Une agitation soudaine dans la grande salle qui accueille à Brumadinho les proches de victimes du barrage, et des files d’attente qui se forment très vite: les listes des disparus et des retrouvés viennent d’être mises à jour.
Une jeune femme ressort en pleurs en faisant « non » de la tête aux membres de sa famille qui l’accompagnent. Des heures ou des journées d’attente fébrile et d’angoisse, « pour avoir des nouvelles », comme on dit pudiquement. Près de 300 personnes sont toujours portées disparues. Ils sont des dizaines, les yeux pleins de larmes ou perdus dans le vague, à garder malgré tout l’espoir dans cette salle où les reçoivent, assis derrière de petits bureaux alignés, des volontaires vite submergés par des montagnes de douleur.
Shirley Corera Santos, 39 ans, aurait dû célébrer le 2 février le premier anniversaire d’un mariage heureux avec Josué da Oliveira da Silva. Mais il a disparu quand le barrage de la mine de Corrego de Feijao du groupe brésilien Vale a cédé vendredi, libérant un fleuve puissant de boue noirâtre qui a déferlé sur la campagne, avant de s’y figer. Shirley ne sait pas où ni comment a disparu son mari, qui après plusieurs mois de travail à Rio, l’avait retrouvée une semaine auparavant seulement.
Cet époux qui la bombardait de messages avait oublié son téléphone portable ce jour-là, et elle était en déplacement à Bahia (nord-est). « On se parlait tout le temps et quand il ne pouvait pas me répondre au téléphone il me rappelait toujours. Mais hélas ce n’est pas arrivé » vendredi, explique-t-elle à l’AFP, éclatant en sanglots. « Je crois qu’il va revenir. Mon intention n’est pas de chercher un coupable, mais d’obtenir des réponses ».
Rosilena Maria Felipe, 47 ans, est aussi animée du fol espoir de voir « réapparaître » son cousin, Weslei Antonio das Chagas. « Nous sommes certains que Weslei est encore vivant », espère-t-elle, « et on va rester ici jusqu’à ce qu’on obtienne une réponse ». Elle croit voir un signe positif dans le fait que la messagerie du téléphone portable de son cousin est toujours active.
Soudain, les proches de disparus forment une ronde et commencent à prier ensemble. Les yeux fermés, une main sur le cœur ou les deux levées vers le ciel. Certains ne peuvent plus retenir les larmes et sont consolés par d’autres dans ces « abraços » si chaleureux des Brésiliens. On parle beaucoup de Dieu et les évangéliques sont là.
« Il y a énormément d’émotion et beaucoup de souffrance ici », dit une bénévole qui veut rester anonyme, « pour l’instant les gens sont forts ». José Alvez Ferrera est venu avec sa sœur chercher son beau-frère. « J’habite à Belo Horizonte (sud-est). Elle m’a laissé des messages où elle pleurait, alors je suis venu », explique-t-il. Mais « la liste a déjà été trois fois actualisée et il est toujours porté disparu ».
Pour accueillir les familles, des bénévoles portent autour du cou une pancarte « je peux t’aider », « psychologue » ou « assistante sociale ». Et même « bénévole Vale », le groupe minier encore plus maudit dans la région depuis cette dernière catastrophe, la deuxième sur un de ses barrages, après celle de Mariana en 2015, qui avait fait 19 morts et provoqué un désastre environnemental majeur. À Brumadinho, 34 décès sont déjà confirmés, mais le bilan pourrait s’alourdir considérablement.
Dans un grand local tout proche, une salle récréative de Vale avec piscine attenante, la solidarité matérielle s’organise tandis que les hélicoptères continuent les recherches dans un ciel plombé. Des bataillons de jeunes apportent à pas pressés de l’eau, des tas de vêtements, du savon, des détergents pour ceux qui ont perdu leur maison.
D.C avec AFP
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