Le célèbre skipper, connu pour ses courses autour du monde, s’est engagé à nettoyer les océans. Il cherche à lever 80 000 euros pour lancer la construction d’un quadrimaran collecteur de déchets plastiques.
Son histoire d’amour avec la mer date de son enfance. À 10 ans, ce Franco-suisse originaire de La Chaux-de-Fonds fait le tour du monde avec ses parents. Aujourd’hui, un autre défi se présente au skipper. Lors de ses traversées, il s’est confronté à la pollution des mers, heurtant à plusieurs reprises des objets flottants non identifiés.
En 2015, le bateau avec lequel il participait à la Transat Jacques Vabre est entré en collision avec un container qui l’a obligé à abandonner la course. Plus récemment, lors du Tour du monde en catamaran de sport, il a de nouveau dû faire face à cette pollution océanique. Depuis, Yvan Bourgnon s’est donné de nouveaux objectifs et a décidé d’agir pour la dépollution des océans.
The Sea Cleaners
Il a créé son association The Sea Cleaners, dédiée à la lutte contre la pollution océanique, et se lance dans la construction d’un navire révolutionnaire Le Manta dont la mission sera de collecter les déchets plastiques. Une campagne de crowdfunding a été lancée le 14 octobre dernier et signe le début de cette belle aventure.
« Entre 8 et 10 millions de tonnes de plastique sont déversées dans les océans chaque année. Une partie de ces macro-déchets flottants se fragmente au contact des vagues et des rayons UV pour se transformer en micro-déchets, puis en nano-déchets, assimilés directement par les organismes marins, impactant l’ensemble de la chaîne alimentaire marine. D’ici à 2025, la quantité de déchets plastiques entrant dans le milieu marin pourrait être multipliée par 10. À ce rythme, en 2050, les morceaux de plastique présents dans les océans seront aussi nombreux que les poissons ! », a déclaré Yvan Bourgnon.
L’état désastreux des océans
En naviguant depuis vingt ans sur toutes les mers du globe, Yvan Bourgnon a pu constater l’état désastreux des océans. « Le pire, c’était en Asie du Sud », raconte-t-il au retour de son dernier tour du monde en solitaire. « Je devais m’arrêter tous les quarts d’heure pour déloger les amas de déchets qui bloquaient mon bateau. »
60% de ces déchets plastiques sont aujourd’hui déversés par 3% des populations côtières. « La démographie croissante près des côtes et les comportements humains ne poussent pas à l’optimisme », dit-il. Les plastiques rejetés dans l’océan, en majeure partie par les populations côtières, se concentrent très rapidement dans certaines zones, au gré des courants et des catastrophes naturelles. Seule une collecte au plus près de la source, et donc près des côtes, permettrait d’enrayer efficacement ce phénomène avant que les déchets ne se dispersent, se réduisent ou rejoignent les fonds océaniques.
Des chercheurs, des innovateurs
Patrick Fabre, fondateur de l’ONG Océanoplastic, et Jérôme Vollet, designer, ingénieur naval et CEO d’Esy Concept, se sont lancés dans ce projet dont la première étape est la conception d’un navire révolutionnaire qui offrira la mobilité nécessaire pour aller au plus près des déchets.
Des ONG, des chercheurs et des scientifiques se sont déjà engagés dans le projet et de nombreuses personnes ambitionnent d’agir sur la pollution des océans, réfléchissant à des alternatives au plastique. C’est le cas de la société japonaise AMAM – composée de trois designers et ingénieurs de talent : Kosuke Araki, Noriaki Maetani et Akira Muraoka – qui a créé le Agar Plasticy, un plastique fabriqué à partir d’une algue rouge.
Ari Jónsson, de l’Académie des Arts Islande, a lui aussi mis au point une nouvelle solution au problème : une bouteille biodégradable qui se décompose dès que le liquide est éliminé et dont le plastique peut même être comestible. La bouteille est faite à partir de gélose, une poudre faite à partir d’algues. Mélangée à l’eau, elle se transforme en un matériau qui peut être moulé en forme de bouteille.
