Les pluies torrentielles qui se sont abattues dimanche sur Rio de Janeiro n’ont pas douché l’enthousiasme des Brésiliens pour le carnaval, le pays tout entier vibrant avec le début des défilés fastueux des écoles de samba, moment le plus attendu des festivités.
Les pluies diluviennes ont retardé de 45 minutes le début du « plus grand spectacle de la Terre« , avec l’entrée en scène de l’école Imperio Serrano, qui a coloré de vert le sambodrome. Un violent orage a éclaté quatre heures avant le début des défilés, inondant de nombreux quartiers de Rio, y compris celui de l’enceinte de 72.000 places.
L’avenue Marques de Sapucai, que les chars monumentaux arpentent sur 700 mètres sous les vivats et les chants du public massé dans les tribunes, s’était transformée en rivière. Quand Imperio Serrano a débuté son défilé, il ne pleuvait plus, mais la piste sur laquelle se sont élancés les danseurs était encore détrempée.
Le premier char monumental avait la forme d’un chou géant, qui s’ouvrait pour laisser découvrir une grande couronne dorée. « Je suis très heureuse que le grand jour soit enfin arrivé, mais aussi un peu inquiète, parce que la pluie risque de ternir notre défilé. Mais si Dieu le veut, tout va bien se passer », a affirmé à l’AFP peu avant le défilé Patricia Elaine, 34 ans, costumière d’Imperio Serrano.
Lucio Pinto, ouvrier de 54 ans qui a participé à la fabrication d’un des chars de Grande Rio, la troisième école à défiler, a dû s’abriter sous un camion au plus fort de la pluie. « C’est une tension incroyable, mon cœur bat la chamade. On a fait tout ça par amour pour notre école », a-t-il déclaré, désignant fièrement l’immense char blanc avec des chevaux majestueux qu’il a contribué à bâtir.
Les sept premières écoles de samba du « groupe spécial », la crème de la crème, ont 1h15 chacune pour faire défiler jusqu’à l’aube lundi leurs chars majestueux, leurs danseurs aux costumes extravagants et leurs percussions assourdissantes le long du sambodrome. Les sept autres écoles défileront dans la nuit de lundi à mardi, présentant le travail de toute une année pour tenter de décrocher le titre de championne du carnaval.
Comme au football, il y a plusieurs divisions et les moins bien classées sont menacées de relégation. Chaque école est notée selon des critères très précis, de la richesse des chars à la pertinence du thème choisi, en passant par l’harmonie du défilé au sein du sambodrome. Une des prestations les plus attendues dimanche sera celle de la championne en titre Beija-Flor, qui avait triomphé l’an dernier avec des chars spectaculaires dépeignant les problèmes de violence et de corruption du Brésil.
Cette année, le thème s’intitule « les fables de Beija-Flor », pour retracer les moments forts des 70 ans d’histoire de cette école aux 14 titres. Lundi, ce sera au tour de Portela, détentrice du record de titres (22), dont certains costumes ont été signés par le couturier français Jean-Paul Gaultier.
Autre école très populaire, Mangueira promet d’enflammer le sambodrome avec un défilé engagé sur la face cachée de l’histoire brésilienne, représentant sur ses chars des héros « populaires », notamment Noirs et Indiens, souvent absents des livres scolaires.
Pour la troisième année consécutive, les écoles de samba ont dû redoubler d’ingéniosité pour préparer leurs défilés, en raison de sévères restrictions budgétaires. L’ex-pasteur évangélique Marcelo Crivella, maire de Rio depuis début 2017, a réduit de moitié les subventions allouées au carnaval, qui attire pourtant environ 1,5 million de touristes à Rio.
Pas de quoi entamer la ferveur des fêtards qui se trémoussent déjà depuis plusieurs semaines dans les « blocos », ces cortèges bariolés attirant les foules dans les rues sous une pluie de décibels. Samedi, plus de 500.000 personnes se sont pressées au Cordao da Bola Preta, le plus ancien « bloco » de la ville.
D.C avec AFP
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