L’inflation a ralenti en mai dans plusieurs pays de la zone euro, dont la France, mais la bataille contre les prix élevés n’est pas encore gagnée, a déclaré mercredi le vice-président de la Banque centrale européenne.
« Les données d’inflation d’aujourd’hui et d’hier ont été positives » mais « la victoire sur l’inflation n’est pas encore là », a déclaré Luis de Guindos à la presse lors de la présentation du dernier rapport de l’institution sur la stabilité financière. La trajectoire des prix « est correcte », a-t-il reconnu.
En France, l’agrégat a ralenti en mai à 5,1% sur un an et en Espagne à 3,2%, selon des données provisoires. En Italie, le taux d’inflation baisse aussi à 7,6% mais demeure supérieur à la moyenne européenne. L’Allemagne publiera sa première estimation pour mai à 12H00 GMT.
Nouvelle hausse des taux à venir
Face à l’inflation durablement élevée, la BCE a menée à partir de juillet dernier une hausse brutale des taux d’intérêt qui pourrait « révéler des vulnérabilités » dans le système financier, prévient la BCE dans son rapport semestriel sur la stabilité financière. « Alors que nous resserrons la politique monétaire pour réduire l’inflation élevée, cela peut révéler des vulnérabilités » en mettant à l’épreuve la résilience des entreprises, ménages et gouvernements, a déclaré M. de Guindos. Et ce bien que les conditions économiques se soient « légèrement améliorées » et que les prix de l’énergie aient dernièrement baissé.
La BCE a remonté dans une ampleur inédite ses taux directeurs, de 3,75 points de pourcentage depuis juillet dernier, et les observateurs attendent qu’elle les relève encore car la priorité est de ramener l’inflation à la cible de 2%. « Notre mandat est la stabilité des prix » qui est une condition pour garantir la stabilité financière, a rappelé M. de Guindos.
Or, les effets de cette politique de resserrement monétaire sont de plus en plus visibles, notamment une correction des marchés immobiliers qui pourrait « devenir désordonnée » si la hausse des taux hypothécaires « réduisait de plus en plus la demande », note la BCE.
La rentabilité des banques à l’épreuve
Le présent rapport intervient aussi après les turbulences financières en mars dues aux faillites bancaires aux États-Unis et au rachat forcé du Crédit Suisse par UBS. Réputées solides, les banques dans la zone euro voient les volumes de prêts se réduire et les coûts de financement se renchérir, ce qui peut nuire à leur rentabilité. Des signes de détérioration sont visibles dans leurs portefeuilles de prêts exposés à l’immobilier commercial, aux petites entreprises et autres prêts à la consommation, pointe le rapport. « Les perspectives de stabilité financière de la zone euro restent fragiles », conclut le rapport.
Si la Banque du Japon devait par ailleurs abandonner sa politique monétaire accommodante face à l’inflation persistante dans ce pays, cela « pourrait influencer les décisions des investisseurs japonais qui ont une large empreinte » notamment sur les marchés obligataires en zone euro, avec le risque d’importants retraits de fonds, note par ailleurs la BCE. « Tout changement de politique de la Banque du Japon qui doit répondre à l’évolution de l’inflation va avoir un impact », selon M. de Guindos.
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