Vivement interpellé par des infirmières des urgences, Emmanuel Macron a dit vouloir « mettre fin » à la « paupérisation » des personnels soignants et promis que l’État « sera au rendez-vous », vendredi à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
« On est désespérées, on ne croit plus en vous », a lancé une infirmière au chef de l’État, qui a passé la matinée dans cet hôpital parisien où il s’était déjà rendu le 27 février, au début de la crise du virus du PCC, a constaté une journaliste de l’AFP.
Accompagné de son ministre de la Santé Olivier Véran, il a participé à une table ronde avec des médecins, une autre avec des syndicats avant de visiter une unité de dépistage Covid.
? »On est désespérées, on ne croit plus en vous »
L’échange tendu entre Emmanuel Macron et deux soignantes pic.twitter.com/05sPPKG699
— BFMTV (@BFMTV) May 15, 2020
Partout, il a été interpellé, parfois vivement, sur le manque de moyens de l’hôpital public, les masques manquants ou défaillants.
« On veut du flouze, du pèze, de la fraîche, on veut de l’argent. C’est pas 300 euros qu’il faut, c’est bien plus pour garder notre personnel. En réanimation, les deux tiers des effectifs partent » lui a lancé une infirmière des urgences, très remontée.
Fin mars, Emmanuel Macron avait promis « un plan massif d’investissement et de revalorisation » pour l’hôpital à l’issue de la crise. Et annoncé une prime exceptionnelle de 500 à 1.500 euros, parue vendredi au Journal Officiel.
« Il y a des collègues, héros de la Nation, qui sont en train de se dire, est-ce qu’elles vont manger, est-ce qu’elles vont payer leur loyer (…) Qu’est-ce que vous allez faire? Vous allez embaucher? » lui a demandé une autre infirmière à la Pité-Salpêtrière.
« On sera au rendez-vous », a affirmé avec force le chef de l’État.
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Plus tôt dans la matinée, les médecins avaient déjà longuement témoigné de leurs conditions de travail dégradées.
« Monsieur le Président, vous avez suscité un magnifique espoir chez les gens, un retour en arrière ne sera pas accepté », a lancé le Pr Dominique Thabut, cheffe de service hépatologie. « Il faut un choc salarial », a ajouté le Pr Thomas Similowski, chef du service de pneumologie. Promettant de « mettre fin à cette paupérisation », M. Macron est revenu sur la réforme du système de santé engagée il y a deux ans.
« On a sans doute fait une erreur dans la stratégie annoncée » car elle ne « portait pas assez de sens » et avait une « ampleur » et un rapport au temps « pas du tout suffisants compte tenu de l’état où était l’hôpital », a-t-il affirmé. « J’étais convaincu qu’on était en train de changer les choses » et « c’est très cruel pour moi-même », a-t-il ajouté, jugeant que « c’était une super stratégie mais à faire dix ans plus tôt ».
Mais « je n’ai pas envie non plus qu’on revienne à l’étape d’avant », a souligné M. Macron, insistant sur l’importance de réorganiser l’hôpital public. C’est pourquoi « oui, on va investir », a promis le chef de l’Etat qui a affirmé avoir « demandé au ministre un travail express » de concertation, qui commencera la semaine prochaine avec les organisations syndicales.
« Nous entrons dans une dynamique de réforme de notre hôpital public, avec un volet rémunération et carrière, un volet investissement, un volet gouvernance et réforme », a ensuite affirmé M. Macron, parlant d’un « Ségur » en référence aux concertations lancée en 1968 sous le nom de « Grenelle ».
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