Le Hezbollah libanais a promis mercredi de poursuivre ses opérations de soutien au Hamas palestinien, malgré la vague meurtrière d’explosions de bipeurs qui l’a visé et qu’il impute à Israël.
L’explosion simultanée mardi à travers le Liban de ces bipeurs utilisés par le mouvement terroriste islamiste pro-iranien a fait neuf morts et près de 2800 blessés, dont des centaines de membres du Hezbollah, selon le ministère de la Santé, un événement sans précédent.
Israël n’a pas commenté ces explosions, survenues dans plusieurs places fortes du Hezbollah quelques heures après l’annonce par ce pays qu’il étendait les objectifs de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza à sa frontière nord avec le Liban.
Depuis le début de la guerre, déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent du Hamas en Israël, la frontière libano-israélienne est le théâtre d’échanges de tirs presque quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah, entraînant le déplacement de dizaines de milliers de civils de part et d’autre.
« De ma vie, je n’ai jamais vu ça »
Une source proche du Hezbollah a expliqué mardi que « des centaines de membres » de la formation libanaise avaient été blessés par l’explosion simultanée de leurs bipeurs, un système de radiomessagerie, dans la banlieue sud de Beyrouth ainsi que dans le sud et l’est du Liban.
Le Hezbollah a accusé Israël d’être « entièrement responsable », prévenant qu’il allait « recevoir son juste châtiment ».
Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui n’a pas été blessé dans les explosions selon une source proche du mouvement, doit s’exprimer jeudi à 17h00 (14H00 GMT) sur ces évènements.
Le Hezbollah, qui a ouvert le front à la frontière avec Israël au lendemain du déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas, a réaffirmé mercredi qu’il « continuera » ses opérations de soutien à Gaza malgré cette attaque.
Après l’attaque, des dizaines d’ambulances transportant des blessés ont afflué vers les hôpitaux à Beyrouth, dans la Békaa (est) ainsi qu’à Saïda (sud). Dans la banlieue sud de Beyrouth, des tentes ont été installées pour accueillir des habitants qui se sont précipités pour donner leur sang.
« De ma vie, je n’ai jamais vu ça », a témoigné à l’AFP Moussa, qui a demandé à être identifié par son seul prénom. « Ca a explosé d’un coup (…) j’ai trouvé devant moi des gens allongés par terre. »
Le ministre de l’Éducation libanais, Abbas Halabi, a annoncé la fermeture mercredi des écoles et des universités, pour condamner « cet acte criminel commis par l’ennemi israélien ».
Les États-Unis, premier allié d’Israël, n’étaient « pas au courant » à l’avance des explosions, a affirmé le département d’État, en exhortant l’Iran à éviter tout acte qui aggraverait les tensions dans la région.
L’impact de ces explosions sur les communications du Hezbollah n’était pas clair dans l’immédiat.
« Piratés à la source »
Une source proche de la formation libanaise a indiqué à l’AFP que « les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1000 appareils », qui semblent avoir été « piratés à la source ».
« D’après les enregistrements vidéo (…), un petit explosif de type plastic a certainement été dissimulé à côté de la batterie (des bipeurs) pour un déclenchement à distance via l’envoi d’un message », a estimé sur X Charles Lister, expert au Middle East Institute (MEI). Pour lui, « le Mossad (service secret extérieur israélien, ndlr) a infiltré la chaîne d’approvisionnement ».
Cette série d’explosions marque une « escalade extrêmement inquiétante », a affirmé l’ONU.
Le groupe taïwanais Gold Apollo a affirmé mercredi que les bipeurs piégés, portant sa marque, avaient été produits et vendus par son partenaire hongrois BAC, démentant des informations du New York Times selon lesquelles Gold Apollo avait lui-même fabriqué les appareils.
Israël avait annoncé mardi sa décision d’étendre les objectifs de la guerre jusqu’à la frontière israélo-libanaise, afin de permettre le retour des déplacés dans le nord d’Israël. Les principaux objectifs affichés jusqu’à présent étaient la destruction de l’organisation terroriste Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza, et le retour des otages retenus dans le territoire palestinien.
Mardi soir, la compagnie aérienne allemande Lufthansa a annoncé la suspension, au moins jusqu’à jeudi, de ses vols de et vers Tel-Aviv et Téhéran. Air France suspend de son côté ses liaisons avec Beyrouth et Tel-Aviv, également jusqu’au 19 septembre.
Dans ce contexte très tendu, le secrétaire d’État américain Antony Blinken est arrivé mercredi au Caire pour discuter d’une nouvelle proposition en vue d’un cessez-le-feu à Gaza et d’une libération des otages. Après des mois de négociations infructueuses, Washington a dit toujours travailler avec les médiateurs, le Qatar et l’Égypte, pour finaliser une proposition d’accord susceptible de convenir aux deux parties.
Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas ont mené une attaque sans précédent sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1205 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels qui inclut les otages tués en captivité. Sur les 251 personnes enlevées pendant l’attaque, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l’armée.
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