Parmi les défis auxquels fait face le président américain Joe Biden, la question des relations sino-américaines figure sans aucun doute en tête de liste. Certains « ‘câlineurs’ du panda » (membres de l’élite occidentale qui soutiennent les politiques de l’État-parti chinois) avaient espéré que Biden, dès qu’il aurait prêté serment, renverserait la confrontation sino-américaine de l’ère de Trump et reviendrait à la « lune de miel » de l’ère d’Obama.
Cependant, jusqu’à présent, Biden a adopté une approche « tranquille et sans action » à l’égard de la Chine, et ce, malgré plusieurs démarches agressives de Pékin. Cela a rendu le régime chinois très anxieux.
Que cela plaise ou non à Biden, l’administration Trump a influencé d’une façon durable les relations entre les États-Unis et la Chine. Au cours de la quatrième année de la présidence de Trump, les tensions sino-américaines ont dégénéré en une sorte de « guerre froide ». Est-ce que Biden pourra inverser cette tendance ? En fait, les intentions et les actions de Pékin y sont un facteur crucial et déterminant, quoi qu’en pense Biden.
Est-ce que la guerre froide sino-américaine se terminera peu de temps après son début ?
De nombreux membres du cabinet de Biden et du personnel de la Maison-Blanche sont des fonctionnaires de l’ère d’Obama. Ces « ‘câlineurs’ de panda » ont créé ce qu’on appelle la « période de lune de miel » avec Pékin, qui a mené à la montée en puissance du Parti communiste chinois (PCC). Les « ‘câlineurs’ de panda » n’admettraient certainement pas leurs erreurs. Naturellement, ils veulent mettre fin aux tensions avec la Chine et revenir à une ère de « dialogue et de coopération ». C’est exactement ce que veut le PCC.
Les fonctionnaires et les universitaires occidentaux qui « câlinent le panda » partagent un trait commun : ils n’aiment pas et ne comprennent pas les raisons des guerres froides. À l’époque, ils ne comprenaient pas la stratégie et les objectifs de l’Union soviétique et ils ne veulent pas à en savoir plus. En outre, la plupart d’entre eux n’ont pas de formation militaire et ne savent donc pas comment gérer les situations conflictuelles entre la Chine et l’Occident.
Certains parmi eux souhaitent que tout conflit prenne fin, afin de ne pas avoir à y faire face. Le 14 janvier, le Diplomate a publié un article intitulé « The U.S. Strategic Framework for the Indo-Pacific : 3 Curiosités » (Le cadre stratégique américain pour l’Indo-Pacifique : 3 curiosités). L’article critique le cadre stratégique développé par l’administration Trump, disant qu’il a ignoré l’importance de la… Mongolie dans cette région. Puis, le 1er février, le New York Times a publié un article d’opinion « Biden’s Nightmare May Be China » (La Chine pourrait être le cauchemar de Biden). Son auteur affirme que « les États-Unis seraient très probablement entraînés dans une confrontation avec une autre puissance nucléaire – une confrontation peut-être la plus dangereuse depuis la crise des missiles de Cuba », et que « les critiques reflètent le durcissement de la politique [américaine] envers Pékin qui laisse peu de place à la diplomatie. Cela me rend nerveux ».
En raison des erreurs de la politique chinoise de l’administration Obama et de celles qui l’ont précédée, les États-Unis ne sont pas préparés à une telle confrontation. Il n’y avait qu’un seul rapport sur l’état de leur préparation militaire – celui qui a été publié en 2016 par la RAND Corporation. Ce rapport, intitulé « War with China: Thinking Through the Unthinkable » (Guerre avec la Chine : imaginer l’inimaginable) a souligné que, parmi les études sur l’état de préparation d’Amérique en cas de guerre avec la Chine, aucune ne présentait une analyse détaillée et sérieuse. C’est une énorme omission et cette situation persiste toujours.
Est-ce que la situation tendue entre les États-Unis et la Chine se détendra un peu avec Biden comme président ? Le monde entier se pose cette question. Que feront les « ‘câlineurs’ de panda » lorsque le « panda » du PCC les approchera avec un couteau aiguisé à la main ? Est-ce qu’ils continueront à câliner ce panda ? Le fait est qu’ils seront obligés de faire face à la réalité, à voir que le « panda » est en réalité un « dragon rouge » qui a été nourri par les États-Unis et autres pays occidentaux.
Le PCC cherche à établir de nouvelles relations
Depuis l’arrivée de Biden au pouvoir, le PCC a souhaité qu’il effectue des changements dans trois domaines. Le premier est la suppression des droits de douane, afin que la Chine puisse continuer à exporter massivement ses produits vers les États-Unis. Le deuxième est la suppression des interdictions d’investissement à l’encontre des entreprises chinoises, afin qu’elles puissent continuer à lever des fonds en Amérique. Le troisième, la suppression des restrictions à la vente de technologies sensibles d’origine américaine en Chine, afin que le PCC puisse continuer à s’approprier de la propriété intellectuelle.
