En Arabie saoudite et au Qatar où il s’est rendu successivement, il n’a en revanche obtenu aucune percée dans la grave crise du Golfe qui oppose notamment ces deux pays. « Il n’y pas de signe fort indiquant que les parties sont prêtes à dialoguer », a-t-il déploré dans la soirée à Doha, semblant viser en particulier Ryad et ses alliés.
Dans la matinée, le chef de la diplomatie américaine avait assisté dans la capitale saoudienne à la première réunion de la Commission de coordination saoudo-irakienne, lancée solennellement par le roi Salmane d’Arabie saoudite et le Premier ministre irakien Haider al-Abadi.
Un Irak « indépendant et fort » va « permettre d’une certaine manière de contrecarrer les influences négatives de l’Iran », a-t-il dit. « Les milices iraniennes qui sont en Irak, maintenant que le combat contre le groupe terroriste État islamique touche à sa fin », « doivent rentrer chez elles, tous les combattants étrangers doivent rentrer chez eux », a-t-il insisté.
Il faisait référence au Hachd al-Chaabi, des unités paramilitaires qui regroupent plus de 60.000 hommes, pour beaucoup issus de milices chiites soutenues par l’Iran, formées en 2014 pour suppléer les forces gouvernementales irakiennes face aux jihadistes du groupe État islamique (EI). « Soit ils partent, soit ils intègrent les forces de sécurité irakiennes », une grande partie de ces miliciens étant irakiens, a précisé un haut responsable américain.
Rex Tillerson a toutefois ensuite assuré que le Premier ministre irakien contrôlait « totalement son pays ».
Il a aussi appelé l’Irak et l’Arabie saoudite à renforcer encore leur « relation vitale pour la stabilité » et la « sécurité » de la région.
« Malheureusement par le passé, les Irakiens ont eu des gouvernements (…) pas très amicaux à l’égard de l’Arabie saoudite », a dit pour sa part le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, saluant la nouvelle dynamique.
Face à son rival iranien, le royaume sunnite a entrepris de se rapprocher de Bagdad, après avoir longtemps eu des relations difficiles avec les gouvernements irakiens à dominante chiite et proches de Téhéran qui se sont succédé depuis 2003.
La visite de Rex Tillerson intervient moins de dix jours après la présentation par Donald Trump de sa stratégie face à l’Iran chiite, une de ses bêtes noires, accusé de « semer la mort, la destruction et le chaos ».
Tout en remettant partiellement en cause l’accord sur le nucléaire iranien pourtant cher à ses alliés européens, le président américain a expliqué vouloir combattre les activités « néfastes » de l’Iran notamment auprès du régime de Bachar al-Assad en Syrie.
Le Yémen, où Téhéran soutient les rebelles Houthis contre les forces loyalistes épaulées par Ryad, a également été au coeur des entretiens de Rex Tillerson.
La proximité avec l’Iran, c’est ce que l’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis et l’Égypte reprochent au Qatar.
Le 5 juin, deux semaines après une visite de Donald Trump à Ryad, ces quatre pays arabes ont rompu leurs relations diplomatiques avec Doha, également accusé de soutenir le « terrorisme ».
Le Qatar rejette ces accusations et dénonce une tentative de « mise sous tutelle » par ce « quartet ».
Depuis, cette crise d’une gravité sans précédent pour le Golfe est dans une impasse, malgré l’optimisme de Donald Trump, qui prédisait il y a un mois une issue positive rapide.
De retour dans la région après une mission sans succès en juillet, Rex Tillerson s’est borné à promettre de « continuer à travailler pour faciliter ce dialogue », tout en saluant les efforts de Doha dans la lutte antiterroriste et en constatant que le blocus économique imposé par le « quartet » pouvait avoir des effets contre-productifs.
L’Iran « est le seul espace aérien disponible pour le Qatar », a-t-il ainsi souligné, « voilà un exemple simple de ce qui nous préoccupe ».
La tournée de Rex Tillerson le conduira dans les prochains jours pour la première fois au Pakistan et en Inde, où il évoquera notamment le conflit en Afghanistan, ainsi qu’à Genève.
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