Le groupe laitier français Lactalis déverse des rejets toxiques dans les cours d’eau français. Plus de la moitié des usines ont été ou sont toujours en violation du code de l’environnement.
Selon une enquête publiée le 19 octobre par le média d’investigation Disclose, des usines du groupe laitier français Lactalis ne respectent pas le code de l’environnement en France, avec des pollutions de diverses natures.
Le site web d’investigation, qui a travaillé dans le cadre d’un partenariat avec Mediapart, Brut, France Culture, The Guardian, Envoyé Spécial (France2) et le site d’investigation Le Poulpe, s’est intéressé notamment aux installations industrielles en France du géant laitier, qui en compte 250 à travers le monde.
Selon Disclose, « entre 2010 et aujourd’hui (…) 38 usines Lactalis ont été ou sont toujours en violation du code de l’environnement » en France, « soit plus de la moitié des 60 établissements recensés et analysés dans le cadre de cette enquête ».
Disclose s’est basé sur des documents issus des Directions régionales de l’environnement (DREAL) et des Directions départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP). Ces usines sont des installations classées pour la protection de l’environnement, aussi appelées IPCE.
Pendant un an, @Disclose_ngo a enquêté sur le leader mondial du lait. Pour la première fois, nous vous dévoilons l’étendue des dérives et le sentiment d’impunité qui règne au sein de la multinationale Lactalis. Premier volet. https://t.co/SUgJWPMoGP
— Disclose (@Disclose_ngo) October 19, 2020
Des rivières polluées, des espèces de poissons protégés disparaissent
Ils citent en exemple une fromagerie du groupe Lactalis en Isère, condamnée en 2019 à 100 000 euros d’amende, dont 50 000 avec sursis pour ses rejets d’effluents dans une rivière ; la société laitière de Retiers, en Ille-et-Vilaine au sud-est de Rennes, filiale de Lactalis, condamnée à 250 000 euros pour avoir pollué la rivière La Seiche où des milliers de poissons dont certains sont des espèces protégées sont morts asphyxiés ; ou encore des rejets de la société fromagère de Riom.
Le @groupe_lactalis condamné pour la #pollution de la Seiche ?. Victoire pour les parties civles @Eauetrivieres @VitreTuvalu @BretagneVivante … Mais l’affaire n’est pas terminée : nouvelle audience sur le préjudice écologique en 2020 !
↪️https://t.co/LwOO2fodji pic.twitter.com/IKrnWmaqFX— Eau et Rivières de Bretagne (@Eauetrivieres) May 7, 2019
Le procès de la #pollution de la seiche se poursuit à #rennes . le procureur a requis 250.000€ d’amende pour le @groupe_lactalis et 50.000€ contre SPX. @VitreTuvalu @BretagneVivante pic.twitter.com/jyCTR0oATL
— Eau et Rivières de Bretagne (@Eauetrivieres) March 5, 2019
Des lacunes dans les contrôles ?
« Il est vrai que certains de nos sites peuvent présenter des non-conformités ponctuelles, mais à chaque fois nous proposons une solution rapidement pour résoudre ces incidents », a déclaré une porte-parole du groupe Lactalis, mettant en avant « 60 millions d’euros investis depuis 2010 » pour la modernisation des outils environnementaux.
Disclose cite aussi des cas où les analyses de rejets polluants effectués par Lactalis ne correspondraient pas à ceux réalisés par des inspecteurs. « À un moment ou à un autre, il peut y avoir des non-conformités, mais ça ne reste pas comme ça. On a des inspections, on a des procédures », réagit la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, selon le script d’une interview avec Disclose transmis par le ministère.
Les entreprises effectuent des auto-contrôles au niveau des stations d’épuration des usines, mais « il y a aussi des contrôles inopinés », complète Pascal Lagrabe, directeur adjoint de la Direction de la police à l’Office français de la biodiversité (OFB).
Plainte de France Nature environnement
France Nature environnement (FNE), qui fédère 3 500 associations, compte porter plainte concernant le site de Riom, a fait savoir une porte-parole, qualifiant les documents dévoilés par Disclose de « solides ». Des associations locales font état de pollutions liées à des sites Lactalis dans les Pays-de-la-Loire ou encore en Bretagne, a-t-elle encore indiqué.
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