Depuis des années, ma mère va nager plusieurs fois par semaine à la piscine municipale d’Ottawa. La piscine fait partie de sa vie quotidienne, mais depuis peu, cette activité autrefois inoffensive est devenue franchement plus risquée.
Il y a environ deux mois, à la fin de sa séance de natation, dans le vestiaire pour femmes après sa douche, elle s’est retrouvée nez à nez avec à un homme nu. Choquée, elle s’est rhabillée à la hâte. L’homme mesurait plus d’un mètre quatre-vingt-dix et était coiffé d’un peigne. Il s’est habillé, s’est retourné vers elle et, selon les mots de ma mère, l’a « reluquée », puis il est reparti.
Affolée, elle s’est précipitée vers son amie, lui a demandé si elle avait vu « l’homme dans le vestiaire des femmes ». Son amie a acquiescé avec angoisse. Elles ont eu peur, mais elles n’ont rien dit au personnel.
Pourtant ma mère n’a pas froid aux yeux. Journaliste de longue date, ses écrits reflètent ses opinions non-conformistes et sa ténacité à remettre en question les récits dominants. Mais lorsqu’un homme nu a traversé nu le vestiaire, elle a décidé de se taire.
Il y a dix ans, cet incident aurait sans équivoque été considéré comme un crime. L’homme aurait presque certainement été arrêté. Mais dans ce cas précis, aucune femme présente dans le vestiaire n’a osé parler.
Jusqu’à récemment, ces femmes pouvaient s’appuyer sur le pouvoir des normes sociales et sur la loi, mais aujourd’hui, elles se taisent. Pourquoi ? Parce que s’il prononce les quatre mots magiques – « Je suis une femme » – le climat politique actuel exige qu’un homme, un prédateur potentiel, puisse s’introduire dans l’espace réservé aux femmes et y être accueilli à bras ouverts.
Le plus étonnant dans cette histoire, c’est que personne dans le vestiaire ne lui a demandé s’il s’identifiait comme homme ou femme. L’homme aurait pu s’être trompé de vestiaire ou bien ressentait l’envie de se déshabiller sous le regard des femmes.
Lorsque ma mère m’a raconté cette histoire, je lui ai demandé, indignée : « Pourquoi n’as-tu rien dit ? » Sa réponse m’a secouée : « À quoi bon ? » Et j’ai eu peur pour ma mère, pour moi et pour ma fille. Comment pourrais-je jamais l’emmener en toute sécurité dans un endroit où elle aura à se déshabiller, sachant qu’elle pourrait très bien tomber nez à nez avec un homme nu ? Mais au-delà de cela, j’ai eu peur pour le monde entier.
Un proverbe dit : » Là où Dieu n’est pas, l’absurdité prend sa place « . Je suis une personne religieuse et je crois que cette affirmation est à prendre au sens littéral, car les êtres humains ne sont pas seulement des êtres physiques, mais aussi des êtres profondément spirituels. La religion répond aux besoins de nos aspirations spirituelles et libère notre esprit pour lui permettre de faire face à ce monde physique et à ses innombrables défis.
Dans la citation ci-dessus, « Dieu » peut également être interprété comme voulant dire les « vérités objectives et universelles » à l’abri des caprices de l’homme. Là où il n’y a pas de vérité, il y a de l’absurdité. Le postmodernisme et l’idéologie du genre ont permis à la société de se débarrasser des « entraves » que sont les vérités objectives, universelles et vérifiables.
Je ne vais pas essayer d’aborder l’immense tragédie que représente l’érosion, en l’espace de quelques années seulement, de décennies de droits des femmes obtenus de haute lutte, par la simple phrase : « les femmes trans sont des femmes ». Des femmes éminentes – J.K. Rowling et Riley Gaines, pour n’en citer que deux – ont pris ce problème à bras-le-corps.
Je ne suis qu’une maman au foyer qui essaie de lancer chacun de ses enfants dans ce monde. Mais de quel monde parle-t-on lorsque l’espace protégé des femmes est violé et qu’elles ne peuvent pas en parler sous peine que les gens se retournent contre elles et les traitent d’extrémistes ? Quand une personne ne peut pas dire la vérité sur la réalité qu’elle a sous les yeux ?
De plus en plus, les sociétés occidentales sont en train de se scinder en deux peuples différents parlant deux langues très différentes. Un camp croit en une forme de vérité objective et estime que les êtres humains sont soit des hommes, soit des femmes. Ils reconnaissent qu’il existe d’infinies variations dans la façon dont les humains s’expriment, mais ils sont certains qu’il n’y a que deux sexes. Le concept des deux sexes est ancien et il est fondamental pour notre identité en tant qu’espèce.
L’autre camp croit en la version post-moderniste d’une « vérité construite » et nie le sexe et la biologie. Ils ont de leur côté les médias d’information et du divertissement, la plupart des universités et une part de plus en plus importante de l’appareil d’État.
Les deux systèmes de croyance exigent des lois et des normes sociales très différentes. S’il n’y a que deux sexes, l’homme dans cette histoire de la piscine n’est pas autorisé à se rendre dans les vestiaires des femmes. Mais sii le sexe est une construction sociale, cet homme peut être une femme, et est donc autorisé à se rendre dans les vestiaires des femmes.
Une société qui n’a pas de langue commune ne peut pas partager ses idées. Une société qui est divisée sur l’existence ou non d’une vérité objective ne peut pas établir des lois ou des politiques qui fonctionnent pour le plus grand nombre. Et une société où les femmes et les jeunes filles sont réduites au silence lorsqu’un crime est perpétré à leur encontre, de peur d’être qualifiées d’ennemies, est une société bien fragile.
Une version plus longue de cet article a été publié sur C2C Journal.ca (en anglais)
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.