis.
« Ils ont à cœur de ne pas décevoir »
Dans le BTP, à côté de métiers physiques, « il y a aussi beaucoup de fonctions d’encadrement de chantiers ou tertiaires liées aux projets », souligne-t-il.
« Ils ne viennent que pour sept ou 10 ans avant la retraite, mais comme ils sont satisfaits d’avoir un nouvel employeur, ils ont à cœur de ne pas décevoir », ajoute M. Pavie, « profondément marqué par les pertes de culture d’entreprise » lorsqu’il a opéré des plans sociaux en début de carrière à la fin des années 1980.
Au groupe Elior, qui emploie 22.000 personnes en restauration collective et 20.000 dans les services (nettoyage…) en France, « les seniors seront aussi considérés qu’un jeune, et nous les recrutons à tous les postes, serveur, plongeur, chef gérant, chef de cuisine… », assure son DRH Arnaud Debars-Johner.
Sur 2022, parmi les recrutements en CDI, « plus de 30% avaient plus de 45 ans, et plus de 18% avaient plus de 50 ans, sachant qu’on recrute 2500 CDI en moyenne par an », souligne-t-il.
Mais ces exemples sont encore peu nombreux, expliquant que la France soit en-dessous de la moyenne européenne pour l’emploi des 55-64 ans (56% contre 60,5%).
« Les entreprises, surtout les grandes, ont appris à mieux garder les seniors, mais pas encore à les embaucher » en dépit de leurs difficultés de recrutement, reconnaît Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des DRH (ANDRH).
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