Après le succès de Y Olé et Don Quichotte du Trocadéro, José Montalvo revient au théâtre de Chaillot avec le personnage mythique de Carmen. Cette fois-ci la fameuse « femme fatale » prend un visage multiple.
La prémisse est que chaque femme, quelles que soient ses origines – espagnoles, françaises, américaines ou coréennes – abrite une « Carmencita » dans son âme.
Pour José Montalvo et ses danseurs, Carmen est avant tout un triple symbole de liberté : liberté du corps, liberté de l’esprit, liberté de la femme. Carmen est également une nomade sans pays, sans racines, immigrée, réfugiée. C ‘est le symbole du métissage, car Prospère Mérimée en créant sa Carmen n’a jamais franchi les frontières de la France. Carmen est donc le fruit du regard d’un Français sur les gitans appelés aujourd’hui les « gens du voyage », originaires d’Inde et venant d’Espagne.
Pour créer ses Carmens, José Montalvo puise dans ses racines espagnoles. Le chorégraphe mélange flamenco, pointes classiques, hip-hop et même danse traditionnelle coréenne. Bref, le chorégraphe signe là encore une création « métissée ».
S’il a choisi de traiter le personnage de Carmen, c’est qu’à ses yeux, Carmen est un appel à la tolérance, à l’acceptation de l’autre, à la compassion. De nos jours quand le repli sur soi est de plus en plus courant, José Montalvo trouve urgent de nous rappeler ces valeurs de bienveillance et de tolérance.
La photo d’une petite fille africaine sert de décors pour la première scène, bientôt elle se transformera en neuf femmes assises cachant leur nudité derrière une chevelure sensuelle, rousse, brune, blonde. Neuf femmes d’origines différentes fixent les spectateurs d’un regard franc.
L’image est forte et prometteuse et ainsi sont ses danseuses de flamenco tapant le sol avec force.
Face à elles, des danseuses légères sur leurs pointes semblent par moments flotter dans les airs, alors que deux autres danseuses se déplacent avec la finesse et la douceur des femmes asiatiques. Puissance et grâce sont au rendez-vous pour nous persuader que Carmen peut contenir les deux.
À travers ce beau métissage dansé, Montalvo traite de l’actualité avec humour : l’une des danseuses se saisit d’un sifflet et se met à donner des ordres aux danseurs hommes. « Todods en traje de baño », crie-t-elle, (« tous en maillot de bain ») et elle les fait courir en rond sur scène.
Un danseur de hip hop traduit en français les propos de la danseuse espagnole, un beau moment de partage rappelant l’universalité du personnage de Carmen.
Cependant, à trop vouloir embrasser on étreint mal. Notre puissante Carmen glisse vers une certaine vulgarité, parfois irritante. La bataille entre les camps de la Carmen et de Micaela rappelle plus une reconstitution du film West Side Story que la scène de la Tabacalera. Et les images des refugiées enroulées dans des couvertures semblent un peu imposées à l’histoire.
Cependant, Carmen(s) de José Montalvo reste un moment pétillant et coloré qui appelle à la réflexion.
Info pratique :
Théâtre National de Chaillot
Jusqu’au 23 février
Dates de tournée :
16 et 17 mars : Le Grand Théâtre, Aix-en-Provence
21 – 24 mars : Théâtre de Caen, Caen
10 avril : Théâtre des Sablons, Neuilly
3 – 6 mai : Scène nationale des Gémeaux, Sceaux
29 et 30 juin : Grands Théâtres du Luxembourg, Luxembourg
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