L’acrylamide, présent dans de nombreux aliments, pourrait contribuer à endommager l’ADN et ainsi augmenter le risque d’apparition de cancer, selon une étude publiée jeudi, qui ne permet toutefois pas d’affirmer le caractère cancérogène de cette substance.
Selon cette étude, menée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une substance issue de la dégradation de l’acrylamide dans l’organisme, la glycidamide, favorise l’apparition de mutations génétiques dans les cellules, les rendant ainsi plus susceptibles de devenir un jour des cellules cancéreuses.
L’acrylamide est un composé qui se forme naturellement dans les aliments riches en amidon lors de leur cuisson, en particulier quand ils sont frits ou cuits à haute température pendant une longue durée (frites, biscuits, pain grillé, etc.). La fumée de tabac est également une source d’exposition à cette substance.
Le CIRC, agence pour le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a conclu au caractère cancérogène de l’acrylamide chez les rongeurs mais l’a classé comme seulement « probablement cancérogène » pour l’homme (groupe 2A), en l’absence de preuves suffisantes à ce jour.
L’étude, publiée dans la revue Genome Research, « établit désormais l’existence d’une trace caractéristique des changements dans le génome provoqués par la glycidamide », explique le CIRC dans un communiqué.
Cela contribue à montrer qu’« un régime alimentaire très courant peut produire des lésions très caractéristiques, contribuant ainsi potentiellement au développement du cancer », souligne le Dr Jiri Zavadil, spécialiste des mécanismes d’apparition des cancers et auteur principal de l’étude.
Cette étude « nous aide à mieux comprendre (ce qui se passe) au niveau moléculaire, mais nous n’en sommes pas encore au stade où l’on peut dire que (l’acrylamide) cause directement le cancer chez l’homme », a commenté Justin Stebbing, professeur de cancérologie à l’Imperial College de Londres, cité par le Science Media Centre (SMC).
« Il existe un niveau de preuve convenable du fait que l’acrylamide peut augmenter le risque de cancer chez l’homme, mais est-ce qu’il le fait vraiment aux niveaux d’exposition que l’on peut rencontrer dans la vie quotidienne, c’est une autre question. Les preuves sur ce point sont limitées et ne permettent pas de conclure », ajoute Kevin McConway, professeur émérite de statistiques appliquées à l’Open University, au Royaume-Uni, également interrogé par le SMC.
En 2015, des experts de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) ont conclu que l’acrylamide dans les aliments « accroît potentiellement le risque de développement d’un cancer pour les consommateurs de tous les groupes d’âge ». Un règlement européen entré en application en avril 2018 demande aux fabricants de l’agro-alimentaire, aux chaînes de restauration rapide et aux restaurants de s’assurer que les niveaux d’acrylamide présents dans leurs produits restent inférieurs à certains seuils indicatifs.
Mercredi, le Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc) a exhorté la Commission européenne à baisser ces teneurs indicatives et « à les rendre contraignantes pour les fabricants », estimant que les niveaux actuels présentent un danger pour les consommateurs, en particulier pour les jeunes enfants.
D.C avec AFP
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