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Yvan Colonna: un meurtre, plusieurs plaintes et enquêtes

février 28, 2023 11:45, Last Updated: février 28, 2023 12:47
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Depuis l’agression mortelle d’Yvan Colonna par un codétenu, le 2 mars 2022, à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône) où il purgeait une peine de prison à perpétuité pour l’assassinat du Préfet Claude Érignac, en 1998, plusieurs enquêtes et plaintes ont été lancées.

Après avoir violemment agressé Yvan Colonna dans la salle de sports de la prison d’Arles, Franck Elong Abé est mis en examen le 6 mars 2022 pour tentative d’assassinat terroriste. L’homme de 36 ans, radicalisé, condamné à plusieurs peines dont une de neuf ans pour association de malfaiteurs terroriste, affirme que le militant corse aurait blasphémé et « mal parlé du Prophète ». Le 21 mars, la mise en examen de son agresseur est requalifiée en « assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».

Une seconde enquête a également été ouverte, pour violation du secret de l’instruction, après la diffusion le 17 mars 2022 par France 3 Corse de dix photos tirées de la vidéo de la tentative d’assassinat enregistrée par une caméra de surveillance de la prison. Après l’agression, le gouvernement réclame un rapport à l’Inspection générale de la justice.

« Net défaut de vigilance »

Il lui est remis le 28 juillet et conclut à des « manquements » de la part d’un surveillant et de l’ex-directrice de la prison, en poste jusqu’à dix jours avant l’agression. Selon l’IGJ, le surveillant chargé de l’aile où se trouvait l’indépendantiste corse a fait preuve d’un « net défaut de vigilance » en restant « sans aucun motif éloigné » du lieu des faits, qui ont duré neuf minutes.

Quant à l’ancienne cheffe d’établissement, la mission pointe « l’insuffisance » de son management et l’absence de « gestion appropriée » des commissions d’évaluation de la dangerosité des détenus. La Première ministre Élisabeth Borne annonce dans la foulée « le déclenchement de procédures disciplinaires » et vouloir « suivre l’intégralité » des douze recommandations du rapport, dont six visent à « renforcer (…) la surveillance des salles d’activités » de la prison et à améliorer son dispositif de vidéosurveillance.

Le 23 novembre 2022, les députés votent la création d’une commission d’enquête sur l’agression mortelle. Elle souhaite « étudier la genèse et les conditions dans lesquelles le statut de détenu particulièrement signalé a été maintenu » pour Yvan Colonna, ce qui empêchait son transfèrement dans une prison corse. Elle entend également faire la lumière sur « les conditions dans lesquelles » le meurtrier présumé « a pu bénéficier d’un classement en détention ordinaire (…) et ne pas être soumis aux étapes de détection de la radicalisation en milieu carcéral ».

Le 1er février, le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard a justifié ce dernier point devant la commission : sa « dangerosité » étant « avérée », l’évaluation était « inutile ». La commission, dont des membres ont visité lundi la prison d’Arles, rendra ses travaux d’ici fin mai.

Plainte contre l’État

Début avril 2022, la famille d’Yvan Colonna dépose plainte contre l’État, considérant « que l’administration pénitentiaire est juridiquement responsable de son décès ».

Dans cette requête, le montant total du préjudice de la famille, suite au décès d’Yvan Colonna le 21 mars, est évalué à un million d’euros. Pendant l’été, l’État propose environ 240.000 euros au total aux membres de la famille, parmi lesquels les parents d’Yvan Colonna et ses deux enfants.

« Aujourd’hui l’ensemble des membres de la famille ont accepté la proposition », a détaillé vendredi Me Patrice Spinosi, même si la plainte n’a pas encore été retirée, en attendant que des questions sur la succession d’Yvan Colonna se règlent.

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