Russie : trois avocats d’ Alexeï Navalny, mort en détention, condamnés à de lourdes peines de prison

Par Epoch Times avec AFP
17 janvier 2025 12:20 Mis à jour: 17 janvier 2025 12:26

La justice russe a condamné vendredi trois avocats de l’opposant Alexeï Navalny, mort en détention il y a près d’un an, à des peines de prison ferme pour des accusations d’extrémisme, un nouvel exemple de la répression en cours en Russie.

Les autorités russes sont engagées dans une campagne pour étouffer les détracteurs de Vladimir Poutine, en particulier des proches de Navalny et ceux dénonçant l’assaut russe contre l’Ukraine.

Les avocats Alexeï Liptser, condamné à 5 ans de détention, Igor Sergounine, condamné à 3 ans et demi, et Vadim Kobzev, condamné à 5 ans et demi, avaient été arrêtés en octobre 2023, alors que l’opposant numéro un au président russe était encore vivant.

« Pour avoir transmis les pensées de Navalny à d’autres personnes »

Ils étaient accusés de participation à l’organisation du défunt, classée « extrémiste » par la Russie. « Nous sommes jugés pour avoir transmis les pensées de Navalny à d’autres personnes », a dénoncé devant la cour fin décembre l’avocat Vadim Kobzev, cité par Novaïa Gazeta.

La justice leur reproche d’avoir transmis à Alexeï Navalny, incarcéré en Russie à partir de janvier 2021 jusqu’à sa mort en prison le 16 février 2024, des informations lui permettant prétendument de « planifier, préparer (…) et commettre des crimes extrémistes » depuis sa cellule, selon les enquêteurs.

L’ensemble des débats à huis clos

Le procès se déroulait depuis mi-septembre devant un tribunal de Petouchki, dans la région de Vladimir, à l’est de Moscou, où se trouve également une des prisons où Alexeï Navalny avait été un temps incarcéré.

Après le début de la première audience, l’ensemble des débats a eu lieu à huis clos, comme c’est généralement le cas dans ce genre d’affaires. Selon un communiqué du tribunal, Igor Sergounine a plaidé coupable, contrairement aux deux autres avocats.

Lors de l’audience vendredi, Alexeï Liptser a salué quelqu’un d’un geste de la main et d’un petit sourire depuis la cage aux barreaux blancs réservée aux accusés. Les autres sont restés silencieux et concentrés, selon des journalistes de l’AFP présents.

Les trois avocats qui représentaient le défunt leader de l’opposition Alexei Navalny : Igor Sergunin, Alexei Liptser et Vadim Kobzev (de gauche à droite dans la cage des accusés), accusés d’avoir participé à une organisation « extrémiste », assistent à la lecture de leur verdict dans la ville de Petushki, dans la région de Vladimir, le 17 janvier 2025. (TATYANA MAKEYEVA/AFP via Getty Images)

Selon un avocat de la défense, Roman Karpinski, le dossier était fondé sur des écoutes des réunions en détention de M. Navalny avec ses avocats, ce qui constitue selon lui une « violation du secret professionnel » de l’administration pénitentiaire, qui a transmis ces enregistrements aux enquêteurs.

« Des prisonniers politiques »

L’opposante russe en exil Ioulia Navalnaïa, veuve d’Alexeï Navalny, a affirmé sur X que ces avocats étaient « des prisonniers politiques et (devaient) être libérés immédiatement ».

Yulia Navalnaya, épouse du défunt leader de l’opposition russe Alexei Navalny, assiste à la Conférence sur la sécurité de Munich (MSC), le jour où la mort d’Alexei Navalny a été annoncée par le service pénitentiaire de la région de Yamalo-Nenets où il avait purgé sa peine, à Munich, dans le sud de l’Allemagne, le 16 février 2024. (THOMAS KIENZLE/AFP via Getty Images)

L’ONG Amnesty International a critiqué une « tentative honteuse de réduire au silence ceux qui ont osé défendre Alexeï Navalny ».

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, a lui dénoncé une « nouvelle dégradation dans la situation déjà désastreuse des droits de l’Homme » en Russie.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriy Sybiga (à droite) et le ministre néerlandais des Affaires étrangères Caspar Veldkamp (à gauche) visitent le Mur du souvenir des soldats ukrainiens tombés au champ d’honneur, lors de leur rencontre à Kiev, le 16 janvier 2025, dans le contexte de l’invasion russe de l’Ukraine. (TETIANA DZHAFAROVA/AFP via Getty Images)

La répression frappe toutes les voix dissidentes

Depuis le début de l’assaut contre l’Ukraine, en février 2022, la répression frappe toutes les voix dissidentes en Russie.

Les avocats d’opposants étaient autrefois rarement emprisonnés, bien que soumis à une surveillance et à des menaces croissantes. Mais ces trois dernières années, plusieurs d’entre eux ont fui leur pays pour échapper à une arrestation, à l’instar de deux autres défenseurs de Navalny, Olga Mikhaïlova et Alexandre Fedoulov.

Un lourd chemin de répression jusqu’à sa mort dans une colonie pénitentiaire

Charismatique militant anticorruption et anti-Kremlin, Alexeï Navalny avait été arrêté à Moscou en janvier 2021 à son retour d’Allemagne, où il avait été hospitalisé après un empoisonnement qu’il imputait au Kremlin, qui a toujours nié.

Il avait ensuite été condamné à plusieurs peines, dont une de 19 ans de prison en août 2023 pour « extrémisme ».

L’opposant russe emprisonné Alexei Navalny est vu sur un écran via une liaison vidéo depuis la colonie pénitentiaire IK-3 au-dessus du cercle arctique, lors de l’audience de sa plainte concernant les restrictions imposées sur les livres et le matériel de lecture auxquels il peut avoir accès en prison, à la Cour suprême de Moscou, le 11 janvier 2024. (VERA SAVINA/AFP via Getty Images)

Navalny communiquait sur les réseaux sociaux essentiellement via des messages transmis à ses avocats, dans lesquels il dénonçait notamment l’offensive en Ukraine et appelait les Russes à « résister ».

Son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK), est classée « extrémiste » en Russie depuis 2021. Les circonstances de sa mort dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique restent obscures.

« Poutine fait cela pour vous effrayer »

La semaine dernière, Ioulia Navalnaïa a affirmé que la Russie refusait d’enlever son défunt mari de la liste des terroristes et extrémistes. « Poutine fait cela pour vous effrayer. Il veut que vous ayez peur de même mentionner Alexeï », a-t-elle dit.

Nombre de ses anciens collaborateurs, réfugiés à l’étranger, travaillent désormais avec sa veuve, qui a repris le flambeau de son mari sans pour autant réussir à unir une opposition divisée et éparpillée à l’étranger.

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