Le gouvernement a franchi une étape supplémentaire ce week-end dans le sauvetage d’Atos, en annonçant avoir manifesté au géant informatique français en difficulté son intérêt en vue d’acquérir toutes ses activités souveraines.
Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a ainsi déclaré dimanche sur LCI avoir envoyé une lettre d’intention à l’entreprise afin d’éviter que des activités stratégiques pour la France ne « passent dans les mains d’acteurs étrangers ».
Atos, en pleine tourmente financière, possède notamment des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire et des contrats avec l’armée française.
Des « activités stratégiques » pour la France
« Je suis le dossier de très près. Pourquoi ? Parce qu’il y a chez Atos un certain nombre d’activités stratégiques pour la nation française, stratégiques pour notre souveraineté, stratégiques pour notre défense, en matière de cybersécurité, en matière de supercalculateurs, en matière de nucléaire », a expliqué M. Le Maire, estimant que « ces activités souveraines doivent rester sous le contrôle exclusif de la France ».
🗣️ Atos : « Nous avons manifesté notre intérêt pour acquérir toutes les activités souveraines d’Atos. L’objectif c’est que les activités stratégiques restent sous le contrôle exclusif de la France. »@BrunoLeMaire, ministre de l’Économie, invité de @DariusRochebin ⤵️ pic.twitter.com/4WuRxQNNdE
— LCI (@LCI) April 28, 2024
Les activités concernées par la lettre d’intention recouvrent notamment ces supercalculateurs, des serveurs participant à l’intelligence artificielle (IA) et à l’informatique quantique ou encore des produits de cybersécurité, a-t-on appris auprès du cabinet du ministre.
Ce périmètre génère un chiffre d’affaires annuel de l’ordre de 900 millions d’euros, sur un total de près de 11 milliards d’euros pour l’ensemble du groupe Atos, et rassemble quelque 4000 salariés, essentiellement basés en France, a précisé la même source. Aucun montant en vue d’un rachat n’a été divulgué. Contacté par l’AFP, Atos n’a pas souhaité réagir dimanche soir.
Dans ce dossier éminemment politique, l’État s’est déjà engagé à prêter 50 millions d’euros à l’entreprise pour l’aider à stabiliser sa situation financière et a acquis une « action de préférence » qui lui permet de mettre son veto à certaines opérations au niveau de Bull, filiale d’Atos qui construit ses supercalculateurs. Pour cette lettre d’intention, action qui n’est pas engageante, c’est l’Agence des participations de l’État qui mène l’opération sous l’autorité de Bruno Le Maire, a souligné ce dernier.
Rassembler d’autres intervenants français autour de l’État
Le ministre a cependant dit souhaiter « que l’État ne soit pas seul » et espère rallier d’autres acteurs français pour cette opération. Sans donner leurs noms, il a expliqué qu’il pourrait s’agir d’entreprises opérant dans les domaines de la défense ou de l’aéronautique. Selon son cabinet, « des discussions » sont ainsi en cours « depuis plusieurs semaines » avec un certain nombre d’industriels « qui feraient sens en termes de développement de ces activités ».
L’ex-fleuron en difficulté, qui est l’un des piliers technologiques des Jeux de Paris, a perdu plus de 80% de sa valeur boursière en un an, après avoir vu s’effondrer coup sur coup deux opérations de cession d’une partie de ses activités qui devaient le remettre à flot. Il avait indiqué début avril être à la recherche de 1,2 milliard d’euros d’argent frais et vouloir diviser par deux sa dette, qui avoisine les 5 milliards d’euros, en la convertissant en actions.
Atos avait alors mis sur pied un plan d’affaires pour la période 2024-2027, tablant notamment sur une « reprise des activités commerciales à partir de fin 2024 », avec l’hypothèse d’un chiffre d’affaires d’environ 9,9 milliards d’euros en 2024 puis de 11,4 milliards d’euros en 2027. Il avait également demandé à ses créanciers de lui faire des propositions de refinancement avant vendredi.
Mais un premier trimestre moins florissant qu’attendu, terminé avec un recul du chiffre d’affaires de 11%, l’a conduit cette semaine à indiquer qu’il devait revoir ses prévisions d’ici 2027, ce qui pourrait entraîner un besoin accru en liquidités et une réduction de la dette plus importante qu’envisagé. L’entreprise a donc décidé de laisser désormais jusqu’au 3 mai à ses créanciers pour lui faire leurs propositions.
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