Les avocats, qui ont durci lundi la grève contre la réforme des retraites avec de nouvelles actions de blocages, étaient toujours massivement mobilisés mercredi, certains allant jusqu’à jeter leur robe devant la garde des Sceaux Nicole Belloubet en déplacement à Caen.
« 100% des barreaux sont en grève, et en grève dure. Ca n’est jamais arrivé. Ca traduit une exaspération totale des avocats », a déclaré à l’AFP Christiane Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des barreaux (CNB), à l’initiative de cette mobilisation nationale.
⚡??VIDÉO – Visite mouvementée à #Caen pour la ministre de la Justice. Selon Le Liberté, Nicole #Belloubet est entrée dans le tribunal de grande instance par une porte dérobée. Des images de O.-France montrent des avocats jeter leur robe dvt la ministre.https://t.co/0XwVA2z2Dl
— Brèves de presse (@Brevesdepresse) January 8, 2020
A Caen, environ 70 avocats ont en signe de protestation jeté leur robe noire aux pieds de la ministre de la Justice, venue évoquer la récente fusion des tribunaux d’instance et de grande instance, a constaté un correspondant de l’AFP.
« C’est un geste fort et symbolique: c’est une manière de dire à la ministre que cette réforme (des retraites) est en train de tuer des avocats », a déclaré Me Marie-France Mouchenotte.
Les avocats caennais en grève contre la réforme des retraites jettent leur robe face à leur ministre Nicole Belloubet pic.twitter.com/Id50zNEv8R
— France Bleu Normandie (Calvados, Orne) (@fbleubnormandie) January 8, 2020
Auparavant, des avocats avaient utilisé des trompettes et des klaxons dans le tribunal pour exprimer leur mécontentement et tenter de perturber la visite de la ministre.
Des avocats grévistes ont quant à eux bloqué mercredi matin le palais de justice de Nice, verrouillant le portail d’entrée avec un gros cadenas. Comme dans de nombreuses autres juridictions, la plupart des audiences prévues à Nice sont renvoyées depuis lundi du fait de la grève, y compris aux assises.
Selon Mme Féral-Schuhl, le mouvement s’est notamment traduit par « des renvois d’audience par milliers » et des refus de désignations d’avocats en matière d’aide juridictionnelle, pour les gardes à vue, les étrangers, les mineurs, désorganisant ainsi le fonctionnement des juridictions.
Dès lundi, des barreaux avaient voté une « grève totale » d’une semaine et certains « ont d’ores et déjà reconduit (leur mouvement) la semaine prochaine », a indiqué la présidente du CNB.
Les avocats redoutent « un doublement des cotisations à 28% et la baisse des pensions »
Plus gros barreau de France avec 30.000 avocats – sur 70.000 au total -, celui de Paris a annoncé avoir reconduit sa grève totale « jusqu’au 14 janvier inclus, comprenant le renvoi de toutes les audiences, la grève des désignations et des permanences ainsi que l’annulation des consultations gratuites ».
« Nous n’avons obtenu aucune garantie claire sur la pérennité de notre régime autonome, dont nous exigeons le maintien. Notre régime ne coûte rien aux contribuables et participe déjà à la solidarité nationale à hauteur de près de 100 millions d’euros par an », a souligné dans un communiqué le bâtonnier de Paris, Olivier Cousi.
Avec le projet de réforme, « beaucoup de cabinets d’avocats ne survivront pas au doublement de leurs cotisations tel que prévu par le régime universel », ajoute Me Cousi.
Les avocats redoutent « un doublement des cotisations à 28% et la baisse des pensions » et accusent le gouvernement de rester « sourd à (leur) colère » et de n’entendre « que les professions qui bloquent la France ».
Dans une lettre adressée lundi à la présidente du CNB, et dont l’AFP a obtenu copie, Nicole Belloubet a rappelé les « nombreux échanges » entre ses services et les représentants des avocats, déplorant qu’un « profond malentendu subsiste » sur le projet de réforme.
Elle réitère dans ce courrier des propositions destinées à compenser les hausses de cotisations, « des mesures financières qui peuvent disparaître demain », craint Mme Féral-Schuhl.
Selon la présidente du CNB, une rencontre avec la garde des Sceaux est prévue « en début de semaine prochaine ».
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