Sancta Sanctorum : la chapelle la plus sacrée de Rome

Cette chapelle paléochrétienne abrite des reliques sacrées et des œuvres d'art rares collectionnées par les papes romains

Par Da Yan
8 octobre 2024 01:03 Mis à jour: 8 octobre 2024 01:03

« Il n’y a pas de lieu plus saint au monde que celui-ci », peut-on lire sur le linteau central du Sancta Sanctorum. Niché dans le vaste complexe de la basilique Saint-Jean-de-Latran à Rome, le Sancta Sanctorum en latin est connu sous le nom de « Saint des Saints ». Cette chapelle privée est un rare vestige de l’architecture paléochrétienne dans un édifice aujourd’hui largement défini par ses rénovations Renaissance et baroque.

Pour beaucoup, le caractère sacré de la chapelle n’est pas infondé. Situé dans le siège traditionnel de la papauté et l’une des plus anciennes églises de la chrétienté, ce petit espace abrite un grand nombre de reliques sacrées, recueillies par les papes romains au fil des siècles et vénérées par des millions de personnes dans le monde catholique.

Au sommet de l’autel se trouve la fameuse acheiropoieta, une icône de Jésus-Christ datant du VIIIe siècle, dont on pense qu’elle n’a pas été peinte par la main de l’homme. Au Moyen Âge, elle était portée en procession lors des fêtes importantes de l’année liturgique.

L’acheiropoieta sur l’autel du Sancta Sanctorum. ( Sailko / CC BY 3.0 ) Un détail de l’acheiropoieta. (Franco Origlia/Getty Images)

Centre de la chrétienté occidentale

Si certains visitent la chapelle pour sa signification religieuse, d’autres y vont pour l’art. Au-dessus de la rangée de saints debout, ajoutée à la fin de la Renaissance, les murs supérieurs de la chapelle sont remplis de fresques datant d’environ 1278, que l’on ne voit pas souvent, même dans la Ville éternelle. Elles ont été réalisées à un moment historique, lorsque Rome s’affirmait à nouveau comme le centre politique et religieux de la chrétienté occidentale. L’art est devenu un vecteur essentiel de ce message.

Des fresques représentant des saints et des martyrs des premiers chrétiens ont été peintes au XIIIe siècle à l’intérieur du Sancta Sanctorum. (Fallaner / CC BY-SA 4.0)

L’un des thèmes centraux des tableaux est le martyre. Plutôt que de dépeindre le cycle de vie d’un saint en particulier, les tableaux mettent en évidence cinq moments différents de la mort, presque tous survenus à Rome pendant la persécution des chrétiens. Pierre, le premier pape, est représenté crucifié à l’envers, la tradition voulant qu’il se soit jugé indigne de mourir comme le Christ. L’apôtre Paul est décapité, du lait et non du sang s’écoulant miraculeusement de son cou. Étienne et Laurent, diacres de l’Église primitive, sont respectivement lapidé et brûlé sur un gril. Agnès, à peine adolescente, est condamnée à mort par décapitation pour sa foi inébranlable.

Fresque du martyre de saint Étienne à l’intérieur du Sancta Sanctorum. (Sailko / CC BY 3.0)

Ces scènes macabres ne sont toutefois pas destinées à évoquer l’horreur. Elles commémorent plutôt l’héroïsme des premiers martyrs chrétiens, dont les moments de mort ont marqué le triomphe de leur foi et de leur sainteté.

Le pape Nicolas et saint Nicolas

Alors que les scènes de martyre servaient à rappeler la signification spirituelle particulière de la cité papale, l’épisode singulier de la vie de Saint-Nicolas doit être considéré sous un angle différent.

Selon des récits légendaires, l’évêque des premiers temps de la chrétienté a sauvé trois jeunes filles de la prostitution en déposant secrètement, la nuit, des sacs de pièces d’or par leur fenêtre, afin que leur père puisse payer leur dot. Lorsque le père l’a découvert et a remercié le donateur, Nicolas lui a ordonné de garder le cadeau secret. Aujourd’hui, la plupart des gens le connaissent sous le nom de Père Noël.

Saint Nicolas, évêque de Myre, offre secrètement une dot à trois jeunes filles pauvres. (Sailko / CC BY 3.0)

Le saint est en fait l’homonyme du pape Nicolas III (vers 1225 -1280). Le pape a commandé la reconstruction et la décoration du Sancta Sanctorum dans le cadre de sa campagne de restauration de la ville médiévale délabrée.

Ici, dans sa chapelle privée, le pape est agenouillé dans le cadre gauche du cycle de fresques, entouré de Pierre et Paul et présentant une maquette de l’édifice au Christ intronisé. En tant que chef ecclésiastique et civique de Rome, il apparaît presque surdimensionné, les traits de son visage étant méticuleusement dépeints. Face aux puissantes menaces politiques des rois et des empereurs, Nicolas s’est efforcé d’affirmer la primauté de Rome et de ses citoyens en tant que véritables héritiers de l’autorité apostolique de l’Église ancienne. L’art et l’architecture sont alors devenus de puissants moyens de communication.

Fresque du pape Nicolas III présentant une maquette de l’édifice au Christ en trône. (Sailko / CC BY 3.0)

Ainsi, l’acte généreux du saint reflétait les dépenses princières du pape. Tout comme les jeunes filles pauvres ont pu conserver leur dignité et leur moralité grâce au don de saint Nicolas, le mécénat artistique et architectural du pape Nicolas a contribué à restaurer le statut de Rome en tant que vénérable cité papale, digne de beaux objets d’art et d’impressionnants monuments. Alors que la plupart de ses interventions de la fin du Moyen Âge ont été détruites par la négligence, les catastrophes et les reconstructions ultérieures, le Sancta Sanctorum reste un rappel brillant d’un moment important de renouveau dans la longue histoire de la ville éternelle.

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