« Arrêter la saignée » et planter, planter, planter : le gouvernement a présenté vendredi un « pacte » pour que la France soit couverte d’environ 800.000 kilomètres de haies en 2030, soit 50.000 de plus qu’aujourd’hui.
Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau et la secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, Sarah El Haïry, étaient en Bretagne vendredi pour promouvoir un « pacte en faveur de la haie ». Le document est adossé à 110 millions d’euros supplémentaires pour la haie dans le projet de budget 2024.
Après des mois de travaux, nous présentons ce matin le « Pacte en faveur de la haie » avec @sarahelhairy en Bretagne, région pionnière en ce domaine. pic.twitter.com/9L2p2aGBHC
— Marc Fesneau (@MFesneau) September 29, 2023
« C’est quelque chose de réellement historique »
« C’est quelque chose de réellement historique. (…) On n’avait jamais mis en place des moyens réels pour renverser la tendance », a réagi auprès de l’AFP Philippe Hirou, président de l’association de promotion de la haie Afac-Agroforesteries. Les autorités « ne se contentent pas de dire qu’il faut planter des haies et des arbres mais aussi empêcher que ceux qui sont déjà en place disparaissent ou soient dégradés par de l’entretien inadapté » par exemple lors du nettoyage des bords de route, poursuit-il.
« Ce plan d’envergure (…) a le mérite d’impliquer tous les acteurs avec des mesures incitatives et une feuille de route ambitieuse que nous soutenons », a commenté le président de la fédération des chasseurs, Willy Schraen. « Ce pacte ne doit pas être un énième plan de communication gouvernemental, mais bien valoriser sincèrement les haies, les arbres et l’agroforesterie dans nos campagnes », tempère la Confédération paysanne.
Pour le gouvernement, la haie « fait assez consensus » et permet de « mettre chasseurs, associations de protection de l’environnement, collectivités, agriculteurs autour de la table », rapporte le cabinet de Marc Fesneau : « Tout le monde veut de la haie. »
Plus de 20.000 km de haies perdus chaque année
Cet alignement d’arbres et arbustes, typique du paysage de bocage encore assez présent en Bretagne et Normandie, continue pourtant à disparaître pour faciliter les travaux dans les champs ou à cause de l’expansion urbaine. Un rapport ministériel a donné la mesure de l’urgence en avril : plus de 20.000 kilomètres de haies sont encore perdus chaque année et les plantations sont loin de compenser (environ 3000 km par an).
Le ministère de l’Agriculture souligne que le monde agricole n’en porte pas seul la responsabilité, des haies étant aussi sur l’emprise d’entreprises ou de collectivités locales. Sur la vingtaine de milliers de kilomètres de haie perdus par an, « on estime que 5000 km ont été arrachés par des collectivités ou des agriculteurs et 15.000 km ont dépéri » faute d’entretien adapté, précise à l’AFP le cabinet du ministre.
Pourtant, les haies rendent de nombreux services: réserves de biodiversité, remparts contre l’érosion des sols et le ruissellement de l’eau, stockage de carbone, ombre pour le bétail…
« Faire de la quantité mais aussi de la qualité »
L’ambition est d’« arrêter la saignée », c’est-à-dire de stopper la disparition, et de couvrir la France de 50.000 km supplémentaires d’ici 2030, note-t-on au ministère de l’Agriculture. Soit passer d’« environ 750.000 km linéaires de haies » à 800.000 en moins de sept ans. L’idée étant de « faire de la quantité mais aussi de la qualité » avec des espèces adaptées au contexte local et capables d’encaisser le changement climatique. Cela implique de disposer d’assez de graines et plants d’arbres, donc de « multiplier par trois ou quatre la capacité de production » des pépiniéristes, selon le cabinet de Marc Fesneau.
Dans un communiqué, les associations LPO, France Nature Environnement, WWF et Humanité & Biodiversité saluent des « objectifs ambitieux » de plantation mais demandent « de prioriser la protection et la valorisation des haies existantes ». Elles s’opposent « à tout assouplissement de la réglementation qui viserait à réduire la période d’interdiction de taille des haies » au moment où les oiseaux se reproduisent « ou à faciliter des autorisations d’arrachage sans veiller à obtenir un résultat positif pour la biodiversité et le climat ».
Le pacte prévoit de « mieux contrôler et sanctionner les arrachages et destructions de haies », sans pour autant sanctuariser celles qui existent. Une haie pourra ainsi être arrachée sous condition de « replantations de compensation ».
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