Cependant, à part de retarder l’introduction de certaines restrictions sur les entreprises liées à l’armée chinoise, Biden a suivi en général la politique de Trump.
Avant même que Biden n’entre à la Maison-Blanche, en décembre 2020, Pékin a ordonné à Cui Tiankai, ambassadeur de Chine aux États-Unis, d’organiser une série de réunions très médiatisées entre des responsables américains et Yang Jiechi, diplomate chinois de haut rang. En fin de compte, l’État-parti voulait organiser une rencontre entre Joe Biden et le dirigeant chinois Xi Jinping.
En outre, le PCC a envoyé toute une série de messages forts par le biais des discours officiels et de ses porte-paroles médiatiques.
Le 26 janvier, l’ancien vice-premier ministre chinois Zeng Peiyan a annoncé à Hong Kong, lors d’un forum sur les relations sino-américaines, qu’un nouveau cycle de négociations commerciales devrait commencer et que les droits de douane américains devraient être supprimés. Le 28 janvier, Le Yucheng, vice-ministre chinois des Affaires étrangères, a déclaré qu’il était « impératif » pour les États-Unis de « renverser la mauvaise voie » prise par leur politique envers la Chine. Le 29 janvier, le vice-président chinois Wang Qishan a lancé un appel à une plus grande coopération et à l’apaisement d’affrontements lors d’une vidéoconférence avec des chefs d’entreprise et d’anciens fonctionnaires américains. Le 2 février, le discours de Yang Jiechi lors d’un événement au Comité national sur les relations sino-américaines a clairement indiqué que Pékin voulait diriger la politique de l’administration Biden à l’égard de la Chine.
Yang Jiechi a insisté sur le fait que l’administration Trump avait adopté des politiques malavisées envers la Chine et que les États-Unis devraient donc travailler actuellement sur quatre choses : 1. Corriger toutes les « erreurs » commises par l’administration Trump ; 2. Reprendre les échanges normaux d’étudiants et supprimer les restrictions imposées aux médias et aux entreprises d’État chinois ; 3. S’en tenir à la politique d’une seule Chine (dont Taïwan fait partie) ; 4. Entamer une coopération dans l’intérêt mutuel.
La forte rhétorique de Pékin a tracé une ligne rouge pour la politique de Biden à l’égard de la Chine. Les trois premières demandes constituaient des exigences sans équivoque. La quatrième demande concernait la « coopération » – un mot très important pour Pékin – Yang Jiechi l’a utilisé 24 fois dans son discours. Tout son discours était arrogant et exigeant. Il a même réprimandé les États-Unis et les a avertis de ne pas parler à Pékin de la question de la sécurité nationale américaine.
La confrontation militaire se poursuit dans l’océan Pacifique
Jusqu’à présent, l’administration Biden s’est montrée assez indifférente face aux pressions du PCC. Sa principale préoccupation est la région indo-pacifique.
Ces dernières semaines, le régime chinois a intensifié ses manœuvres et provocations militaires dans cette région. En réponse, le 23 janvier, le groupe aéronaval du porte-avions américain Theodore Roosevelt est entré dans la mer de Chine méridionale.
En même temps, en renforçant sa pression militaire sur les États-Unis, la marine chinoise a fait avancer dans le Pacifique ses sous-marins nucléaires stratégiques, dont la base principale se trouve à Yulin Habor, près de la ville de Sanya, sur l’île de Hainan.
Le régime chinois essaye non seulement de faire passer ses sous-marins par le canal de Bashi (au sud-ouest de Taïwan – la route d’eau profonde la plus courte vers l’Amérique), mais aussi d’effectuer la cartographie sous-marine dans la mer de Laut Jawa en Indonésie. L’objectif est d’ouvrir la « route du sud » pour ses sous-marins nucléaires, afin qu’ils puissent se diriger de la mer de Laut Jawa vers le milieu du Pacifique en passant par le nord de l’Australie.
Face à la contrainte verbale du PCC et à ses provocations militaires, l’administration Biden n’a pas d’autre choix que de suivre des politiques semblables à celle de l’ère de Trump, du moins pour l’instant.
Cheng Xiaonong, un expert de la politique et de l’économie chinoise, est basé dans le New Jersey. Il a été analyste politique et assistant de Zhao Ziyang, l’ancien chef du Parti communiste chinois, lorsque Zhao Ziyang était Premier ministre de la Chine. Cheng Xiaonong a également travaillé comme rédacteur en chef de la revue Modern China Studies.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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