Bétharram : directeurs, prêtres, surveillants… les profils des mis en cause

Par Epoch Times avec AFP
5 mars 2025 10:05 Mis à jour: 5 mars 2025 10:29

Ex-directeurs, prêtres, surveillants laïcs… Plusieurs responsables et encadrants de l’établissement catholique Notre-Dame-de-Bétharram, au cœur d’un scandale de violences et viols s’étalant sur plusieurs décennies, sont mis en cause par d’anciens élèves, avec plus de 150 plaintes déposées.

Selon un décompte établi fin février, treize religieux ont été ciblés pour des faits à caractère sexuel, dont onze sont décédés. Plusieurs laïcs sont aussi visés.

Cet ancien surveillant général, né en 1965 et employé de l’établissement jusqu’en 2024, est poursuivi pour « viol par personne ayant autorité entre 1991 et 1994 et agression sur mineur de quinze ans en 2004 », des faits non prescrits.

Une plainte classée sans suite

Antoine (prénom modifié), 48 ans, avait déjà déposé plainte contre lui mais elle avait été classée sans suite en 2005. « J’ai été son protégé », a-t-il raconté à l’AFP, évoquant des agressions sexuelles sous la tente lors de sorties scouts, puis des masturbations hebdomadaires quand il habitait chez lui.

En garde à vue mi-février, l’intéressé a admis « avoir pu porter des gifles » en contestant « tout agissement à caractère sexuel ». Il a été placé en détention provisoire. Né en 1931, cet ecclésiastique est mis en cause dès 2010 par Jean-Marie Delbos, 78 ans aujourd’hui, mais la plainte est classée pour cause de prescription des faits, survenus entre 1957 et 1962.

Le religieux rejoint ensuite le collège privé Ozanam, à Limoges.

En 2011, Jean-Marie Delbos alerte le Vatican. L’ecclésiastique s’installe à Bethléem en Cisjordanie, avant de revenir à Lestelle-Bétharram. Il réside désormais dans un Ehpad voisin de l’établissement scolaire.

Mi-février, le prêtre est placé en garde à vue pour agressions sexuelles, accusé notamment par Jean-Marie Delbos de visites « soutane ouverte » dans le dortoir. Selon le parquet de Pau, il a reconnu un seul fait, avant d’être laissé libre au bénéfice de la prescription.

Reconnu victime par la Commission Reconnaissance et Réparation de l’Église, Jean-Marie Delbos a été indemnisé.

Il frappait les élèves avec sa chevalière 

Placé en garde à vue mi-février pour viol sur mineur, agressions sexuelles sur mineurs et violences, cet ancien surveillant né en 1955 est lui aussi ressorti libre en raison de la prescription.

Surnommé « Cheval » en référence à sa chevalière qu’il utilisait pour frapper les élèves, il est visé par de nombreuses plaintes.

« Les enfants se faisaient pipi dessus dans leur lit quand il retournait sa chevalière », a raconté à l’AFP Emmanuel (prénom modifié), un ancien élève âgé aujourd’hui de 62 ans.

Ayant quitté Bétharram en 1990, « Cheval » a travaillé ensuite à Orléans. Le parquet de Châteauroux, où il a été directeur adjoint d’un collège de 2005 à 2018, a invité d’éventuelles victimes à se faire connaître.

Après deux plaintes, il se suicide

Le père Pierre Silviet-Carricart a dirigé Notre-Dame-de-Bétharram de 1987 à 1993. En 1997, il est accusé de viol par un élève. Mis en examen quelques mois plus tard et placé en détention provisoire, il est remis en liberté rapidement. Une deuxième plainte le met en cause durant la procédure. Ayant rejoint Rome, il se suicide début 2000 sans avoir répondu aux questions du juge d’instruction sur ce nouveau cas.

Un autre ancien directeur, décédé en 2009, est mis en cause : le père Jean Tipy, pour des faits commis entre les années 1970 et 2000.

Selon le quotidien L’Humanité, ce prêtre, décrit comme « tout-puissant » à l’époque au sein de l’établissement, est accusé par un ancien élève aujourd’hui septuagénaire d’attouchements et de fellations commis dans son bureau où il convoquait les collégiens.

Originaire du Pays basque et ordonné à Bethléem en 1948, Jean Tipy a par la suite dirigé le collège Ozanam à Limoges, avant d’enseigner au collège Stanislas à Paris. Il est ensuite revenu finir ses jours au Pays basque, sans être inquiété.

Quatre anciens personnels de Bétharram, mis en cause pour des violences graves intervenues entre 1979 et 1996, ont été entendus par les gendarmes en audition libre. Trois d’entre eux ont admis « des violences sur des élèves », selon le parquet : des gifles pour deux des intéressés, tandis que le troisième a reconnu « avoir pu « tirer des cheveux » ou « donner des coups de poing ».

Ces délits étant prescrits, ces quatre laïcs ont été laissés libres.

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