Le Fonds monétaire international (FMI) va avancer ses versements à l’Argentine afin de soutenir le programme économique du gouvernement, a annoncé mercredi le président argentin Mauricio Macri, qui tente de rassurer les marchés.
Le FMI va avancer « tous les fonds nécessaires afin de garantir l’exécution du programme financier de l’année prochaine« , a déclaré le chef de l’Etat juste avant l’ouverture de la Bourse en dévoilant l’accord conclu avec le Fonds. Cette annonce intervient après des journées de grande volatilité et de chute du peso mais n’a pas empêché une nouvelle dépréciation de la monnaie mercredi, plongeant de 6,99% pour s’échanger à 34,48 pesos pour un dollar à la fermeture.
Mi-août, la Banque centrale de la République argentine (BCRA) a relevé son taux directeur de 40 à 45%, qui est un des plus élevés au monde, pour tenter de freiner cette chute. « L’annonce a été vague et a été faite par le président, ce qui présente des risques« , a déclaré à l’AFP Lorenzo Sigaut, du cabinet Ecolatina, qui estime que le ministre de l’Economie aurait dû apporter des précisions.
D’après M. Sigaut « les doutes concernant un défaut (de paiement) ont été levés mais uniquement jusqu’à la fin du mandat de Macri (en décembre 2019), mais ils restent d’actualité pour 2020« .
Depuis le début de l’année, le manque de confiance dans le peso argentin s’est accentué et la chasse au dollar a fait perdre plus de 40% de sa valeur au peso. La première poussée de fièvre du peso était intervenue après la hausse des taux d’intérêt aux Etats-Unis.
En juin, le FMI a accordé un prêt de 50 milliards de dollars à l’Argentine. Un premier versement de 15 milliards de dollars a été déjà effectué.
« La semaine dernière nous avons eu de nouvelles marques de méfiance des marchés, particulièrement concernant notre capacité à consolider un financement pour 2019« , a admis M. Macri en expliquant les raison de cette demande au Fonds. « Garantir le financement pour 2019 va nous permettre de renforcer la confiance et reprendre le chemin de la croissance au plus vite« , a ajouté le président argentin.
Pour l’économiste Matias Carugati, ces informations sont insuffisantes pour pouvoir calmer la crise. « On sait désormais que le FMI nous avance de l’argent pour être couverts l’année prochaine, mais en quelle quantité et à quelles conditions, ça, on ne le sait toujours pas« , a-t-il déclaré à l’AFP. « L’Argentine n’a pas un problème de solvabilité, mais plutôt de liquidité à court terme. Il est urgent de revenir au calme financier, on verra après comment on répare les dégâts« , a-t-il estimé.
L’économie argentine est au bord de la récession, avec une inflation cumulée en juillet de 19,6%. Fin 2018, la hausse des prix est attendue à 30%. Le gouvernement a mis en place un plan d’austérité à la demande du FMI, qui prévoit notamment des suppressions de postes de fonctionnaires et une réduction des baisses d’impôts pour les exportations d’huiles et farines de soja.
Dans son plan initial de relance de l’économie, Mauricio Macri tablait sur un afflux d’investissements étrangers dans les infrastructures, l’énergie, mais la prudence reste de mise. Les sociétés étrangères hésitent à investir dans un pays où la valeur d’un investissement peut être amputée de 20% en quelques semaines.
HS avec AFP
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