« Ce qui fait de ce mélange d’algues et d’eau une solution intéressante, c’est la durée de vie de la bouteille », explique Ari Jónsson. La bouteille expérimentale a été créée à l’académie des arts d’Islande. « La bouteille doit contenir du liquide pour maintenir sa forme et dès qu’elle est vide, elle commence à se décomposer. »
Sans oublier, le célèbre Boyan Slat et son système Ocean Cleanup. Le Manta s’incrit donc dans ces démarches révolutionnaires et visionnaires qui constitueront les grandes avancées du futur, pour un avenir plus sain et des océans plus propres.
Le Manta, un navire révolutionnaire
Le Manta doit son nom à la raie manta pour sa capacité à filtrer l’eau. C’est un bateau-poubelle des mers qui récoltera les macro-déchets, c’est-à-dire les déchets plastiques encore assez gros pour flotter, amassés au plus près de la source de déversement, près des côtes.
En effet, seul un navire offre la mobilité nécessaire aux déplacements rapides vers les bancs de plastiques encore concentrés par les vents et les courants, avant qu’ils n’entament leur dérive océanique vers les « continents de plastique ». Cette mobilité permettra également d’intervenir en haute mer, là où la profondeur océanique rend impossible l’ancrage au fond de la mer et où un container immergé accidentellement peut avoir libéré sa cargaison d’objets en plastique.
La description du quadrimaran
En terme de propulsion, l’utilisation d’un Kite Wing (cerf-volant) combiné à un système de gréement supportant des voiles classiques, auquel s’ajoute un bloc propulseur hybride, permettra de réduire l’empreinte carbone à son strict minimum.
Une rampe de collecte inédite de près de 72 mètres de large permettra de drainer les macro-déchets sans porter atteinte à la faune aquatique. Ce système biomimétique inspiré des fanons de baleines sera repliable pour les passages de canaux (tels que Panama) et approches portuaires.
À bord, un réseau de tapis roulants acheminera les macro-déchets vers les cuves de stockage d’une capacité de 300 m3. Les campagnes de collecte dureront de quelques jours à plusieurs semaines. Un dispositif électronique d’émissions sonores permettra l’éloignement de la faune marine à l’approche du navire, afin d’éviter la pêche accidentelle.
Yvan Bourgnon a présenté son projet à la COP22 à Marrakech
Un premier bilan à mi-parcours de ce grand rendez-vous pour la planète. « Tout d’abord, nous sommes très surpris de constater que beaucoup de nos interlocuteurs sont déjà au courant de notre projet. L’accueil nous est vraiment très favorable. »
« Nous sommes très sollicités : de nombreuses invitations, des demandes d’interview, et qui plus est, nous sommes félicités et encouragés. Cet évènement nous confirme chaque jour la pertinence de ce projet. De nombreux rendez-vous sont encore prévus pour la semaine prochaine pour échanger et continuer à faire connaître le Manta et The Sea Cleaners auprès de toute la communauté verte. »
« Avec 150 000 euros, nous allons commencer à construire le prototype au 1/10e dès 2017. Il nous reste 27 jours pour réunir les 50 000 euros qui nous manquent. Nous avons réussi à collecter près de 100 000 euros en seulement 1 mois alors le pari semble à notre portée !! Si les 1 400 contributeurs actuels invitent seulement deux amis à participer, le pari est gagné. »
Une campagne pour initier le projet
Le 14 octobre, Yvan Bourgnon a lancé une campagne de crowdfunding qui se terminera le 13 décembre. Elle doit récolter un minimum de 80 000 euros pour financer le lancement définitif du début du projet The Sea Cleaners.
Les donateurs pourront avoir le privilège de rencontrer Yvan pour découvrir les plans du bateau et échanger sur l’avancement du projet ou encore profiter d’une sortie en mer sur le catamaran de sport avec lequel Yvan a réalisé son Tour du monde inédit entre 2013 et 2015.
Pour participer à cette campagne : www.kisskissbankbank.com
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