Régionales 2015: victoire sur le fil des « Républicains »

14 décembre 2015 12:05 Mis à jour: 14 décembre 2015 13:47

Les Républicains (LR) et le « front républicain » voulu par le PS sont les vainqueurs « sur la ligne » des Régionales 2015, marquées par une nouvelle augmentation des votes pour le Front national.

On a senti un certain soulagement dans la classe politique française, au soir des résultats des Régionales. Le Front national (FN) en tête dans plusieurs territoires au premier tour n’a finalement remporté aucune région. Mais le signal d’alarme a été tiré pour les formations politiques au pouvoir, que ce soit pour les élections de 2017 ou pour la perte de confiance des Français vis-à-vis de la politique actuelle.

Après 17 ans, l’Île-de-France passe à droite

Après les départementales de mars, c’est la région Île-de-France qui est passée à droite, le 13 décembre. Valérie Pécresse l’emporte avec un score de 44% des voix face à ses adversaires directs, Claude Bartolone du PS (41,8%) et Wallerand de Saint-Just du FN (14,2%).

Succédant à Jean-Paul Huchon – à la tête du territoire depuis 1998, la nouvelle présidente de la région Île-de-France a basé son programme sur les entreprises et la sécurité. On pourra ainsi s’attendre à un renforcement de la sécurité aux abords des lycées pour lutter contre la prolifération des trafics de drogue, à une re-localisation de la consommation des produits régionaux, à une aide augmentée aux apprentis, etc. mais aussi une augmentation de 20% du budget de la culture, le tout accompagné d’une réduction de 400 millions d’euros sur le budget annuel.

On pourra reprocher les coups bas et les passes d’armes pendant cette campagne, notamment la récente polémique de Claude Bartolone, accusant Valérie Précresse de défendre « Versailles, Neuilly et la race blanche ». Une phrase assumée, caricaturale et politicienne à souhait, dans un contexte de montée du FN sur le territoire national.

Un contexte de montée du Front national

Malgré la défaite au second tour, le Front national sort renforcé des élections, avec des scores historiques au premier tour (6 millions de votants, 28% en moyenne des votes et en tête dans 6 régions sur 13). Quant à l’électorat, « les élections régionales confirment un vote FN particulièrement fort chez les plus jeunes et les couches les plus populaires », rapporte Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos.

Les électeurs du FN ont voté majoritairement pour des questions d’emploi (18%), de sécurité (17%) et d’immigration (15%). 37% d’entre eux disent adhérer aux idées du parti, 29% qu’il s’agit d’un vote de protestation, tandis que pour 74% il s’agissait de contester l’action du gouvernement.

On peut accorder au FN la gageure de montrer la santé politique du pays. Le parti frontiste se dote en effet d’une base d’électeurs de plus en plus solide, malgré un programme économique irréalisable et un discours populiste en continuelle protestation. Cependant si l’identité française, son histoire et ses traditions sont, comme pour chaque pays, essentielles à la stabilité d’une nation, on peut se demander pourquoi la classe politique dirigeante n’en a pas mesuré l’importance.

Ajouté à cela, si le FN a assagi son discours depuis quelques années, il n’en reste pas moins dans ses rangs des personnalités pour qui la race est un facteur discriminant – ce qui est une erreur ontologique de premier plan, avant tout aspect politique ou culturel.

Le « front républicain » et Les Républicains vainqueurs « sur la ligne » des élections

Devant la menace supposée de la montée du FN dans les régions, Manuel Valls a appelé à faire un « front républicain » dans les régions où le Parti Socialiste était en troisième position. Une consigne respectée, exceptée par Jean-Pierre Masseret dans le Grand Est, et qui a contribué selon toute vraisemblance à faire barrage à Marine Le Pen dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et à Marion Maréchal-Le Pen en PACA.

Chez Les Républicains, le son de cloche est différent du fait d’une position dominante dans les régions au premier tour. En se prononçant pour le « ni fusion ni retrait », le parti de droite a pu bénéficier du front républicain contre le FN voulu par le PS et d’une campagne d’entre-deux-tours davantage tournée vers les électeurs frontistes. Une décision prise dans un contexte politique complexe et particulier, qui donnera lieu après les Régionales à une nouvelle définition de la ligne politique des Républicains en février. En effet, avant les primaires de droite qui auront lieu en 2016, plusieurs élus à droite préconisent un retour vers les valeurs humanistes et centristes du parti, plutôt que vers sa droite ou son extrême droite, stratégie qui avait, en partie, valu à l’UMP sa défaite de 2012.

Les Républicains (LR), Parti Socialiste (PS), Front national (FN).

Île-de-France : Valérie Pécresse 44% (LR), Claude Bartolone 41,8% (PS), Wallerand de Saint-Just 14,2% (FN)

Nord-Pas-de-Calais-Picardie : Xavier Bertrand 57,7% (LR), Marine Le Pen 42,3% (FN)

PACA : Christian Estrosi 53,5% (LR), Marion Maréchal-Le Pen 46,5% (FN)

Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine : Philippe Richert 46,4% (LR-UDI-MoDem), Florian Philippot 36,9% (FN), Jean-Pierre Masseret 15,8% (ancienne liste PS)

Normandie : Hérvé Morin 36,59% (LR), Nicolas Mayer-Rossignol 35,64% (PS), Nicolas Bay 27,78% (FN)

Bretagne : Jean-Yves Le Drian 51% (PS), Marc Le Fur 29.5% (LR), Gilles Pennelle 19.2% (FN)

Pays-de-la-Loire : Bruno Retailleau 42% (LR), Christophe Clergeau 37,1% (PS), Pascal Gannat 20,6% (FN)

Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées : Carole Delga 44,6% (PS), Louis Aliot 33,8% (FN), Dominique Reynié 21,6% (LR)

Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente : Alain Rousset 44,1% (PS), Virginie Calmels 34,2% (LR), Jacques Colombier 21,7% (FN)

Auvergne-Rhône-Alpes : Laurent Wauquiez 41,20% (LR), Jean-Jack Queyranne 36,40% (PS), Christophe Boudot 22,40% (FN)

Bourgogne-Franche-Comté : Marie-Guite Dufay 34% (PS), François Sauvadet 33,6% (UDI/LR), Sophie Montel 31,9% (FN)

Centre-Val-de-Loire : François Bonneau 35,5% (PS), Philippe Vigier 34,3% (LR), Philippe Loiseau 30,2% (FN)

Corse : Gilles Simeoni 36,9%(Femu a Corsica), Paul Giacobbi 27,8% (divers gauche), José Rossi 26,5% (LR-UDI-MoDem), Christophe Canioni 8,8% (FN).

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