Au lac du Der, dans le nord-est de la France, l’hivernage des grues cendrées

Par Epoch Times avec AFP
2 février 2025 15:40 Mis à jour: 2 février 2025 15:52

Elles y ont trouvé « le gîte et le couvert »: chaque année, des dizaines de milliers de grues cendrées passent l’hiver sur le lac du Der, dans le nord-est de la France. Chaque matin, au lever du soleil, elles s’envolent majestueusement, par grappes, en direction des champs environnants où elles vont remuer la terre pour trouver de quoi se nourrir.

Le vaste lac-réservoir du Der (48 km2) a été mis en service en 1974 pour limiter les risques d’inondations en région parisienne.

En hiver, son faible remplissage fait apparaître de nombreux îlots le long desquels les grues aiment s’installer pour la nuit, les pattes dans l’eau, par instinct de protection vis-à-vis des prédateurs.

Elles n’ont plus besoin de partir vers le Sud

« On a créé une zone humide sur leur couloir de migration », entre l’Espagne et la Scandinavie, où elles passent l’été et qu’elles quittent aux premiers froids, explique Benoît Fontaine, écologue au muséum national d’Histoire naturelle et à l’Office français de la biodiversité.

Et avec le réchauffement climatique, des zones « qui auparavant étaient gelées en hiver ne le sont plus, et du coup elles n’ont plus besoin de partir vers le Sud, ou elles partent moins loin », note M. Fontaine.

Sans gel, les grues peuvent plus facilement gratter les champs et pâturages pour y trouver de la nourriture.

La grue « a le gîte et le couvert » sur ce territoire

« Historiquement, ici, c’étaient des terres argileuses qui ne les intéressaient pas », mais à présent « c’est 90% de cultures pour 10% de pâtures », souligne aussi Étienne Clément, président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) dans la région Champagne-Ardenne. « Ce sont des oiseaux opportunistes », sourit-il.

La grue « a le gîte et le couvert » sur ce territoire, résume Lionel Bouillon, bénévole à la LPO et employé de l’Office de tourisme du lac du Der.

20.000 et 30.000 chaque année

Si une majorité des grues cendrées passant par la France continuent leur route habituelle jusqu’en Espagne voire jusqu’au Maroc, elles sont entre 20.000 et 30.000 chaque année à hiverner sur les rives du lac du Der, selon la LPO.

Leur population empruntant ce couloir de migration a été multiplié par dix depuis que la LPO a commencé à les recenser il y a quelques décennies. Leur statut d’espèce protégée, octroyé il y a un demi-siècle en France, explique aussi cette forte croissance, estime M. Clément.

Mais « elles bouffent les grains, ou elles arrachent le blé avec leurs pattes »

Ce dont le territoire autour du lac du Der profite à plein régime: les grues représentent « 50% du tourisme » local, assure Lionel Bouillon.

Le phénomène a aussi ses inconvénients. « Elles bouffent les grains, ou elles arrachent le blé avec leurs pattes », se plaint Jean-Claude Laffrique, agriculteur à Scrupt, à une vingtaine de kilomètres au nord du lac.

Des grues cendrées se rassemblent au lac du Der près de Giffaumont-Champaubert, dans le nord-ouest de la France, le 31 janvier 2025. (FRANCOIS NASCIMBENI/AFP via Getty Images)

Apparaissent régulièrement dans ses champs de nouveaux gadgets pour dissuader les grues d’y traîner leurs pattes : vieilles voitures, canon effaroucheur – un tube relié à une bouteille de gaz qui « pète » à intervalles réguliers – ou encore, depuis cet hiver, trois gréements de planches à voile plantés à quelques dizaines de mètres d’intervalle. « Mais au bout d’un moment, elles s’habituent… », souffle, fataliste, le sexagénaire.

Une compensation versée pour les dégâts causés aux cultures

La région Grand Est verse chaque année une compensation pour les dégâts causés aux cultures. Ce qui ne prive pas Jean-Claude Laffrique de quelques insomnies: « Il y a des nuits, on les entend et on se dit : ‘Ça y est, elles débarquent’ « .

« Il y a régulièrement des conflits d’usages entre les agriculteurs et la faune sauvage », reconnaît Benoît Fontaine.

La propagation de la grippe aviaire

D’autant que les oiseaux migrateurs sont pointés du doigt pour leur responsabilité dans la propagation de la grippe aviaire. « C’est certain que ça joue un rôle », admet Jean-Dominique Lebreton, directeur de recherche émérite au CNRS (Centre national de recherche scientifique).

« Mais, et c’est un gros mais, les virus sont transportés par les oiseaux sauvages, mais aussi par les oiseaux domestiques », souligne-t-il. « L’élevage lui-même joue un rôle très important dans la propagation de la grippe aviaire ».

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