Des députés ont interpellé Bruno Retailleau pour dénoncer la « baisse des crédits liés à la lutte contre l’immigration irrégulière », que le ministère de l’Intérieur compte combler grâce à différentes économies, notamment sur les demandes d’asile.
Les autorisations d’engagement, la limite supérieure des dépenses pouvant être financées par l’État, consacrées à la lutte contre l’immigration irrégulière vont passer de 300 millions d’euros en 2024 à 173 millions en 2025, selon des documents de Bercy.
Plus de 40% de baisse des autorisations d’engagement
« En tant que députés rapporteurs spéciaux des crédits de la mission “Immigration, asile et intégration” dont vous avez la responsabilité, nous déplorons la baisse des crédits liés à la lutte contre l’immigration irrégulière de plus de 40% en autorisations d’engagement, dans le cadre du projet de loi de finances pour l’année 2025 », écrivent Mathieu Lefèvre et Charles Rodwell dans une lettre datée du 17 octobre, dont l’AFP a obtenu copie vendredi.
Si le groupe parlementaire Ensemble pour la République (ex-Renaissance) dirigé par Gabriel Attal est « particulièrement attaché à la réduction des déficits publics dont le Premier ministre a fait, à juste titre, un objectif prioritaire », les deux auteurs ne comprennent pas « cette baisse massive de crédits, qui contraste avec la stabilité ou la hausse d’autres lignes de crédits de la mission ».
La baisse « ne permettra ni de tenir la trajectoire d’augmentation de la capacité des centres de rétention administrative à 3000 places d’ici à l’année 2027, ni de prolonger la durée de rétention maximale pour les étrangers les plus dangereux », que M. Retailleau appelle pourtant « de (ses) vœux », soulignent-ils en lui demandant une « réunion de travail ».
« Ce décalage permanent entre les discours et les actes sème la confusion et nourrit le doute sur la volonté de mettre fin à des années de laxisme migratoire. Il va falloir que le Gouvernement mette son budget en adéquation avec ses discours », a déclaré Marine Le Pen sur X.
Au moment où le Premier ministre est à la frontière franco-italienne pour évoquer la lutte contre l’immigration clandestine, on apprend que les crédits alloués à ce domaine vont passer de 300 millions d’euros en 2024 à 173 millions en 2025. Ce décalage permanent entre les…
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) October 18, 2024
Le président du groupe Union des droites pour la République (UDR) Éric Ciotti, allié du Rassemblement national, s’est lui aussi insurgé dans un courrier rendu public vendredi d’une « baisse considérable des crédits liés à la lutte contre l’immigration irrégulière », demandant solennellement au Premier ministre Michel Barnier et à M. Retailleau de « rétablir l’intégralité du budget dédié ».
Différentes pistes d’économies
Les crédits de la mission devraient baisser de « 103 millions d’euros » par rapport à 2024, a reconnu vendredi l’entourage du ministre de l’Intérieur à l’AFP ajoutant que des « discussions sont en cours » avec Matignon.
Sans attendre, l’entourage de M. Retailleau a indiqué qu’il comptait sur différentes pistes d’économies notamment sur les demandes d’asile. Il prévoit notamment d’accélérer les réponses aux demandeurs grâce au recrutement de 29 personnes supplémentaires à l’Ofpra, chargé d’examiner les dossiers. En attendant une réponse, les exilés perçoivent en effet une allocation (635 euros pour une personne seule).
Il est également prévu « d’optimiser » les places en hébergement d’urgence en réduisant les places occupées « indûment » par les déboutés du droit d’asile afin d’augmenter le taux de disponibilité dans ces hébergements, a ajouté la même source.
Le ministère compte également sur une diminution des bénéficiaires ukrainiens de protection temporaire. Ils étaient quelque 96.000 en août 2022 et devraient être « 39.000 fin 2025 », estime l’entourage du ministre.
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